BloguesAngle mort

L’enflure, toujours l’enflure

J'ai attendu avant de dire quoi que ce soit sur la fusillade du collège Dawson. Attendu jusqu'à ce que quelqu'un dise précisément ce que je pense de cette histoire. Le psychiatre Marc-Alain Wolf le fait, dans une lettre publiée dans La Presse. À lire…

En amplifiant démesurément l'impact d'un fait divers comme la fusillade du collège Dawson, notre société transforme le crime d'un jeune homme dérangé en un drame collectif.

Je suis frappé également par le traitement d'un événement médiatique comme celui du collège Dawson. Un spécialiste des médias se félicitait par exemple que, contrairement à la tuerie de Polytechnique, le public n'avait pas été tenu à l'écart de l'action, qu'il avait pu assister, presqu'en direct, au drame, qu'il avait pu voir, de ses yeux voir, la panique de la foule, l'émotion des jeunes étudiants, leurs cris et leurs pleurs. Je me méfie de cet engouement pour le "voir" et, plus encore, de ce culte médiatique et hystérique rendu à ce type d'événement. L'image est souvent trompeuse et elle déclenche davantage des réactions émotionnelles que des réactions rationnelles.

En amplifiant démesurément l'impact d'un tel fait divers, notre société transforme le crime d'un jeune homme dérangé en un drame collectif qui va profondément marquer les consciences et les imaginations. Si nous continuons de construire autour de ces événements le prototype de la tragédie moderne, je crains que l'effet d'émulation et de contagion propre à ces crimes spectaculaires (et surtout è leur traitement médiatique) ne vienne submerger et rendre vains les appels à la raison, à la prévention et à tous les contrôles constitutionnels possibles (psychiatriques, policiers et judiciaires notamment).

En passant, selon Influence Communication, la fusillade a reçu plus de couverture médiatique que le tsunami en Asie, le déclenchement de la guerre en Irak et l'ouragan Katrina.