Cheapo.
Je n'ai pas trouvé de meilleur terme pour qualifier ce que j'ai lu dans le journal ce matin. Un truc qui ressemble à rien, mais qui en dit beaucoup sur le ridicule de nos grands quotidiens. Cheapo.
Mise en contexte. Hier, le journaliste Hugo Dumas de La Presse sort le scoop de l'année: Véro n'animera pas le gala de l'ADISQ, en fin de compte. Soudain, pendant un instant, la planète a cessé de tourner.
Bon, Hugo a appris la nouvelle avant tout le monde. Bravo Hugo.
Ce matin, dans le Journal de Montréal, le rival d'Hugo, Dany Bouchard, reprend la même histoire. Toutefois, furax de ne point avoir sorti le scoop avant Hugo, il broie du noir. Et plutôt que d'avouer candidement que le concurrent a obtenu la primeur sur Véro avant son journal, il pond ce stupide paragraphe:
Claironnée hier par un autre quotidien (dont la division télé signe deux des trois plus importantes émissions de variétés à Radio-Canada), la nouvelle n'a eu d'autre choix que d'être confirmée par les parties concernées en milieu d'après-midi.
Cheapo.
Dany aurait pu tout simplement dire que "l'autre quotidien" était en réalité La Presse. Et que La Presse a eu le scoop. Non, il a préféré laisser entendre que parce que "la division télé" (La Presse télé) de "l'autre quotidien" (La Presse) signait "deux des trois plus importantes émissions de variétés à Radio-Canada (diffuseur de l'ADISQ)", c'était la raison pour laquelle La Presse avait eu vent du fameux scoop avant tout le monde (et le Journal de Montréal en particulier).
De n'importe qui, le commentaire aurait passé, mais pas du Journal de Montréal. Car, n'en doutez pas une seule seconde, TVA garde tous ses gros scoops tout chauds pour le Journal de Montréal. C'est un fait connu que tout journaliste qui couvre les médias a l'occasion de mesurer chaque jour…
Alors, que la grosse feuille de chou de Péladeau s'offusque parce que Radio-Canada/Gesca joue à la chasse gardée… Laissez-moi rire!
Les guéguerres corporatistes entre nos deux grands quotidiens sont d'une infantilité qui frise la prématernelle.
Orgueuil journalistique à vomir… peut importe qui travaille pour qui, cette jalousie est injustifiable dans un texte journalistique supposément « objectif » ayant pour but de diffuser une nouvelle / un fait, aussi banal soit-il.
J’emprofite pour saluer votre travail M. Proulx, vous avez somme toute beaucoup de rigueur et une pertinence indiscutable… je continuerai de lire votre blogue « religieusement ».
Alexandre Laurin
Étudiant en communication
La Presse désigne le Journal de Mourial sous le vocable « un autre quotidien montréalais », et a toujours fait ainsi. Le JdeM fait pareil; il semble que ce soit dans l’ordre des choses de ne pas nommer la concurrence. Anyway, le monde est pas épais, on sait très bien de qui on parle.
Pour la cheapness de Dany, en effet, c’est pas fort. À part « cheapo », le terme « bébé lala » ou « immature » me viennent également en tête. C’est jeune en maudit.
Une petite recherche dans le logiciel Actualités Québec m’a permis de voir que La Presse a écrit 69 fois Journal de Montréal dans ses textes au cours des six derniers mois, mais une seule fois « autre quotidien », et c’était pour parler d’un journal de Toronto.
Pire encore, pourquoi les postes de télé le matin disent: « On apprend dans un quotidien montréalais… » Pourquoi ne pas le nommer s’ils ne peuvent pas confirmer l’info eux-mêmes? C’est pas dur à dire. Allez, tous ensemble: LE DE-VOIR, LA PRESSE, LA GA-ZETTE, LE JOUR-NAL DE MONT-RÉ-AL. Pas trop de syllabes pour nos lecteurs.
Criez-le pas trop fort… les gens de Pluton risquent nous enlever le statut de planète porteuse de vie intelligente! 🙂