Une réplique songée tirée du film de Robert Lepage, La face cachée de la Lune
Alors voici le salon […] À l'époque c'est la pièce [où généralement les familles] se réunissaient autour du foyer et se racontait des histoires. Ils se racontaient leur journée…
Évidemment, aujourd'hui, c'est la télévision qui a remplacé le foyer.
Donc, c'est la télévision qui raconte des histoires. C'est la télévision qui raconte sa journée…
J’ai parfois l’impression que l’image mythique d’un passé où les « vraies » valeurs règnaient est un des constantes les plus fascinantes de l’histoire occidentale. Déjà en Grèce Antique, les observateurs ne cessaient de déplorer l’irrespect de la jeunesse. Je me méfie de ces réflexions dans le style « c’était bien mieux avant ». La vision idylique de la famille se réunissant autour du foyer après une journée de dur labeur pour avoir une discussion saine me semble tout droit sortie de l’utopie agriculturiste propagée dans la propagande cléricale. À vrai dire, dans le Québec rural du début du siècle, le « salon » était une pièce souvent fermée que l’on utilisait que les jours de fête.
…l’endroit où le père imposait une autorité factice pendant que la mère s’esquintait et tentait de tenir la famille rassemblée jusqu’au dessert, apaisant. La télévision a aujourd’hui remplacé cette dichotomie rituelle par des nouvelles sanglantes dites sur un ton compassé mais rachetées par la bonne nouvelle – le pronostic météo de Jocelyne Blouin, depuis 1978.