Regard de Martin Dufresne sur les magazines féminins…
C'est vrai qu'on insulte un peu beaucoup les femmes en limitant leurs centres d'intérêt à "mode, beauté, santé, déco, famille, vie culturelle et bien évidemment l'univers de la table".
[…]
Est-ce qu'on rentabiliserait un magazine masculin en énumérant ainsi d'autres "champs d'intérêt" stéréotypés: le moteur à combustion interne, l'armement, les maillots de bain de l'autre sexe, la bièere, les viscissitudes du sport organisé, les placements, la danse-contact, les $#*&!% de pensions alimentaires et, bien évidemment, "l'univers de l'informatique"…
Hm… pas sans madames tout nues à toutes les trois pages…
En fait, les magazines à distribution de masse sont définis et limités à l'avance par les intérêts de publicitaires traditionnels. Qui ne financent pas encore, par exemple, un magazine sur Femmes et environnement (www.weimag.com)
et qui couperaient vite les vivres à un magazine féminin qui commencerait à brasser le moindrement la cage — Benoîte Groult (qui a dirigé "F Magazine") nous le rappelait en ville il y a deux semaines.
Quelqu’un a un jour fort bien résumé les réalités journalistiques en affirmant que, tant qu’il n’y aura pas une loi forcant les gens à lire ce qui est bon pour eux, ceux-çi continueront à lire ce qui leur plait.
Ce sont des femmes qui constituent le lectorat de tous ces magazines qui les insultent un peu beaucoup en limitant ainsi leurs centres d’intérêts.
Ces magazines qui les insultent un peu beaucoup sont entièrement conçus et rédigés par des femmes. Et ces magazines qui les insultent un peu beaucoup survivent uniquement grâce aux femmes qui les paient de leur bon argent.
Cela risque d’en faire enrager certains, mais ce sont des femmes qui sont responsables de la disparition de la Vie en rose, uniquement des femmes. Tout comme ce sera uniquement les femmes qui seront à blâmer si la Gazette des femmes vient un jour à disparaître. Et pour la même raison.
Elles voulaient lire autre chose.
« Et ces magazines qui les insultent un peu beaucoup survivent uniquement grâce aux femmes qui les paient de leur bon argent. »
Non, justement.
C’est la grande entreprise qui, par des achats publicitaires ciblés, maintiennent en vie ou condamnent des « véhicules » pour leurs produits.
Les recettes de ventes en kiosque et abonnements combinés ne représentent que le quart des entrées, en moyenne.
Et non, les concepteurs et rédacteurs ne sont pas tous des femmes. Messieurs Proulx et Martineau, par exemple, y signent des textes. Et plus on s’élève dans l’organigramme et la feuille de salaires, plus on voit des hommes.
Quant à l’insulte, si vous avez lu le billet précédent, vous saurez qu’elle n’est pas le fait des magazines en général mais des rédacteurs du « pitch » du magazine Moi et Cie.
Les femmes apprécieront sans doute que « le plus grand misogyne de la planète » se félicite à ce point de « ce qui leur « plaît ». Il y aussi des boss qui défendent avec enthousiasme le « bonheur » et le « droit au travail » des employés-es qu’ils exploitent…
« Les femmes apprécieront sans doute que « le plus grand misogyne de la planète » se félicite à ce point de « ce qui leur « plaît ». Il y aussi des boss qui défendent avec enthousiasme le « bonheur » et le « droit au travail » des employés-es qu’ils exploitent… »
Une autre belle Dufresnerie.
Ce magazine tant attendu qui soufflera un véritable vent de fraîcheur sur le monde des magazines au Québec, n’est-il pas celui qui transcendera les mondes dits « féminin » et « masculin » pour réunir le tout en quelque chose qui pourra commencer à ressembler à l’humain ?
Parce que la déco, la cuisine, la mode, les tendances ne sont plus exclusivement féminines – sinon dans les dictionnaires – pas plus d’ailleurs que les autos, la bière, les ordis n’appartiennent qu’aux hommes.
Et, mesdames, messieurs, soyons sérieuses et sérieux (« politicaly correct » oblige), la pub nous la regardons tous et nous avons le libre choix de nous y intéresser ou non. Toutefois, nous savons tous aussi que, là comme ailleurs, elle s’imposera à nous par choix. Le choix que nous faisons de payer moins cher un produit dont le contenu est à moitié financé par d’autres. Et ce choix, il n’est ni féminin ni masculin mais plutôt pécuniairement humain!
Le magazine est en kiosque.
Il n’y a aucun garde armé pour forcer la vente.
La femme moyenne s’approche et devant tout le choix qui lui est offert, elle fait ses choix.
L’offre et la demande est un principe fondamental. Tant que la merde va se vendre, on va offrir de la merde.
Le paranoiaque verra les complots de multinationales de la mode ou de rédacteurs mysogine ou autres forces maléfiques obscures manipulants le lectorat féminin comme si c’était de simples marionnettes sans libre arbitre par leur campagne médiatique subliminale et autres wachi-wacha…
Et en bout de ligne c’est toujours la même tite-madame qui décidera.
