BloguesAngle mort

Pauvres journalistes…

Les journalistes Christiane Dupont et Pascal Lapointe ont lancé hier un livre Les nouveaux journalistes: le guide – Entre précarité et indépendance (Les Presses de l'Université Laval).

Ce livre, c'est le Manifeste des lucides de la profession journalistique…

Il traite d'une réalité que les étudiants en journalisme connaissent peu en quittant l'école: le journalisme à la pige.

C'est vrai. Aux étudiants en journalisme, on leur vend surtout des enquêtes à l'international, le Watergate, le pouvoir d'informer le peuple pour l'aider à mieux vivre en démocratie, la "plume dans la plaie"…

En revanche, on ne leur dit pas souvent qu'être journaliste au Québec, c'est souvent écrire un "dossier" de 500 mots sur les nouveaux modèles d'humidificateurs. Le tout pour 50$ le feuillet (250 mots).

Plusieurs centaines de jeunes sortiront des programmes de journalisme d'ici l'an 2010… Combien se trouveront du boulot comme journalistes? Du boulot, c'est-à-dire, un emploi, rémunéré, permanent, dans une salle de nouvelles? Très peu. Et que feront les autres? S'ils persistent dans le métier, ils feront de la pige, ils auront des contrats, du travail précaire. Ils seront journalistes indépendants. Ils seront les nouveaux journalistes.

S'il y a autant de journalistes à la pige, si ceux-ci tirent moins de 20 000$ par an (de leur travail lié au journalisme), c'est surtout parce qu'il y a trop de journalistes au Québec…

Il y a quelque chose de pourri au royaume du journalisme. Les universités et les écoles de journalisme y sont, à mon avis, pour quelque chose.

Chaque année, ces institutions "produisent" des centaines de nouveaux journalistes qui viendront garnir les rangs déjà saturés de la profession.

Chaque année, des étudiants remplis d'illusions débarquent dans le monde des médias et acceptent de "piger" gratuitement pour avoir de la "visibilité". Certains réussissent, mais la majorité déchante très vite.

Au bout d'un moment de pain sec, certains finiront par se trouver un boulot (plus payant), comme relationniste ou responsable des communications dans une entreprise…

Ils écriront des communiqués.

C'est ainsi qu'avec nos impôts, nos universités forment des journalistes qui finiront par utiliser leurs compétences pour mieux influencer d'autres journalistes…

Il y aurait quatre relationnistes pour chaque journaliste au Québec. Et l'on parle encore d'indépendance des médias?