Excellent texte de Marc Cassivi dans La Presse, sur l'utilité des critiques…
Je n'ai rien contre Prochaine sortie, [nouvelle émission culturelle à Radio-Canada] mais j'en ai contre la philosophie qui sous-tend sa création. L'émission est l'incarnation actuelle de l'approche de la télévision québécoise vis-à-vis de la culture: une approche consensuelle et complaisante. Prochaine sortie, je le répète, est le seul magazine culturel à l'antenne de Radio-Canada. S'il ne l'était pas, il n'y aurait pas de problème. Or, dans cet unique magazine, on ne trouve pas l'ombre d'une critique.
La critique, n'en déplaise à certains artistes et diffuseurs, reste essentiel au développement de l'art. Elle permet aux créateurs, s'ils savent y voir clair, de grandir. Fuir la critique, c'est se complaire dans la médiocrité. C'est le danger qui guette Radio-Canada. Entre les séances d'autocongratulations d'artistes de Tout le monde en parle et un magazine culturel qui considère la critique comme tabou, c'est le téléspectateur qui y perd au change.
J'ajouterais qu'une culture sans critiques est une culture à sens unique. De l'artiste au public, on cashe la subvention et "merci, bonsoir".
Une oeuvre, quelle qu'elle soit, est avant tout un message. Normal qu'on y réponde.
Une oeuvre est aussi une proposition. Normal qu'on l'accepte ou qu'on la refuse.
Un critique est quelqu'un à qui l'on reconnaît une certaine compétence envers un art donné, et qu'un média délègue pour répondre, accepter ou refuser une oeuvre donnée.
Ainsi, pour qu'une oeuvre soit une proposition ou un message suscitant un débat public, les "ratés sympathiques" font oeuvre utile.
Quel est vraiment l’utilité du critique actuellement ?? Et qui rejoint-il ?
Des oeuvres magnifiques encensées par la critique seront boudés par le public. Et vice versa.
Le bon peuple glane les opinions ici et la, n’en demeure pas moins qu’en bout de ligne, il s’en remettra à son propre jugement. Pour le meilleur ou pour le pire.
Au mieux quelques informations pertinentes viendront données une idées, mais la critique elle-même n’est valide qui si les critères du critique sont compatibles avec celle de ses lecteurs.