Cessons de déresponsabiliser le consommateur. Ce qu’on lui offre, c’est ce quÀ’il veut. Et si ce qu’il veut c’est de l’insignifiance, le client est servi…
J’ai critiqué M. Dufresne en quelques occasions (2-3) sur ce blogue (et celui de Martineau) alors qu’il avait tendance à verser dans la démagogie, mais je dois admettre que les dernières interventions que j’ai lu de sa part, sont beaucoup plus, eh, pertinentes, oserais-je dire.
Même son alter-ego masculiniste (sic!) Deneria semble plus nuancé. Bravo messieurs, continuez dans la même veine, on a beaucoup plus envie de lire vos interventions quand on n’y retrouve pas d’insultes ou de démagogie, ça nous change des « charognes » et autres « hétéro-sexisme » qu’on a l’habitude de retrouver au-dessus de vos signatures.
*** C’est la grande entreprise qui, par des achats publicitaires ciblés, maintiennent en vie ou condamnent des « véhicules » pour leurs produits. ***
Monsieur Dufresne, les grandes entreprises investissent en pub dans les magazines selon le tirage. Si un magazine n’est pas lu, les entreprises vont aller voir ailleurs.
Dans cette optique, je suis d’accord avec monsieur Deneria. Ce sont les lectrices qui ont abandonné ce magazine qui sont responsables de la disparition de la Vie en rose.
Inutile de mettre ça sur le dos de méchantes entreprises dirigées par des hommes.
Je n’ai jamais traité quiconque de charogne.
J’ai qualifié de charognards ceux qui cherchent à utiliser des tragédies comme celle de Dawson pour véhiculer sans le moindre fondement leur propagande sexiste haineuse.
Mais merci de votre remarque monsieur Vallée. Et merci à toi aussi Marc-André de discerner le simple bon sens du délire démagogique.
http://le-dernier-des-grands-misogynes.blogspot.com
Imaginez un « Hyde Park », une place publique où chacun et chacune peut venir se parler, donner son opinion ou même proposer ses produits maison.
Si n’importe quelle mégaentreprise peut s’amener avec un gros système de son, il est clair qu’elle va détruire tout ce qui n’est pas de son calibre.
Une entreprise de presse qui est en mesure d’aller chercher quelques millions de dollars de pub par numéro va puvoir offrir à vil prix un produit beaucoup plus attirant – même s’il agit souvent d’infomerciaux à peine déguisés – que ce que peut faire une équipe de (véritables) journalistes abordant des sujets d’importance.
J’ai simplement tenu à répondre à la contre-vérité que les revues commerciales « survivent uniquement grâce aux femmes qui les paient de leur bon argent ». Faux: Il y a des magazines qui sont distribués gratuitement tellement la pub suffit à les rentabiliser.
Quand une équipe rédactionnelle décide de refuser certaines pubs particulièrement sexistes ou tient à aborder cetains dossiers délicats, les grandes agences qui contrôlent le marché leur coupent les vivres et les condamnent à mort dans un marché où l’impression coûte de plus en plus cher.
Un bon livre sur cette censure discrètement imposée: Guardians of Power du projet Media Lens: http://www.medialens.org/bookshop/extract_introduction.php
Ce genre de tordage de bras est notamment arrivé à « F Magazine », qui offrait des dossiers fascinants mais a tenté de tenir tête aux « concepteurs » de pub, dont ceux d’une marque de protège-dessous dont l’argument était « Les femmes fuient tout le temps »…
Faute de ce soutien publicitaire, il faut un énorme readership pour tenter de survivre en payant des journalistes, des couvertures en quadrichromie, du papier glacé, un distributeur qui prend 50% du prix de vente, etc.
Bien commode pour les misogynes de blâmer les femmes de n’être pas des centaines de mille à pouvoir débourser 20$ ou 30$ pour un produit privé du soutien de la grande entreprise…
Ca commence a la jeune adolescence le matraquage de tels magasines. Regardez toutes la sélection de magazines qui s’offrent aux jeunes filles (Cool, Ado, Mademoiselles, et je ne sais quoi…). On y parle de mode, de coiffure, de ‘comment séduire son mec’ et autres sujets du genre qui créent des complexes dans le but de vendre des produits… Et la société ‘at large’ continue de valoriser les femmes par leur apparence. Et on voudrait qu’a 13 ans, les jeunes filles fassent des choix éclairés? Qu,elles achètent la Gazette des Femmes alors qu’elles ne savent meme pas que ca existe? A cet age, on se cherche une identité, on est plus influencable que jamais alors elles se tournent vers ce qu’on leur présente comme étant ce que toute jeune fille doit savoir et consommer. Elles sont dans l’apprentissage de savoir ce qu’elles aiment ou n’aiment pas, ce qui leur convient ou pas. Et les choix qu’ont leur offrent sont très limités et c’est souvent plus tard que certaines développeront le gout d’aller vers des médias plus alternatifs.. Mais desfois, le mal est déja fait et elles ont internées les valeurs transmises par ces magazines ‘féminins’..
Je crois que c’est par habitude qu’a l’age adulte, certaines femmes vont s’arreter encore vers ce type de magasine dit ‘féminin’ et en acheter ‘pour se divertir’. Ca ne les empeche pas non plus de lire l’Actualité. Quant aux magazines tels Gazette des Femmes et Ms., il faut etre abonnée car ils sont souvent difficile a trouver en kiosque…