En fouillant les archives, comme je le fais trop souvent, je suis tombé sur cette citation du chroniqueur de La Presse (et auteur de séries à succès) Réjean Tremblay…
Elle date de 1992, mais vieillit très, très bien…
On [les journalistes] ne sort plus les vraies histoires parce qu'elles dérangent les journalistes dans leur confort moral et psychologique. Parce qu'elles nous rendent moins populaires. Parce que c'est plus gratifiant d'être ami avec le boss de l'organisation, de voyager en première classe et d'être traité aux petits oignons que de se retrouver dans le fond de la cale à essayer de grapiller des billets de saison. C'est ça le journalisme aujourd'hui. D'un côté, il y a les patrons des entreprises de presse qui ont toutes sortes d'intérêts financiers en jeu, dont les amis sont ministres ou premiers ministres, dont les filles ou les fils sont mariés à des filles ou fils de ministres. De l'autre, il y a les journalistes syndiqués et leur syndicalisme fatigué, des journalistes qui gardent un semblant de passion en pensant à leur fond de pension et puis finalement, il a quelques jeunes, quelques ti-culs qui veulent, qui y croient et qui réussissent pendant quelques années. C'est ça la situation. Disons que c'est inquiétant.
J'ose espérer faire, encore, partie des ti-culs…
Le monde a toujours fonctionné un peu comme ça. Ceci est valable pour beaucoup d’autres domaines, la médecine, la justice etc… L’influence semble être très grande à suivre ce troupeau de Salauporc. L’amour de l’argent l’emporte trop souvent sur le courage des convictions compte tenu du traitement qui t’es réservé sur tu tiens mordicus à rester un ti-cul.
J’espère donc ne pas vous perdre de vue. L’enjeux en vaut la chandelle car l’héritage à léguer en sera un fierté.
Je trouve assez juste les propos de Réjean Tremblay.
Tellement, que je me demande dans quelle catégorie Réjean Tremblay se classerait lui-même…
Je crois que Réjean Tremblay parle surtout des journalistes dans le monde du sport, en particulier de ceux qui suivent une équipe comme le Canadien.
Imaginez leur sort s’ils critiquent ouvertement l’organisation ou un joueur. Ils doivent ensuite côtoyer quotidiennement les membres de l’équipe, et ce, la moitié du temps à l’extérieur de la ville, soit dans l’avion, à l’hôtel, etc. Comment peuvent-ils faire leur travail s’ils sont boycottés ou même menacés plus ou moins subtilement ?
Je trouve qu’il s’agit d’un cas à part. Un journaliste qui critique un politicien ou un artiste n’a pas à le revoir constamment avec l’ensemble de son équipe dans les vestiaires ou sur la route.
En ce sens, je trouve qu’un journaliste qui suit une équipe et qui dit vraiment tout ce qu’il pense fait preuve de courage, et même de témérité.
Le sport est peut-être notre seule politique…, un ersatz oû donner notre 110%, gênés aux entournures qu’on est dans le champ social.
Si les journalistes ne se démarquent pas plus des personnages qu’ils « couvrent », c’est peut-être faute d’une polarisation politique assumée, tant dans la société que dans les médias.
Faute de ne s’être pas encore répartie sur le spectre politique avec des partis de gauche et (sigh…) de droite ayant leurs adpetes et leurs médias mais surtout des lieux où débattre et orienter les choix sociaux, en assumant des différences réelles, les journalistes visent le centre et prétendent parler à partir du centre, pour des lecteurs et lectrices qui se croient centristes, inconcients ou fiers de « ne pas avoir d’opinions politiques ». Les voilà, vos vraies « matantes » et elles sont des deux sexes.
Seule exception: le thème de l’indépendance du Québec (que les journalistes des médias canadiens n’ont pas le droit d’aborder).
Alors faute de véritables médias engagés ailleurs que dans la marge, « nos » journalistes déguisent leurs opinions en effets de style, exploitent des anecdotes, choisissent les journaux étrangers qu’ils citent… Esbroufe.
Ou bien ils et elles jouent la carte de l’humanisme, diabolisent des Autres ou se construisent une persona de provocateur ou de défenseur des vraies valeurs ou de pourfendeur des kétaines, postures superficielles, toujours.
It’s only show bizness.