Qu'avez-vous pensé de cette observation du cinéaste-essayiste Jacques Godbout, interviewé dans L'Actualité du 1er septembre 2006?
«La langue française est menacée [à cause de l'immigration]. Ce n'est plus une immigration d'individus comme dans les années 1970: ce sont des tribus qui immigrent, avec leurs costumes, leurs coutumes, leur religion et leur télévision. Ils ne s'intègrent pas. Ils sont entre eux.»
Bien sûr qu’il y a des individus qui vont venir s’installer à Montréal, rester en cercle fermé, fréquenter des commerces où on parle leur langue, regarder la télé de leur pays par satellite. Mais combien sont-ils ? Certainement bien moins nombreux que les étrangers qui ont un réel désir de s’intégrer. Je connais bien des immigrés, roumains, chinois, d’origine arabe entre autres, qui s’expriment souvent mieux que nombre de Québécois…
La menace pour la langue vient bien davantage d’un relâchement manifeste de la jeunesse québécoise. Il faut les lire sur leurs blogues, usant et abusant de termes anglais parce que c’est « hot ». Les entendre aussi dans la rue. Monsieur Godbout me semble généraliser. Et voir dans ses propos une touche de racisme ne serait pas condamnable.
*Scénario fictif*
Et si nous, Québécois, vivions dans un pays où les droits de l’homme étaient bafoués, où la guerre risquait d’éclater à tout instant, où notre situation économique était précaire et qu’on nous faisait reluire l’idée d’immigrer dans un pays tolérant, ouvert et prospère? Mais qu’arrivés à destination, la réalité était beaucoup moins rose? Peut-être que nous aussi, on formerait des ghettos et qu’on resterait entre nous. Probablement qu’on ne s’intégrerait pas non plus. Qu’on adopterait pas les coutumes des autres. C’est nécessaire parfois d’inverser les rôles pour comprendre notre vis-à-vis.
Je trouve que le commentaire de M.Godbout est assez arrêté voire borné. Par contre, il est vrai que la langue française est menacée, mais n’oublions pas que c’est souvent la deuxième génération d’immigrants qui parvient à l’assimiler complètement. Il faut donc espérer..
…nous sommes en proie de devenir minoritaires dans notre propre basse-cour!
Le maintien de la langue passe en grande partie par la culture et les artistes du Québec – du 1er au 7e art – sur ce plan excellent déjà. Or la situation actuelle est préoccupante dans la mesure où le nombres de personnes qui déclarent le français comme étant leur langue maternelle diminue d’années en années.
Continuons d’encourager les artistes locaux qui s’expriment en français et surtout léguons ce goût et ce talent à la génération qui nous suit déjà.
(Amen)
Le choix du mot « tribu » me semble particulièrement grossier. Quel dommage que Godbout, si talentueux, en soit réduit à cette persona de provocateur…
Serait-ce un accès de culpabilité d’avoir lui-même tant écrit contre le projet nationaliste québécois?
Mais qui donc parle si mal français? Qui s’expriment de la mauvaise manière dans les journaux et à la radio?
Il ne faut pas rejeter la cause du relâchement grammaticale sur les immigrants, les journalistes québécois sont souvent les premiers à faire de graves fautes de français dans leurs articles, les étudiants à l’université ont souvent passé de justesse les tests de français. Que cette génération-là ne soit pas à niveau en français n’est pas dû à l’immigration, c’est un problème d’éducation et de maintien de la langue.