Un dossier intéressant du magazine The Economist sur la débandade des quotidiens imprimés à travers le monde.
J'y retiens cet extrait:
Consultant advising newspaper groups argue that they need to adjust their output. Research into the tastes of mainstream newspaper readers has long shown that people like short stories and news that is relevant to them: local reporting, sports, entertainment, weather and traffic. […] Long pieces about foreign affairs are low on readers' priorities. […] People want their paper to tell them how to get richer, and what they might do in the evening. […] "They usually want more of our supplements on cooking and houses and less of Hizbullah and earthquakes".
Les journaux vivent des temps difficiles. Et il leur faudra de plus en plus s'adapter aux goûts des lecteurs pour survivre. Donc, si on se fie aux études, le journal de demain aura de courts articles sur des sujets locaux, des suggestions de sorties, des chroniques cuisine et déco.
Selon The Economist, c'est le genre de tangente que devrait suivre les quotidiens qui souhaitent survivre, malgré la concurrence féroce d'Internet.
L'avenir du journalisme serait donc aux nouvelles courtes, pas compliquées, portant sur les moyens d'économiser les bouts de chandelles, sur l'accident de la rue Panet, sur la pluie et le beau temps, sur les façons d'apprêter un magret de canard ou sur la game d'hier.
J'en prends bonne note. C'est ce que les gens veulent lire.
Sérieusement. C'est vraiment pour ça que je suis devenu journaliste? En tout cas, ce n'est pas ce qu'il y avait dans la brochure…
Personnellement, ce n’est pas ce que j’ai envie de lire. S’il y en a d’autres, manifestons-nous !
Je ne vois rien de nouveau dans ce constat. C’est, dit d’une autre façon, la théorie des 3 S (sexe, sang et sport) mise en pratique par les journaux de Québécor.
J’espère que des journaux plus sérieux avec un public plus limité pourront continuer de fonctionner dans l’avenir, comme Le Devoir, de même que de grands journaux généralistes qui abordent tous les sujets (les 3 S plus les sujets plus sérieux), comme La Presse.
Il ne faut pas lever le nez quand même sur les nouvelles locales, les faits divers, le sport et tout ce qui constitue la vie quotidienne. Mais l’idéal, c’est que ce ne soit pas que cela qui constitue le contenu des journaux.
Si les journaux devaient devenir ce que vous dites pour s’adapter aux désirs d’une certaine clientèle, ils signeront la mort du journal imprimé. Penser que le lectorat en général veut d’une presse qui ne ressemble qu’au Journal de Montréal ou aux magazines à potins, c’est prendre le peuple pour une bande de crétins inconscients.
Les journaux et magazines imprimés, payants, font face à la rude concurrence d’Internet où bien des informations pertinentes se trouvent à un clic de souris. C’est donc en rehaussant la qualité de son contenu que la presse imprimée pourra survivre, certainement pas en faisant le contraire |
Si la théorie avancée par the Economist est fondée, comment expliquer le succès de Wikipedia, qui, avec des articles très détaillés, reçoit bien plus de visiteurs que canoe?
Oui, il y a une demande pour les potins, mais c’est faire preuve d’un mépris sans bornes de penser que le peuple ne peut s’intéresser a rien d’autre.
Même si j’aime bien les petites nouvelles courtes, je crois que la disparition des grands articles d’enquête serait une perte énorme pour notre société. Ils constituent des références importantes et le journalisme d’enquête a montré plusieurs fois son utilité pour changer les choses.
En fait, ne serait-ce pas possible que les gens soient servis ce que les grands journaux PENSENT qu’ils veulent ? Un peu comme les radios commerciales qui ne passent que les 10 mêmes chansons parce qu’ils PENSENT que le « petit peuple » n’appréciera pas d’autre chose?
De grands articles d’enquête, long, étoffés, mais écrit de belle façon sans monotonie, ça existe, et ça intéresse beaucoup de gens.