Un courriel de Sandrine Ricci à propos d'American Apparel:
J'ai écrit un article pour dénoncer les publicités sexistes d'American Apparel et leur publication dans le Montréal Campus.
Elle y parle de Dov Charney, boss d'American Apparel…
Incidemment, cet homme d'affaire si charismatique est actuellement poursuivi pour harcèlement sexuel par plusieurs anciennes employées. Au gré des nombreuses entrevues qu'il accorde aux médias du monde entier, ce misogyne mercantile se présente comme un hédoniste qui reflèterait les moeurs évoluées et l'ouverture d'esprit de sa (jeune) clientèle. Il se vante d'entretenir des relations sexuelles avec ses collègues dont certaines évoquent des conditions d'embauche placées sous le sceau de la sexualité, dans des boutiques décorées de photos suggestives. Le lubrique patron s'est même masturbé devant une journaliste du magazine américain Jane pour démontrer son ouverture d'esprit et son côté rebelle !
Incroyable! En ce moment, critiques multiples fusent de toutes parts contre American Apparel. Les gens se réveillent subitement d’un long sommeil léthargique et découvrent que lle sexe est partout! J’ai déjà émis mon opinion sur autre blogue. Je retranscris.
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Oui, les photographies d’American Apparel représentent des femmes prenant des poses très suggestives. Sexisme? Non. Je crois qu’il faut nuancer. Plusieurs mannequins masculins font partie de cette campagne publicitaire. Dov Charney, patron de l’entreprise, a lui-même posé nu-fesses, l’instant d’une photographie.
Ces photographies surprennent, certes. L’éclairage glauque (très film porno low budget) y est sûrement pour quelque chose, les filles à quatre pattes, aussi. Mais ce que je vois surtout dans ce choix publicitaire, c’est un désir de provoquer. De regarder le client droit dans les yeux et de lui dire : le sexe vend? Bien, en v’là. J’espère que tu vas être content.
Je suis lassée de l’hypocrisie publicitaire qui nous vend du sexe caché sous une centaine de couches rose nanane pseudo-romantiques. Sous cet angle, les pubs de Guess me choquent encore plus. La compagnie American Apparel, à mes yeux, échappe à ce kitsch insidieux, puisqu’elle présente la vérité sous sa forme la plus dérangeante. Une forme qui remet en question notre esprit critique.
L’article relatant les fresques sexuelles de Dov Charney date du mois de septembre 2005. Depuis, les plaintes d’harcèlement émises contre lui ont été jugées bidons et ont été retirées.
Le vrai scandale, selon moi, se trouve ailleurs : vendre des t-shirts de piètre qualité 30 $ et qui se déforment après trois lavages, très peu pour moi. C’est là-dessus qu’on devrait protester.
Il ne faudrait pas croire que tout ce qui évoque le sexe est nécessairement sexiste.
Là où se situe la nuance, c’est entre la femme soumise/objet sexuel et la femme assumant pleinement sa sexualité et le potentiel érotisant de son corps.
Difficile de définir la limite ? Certes ! Je vous l’accorde ! Mais une fois encore, l’équilibre est au milieu : entre l’obscenité et la pudibonderie.
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Dernièrement, j’ai appris qu’un homme que je connaissais depuis très longtemps était pédophile.Or, cette homme était le premier à donner des leçons de morale à tout le monde et à s’offusquer de ce que les jeunes s’embrassent en public.
Hypocrisie, vous dites ?
En tous cas, une telle nouvelle désillusionne obligatoirement et remet en perspective bien des choses…
Quand je parlais d’équilibre et de juste milieu… Vous fournissez justement un excellent exemple de ce que c’est que d’être excessif.
Un peu de subtilité dans vos analyses ne vous ferait pas de tort, très cher !
Je n’ai jamais été choquée par les publicités d’American Apparel. Elles ne me plaisent pas particulièrement, mais l’alarme Attention Sexe! ne m’a jamais sonné en les voyant.
Faut pas oublier non plus qu’American Apparel est un des rares (avec Moutain Equipment et Le Château) qui fabrique ses vêtements chez lui, dans leur manufacture à Los Angeles.
Certainement, ça ne justifie pas qu’un t-shirt ordinaire coûte 30$, mais certains articles sont de très bonnes qualités et en vale la peine.
Suffit de garder son sens critique et les yeux ouverts!