Quelques mots du chroniqueur Patrick Lagacé, sur son blogue, à propos du conflit entre le Journal de Montréal et ses pressiers…
Sale temps, comme je dis. Ce soir, bien sûr. Mais sale temps également en général, pour le Journal. Ce conflit a des impacts partout dans la bâtisse : les boss font le travail des pressiers. Conséquence : les boss sont moins nombreux pour gérer les différentes unités du JdeM, et la salle de rédaction ne fait pas exception. Ça veut dire moins de temps pour parler aux boss de nos nouvelles, de nos idées, de nos pépins. Le lecteur n'y voit pas une grande diffférence, la qualité de la couverture n'a pas été affectée, selon moi. Pour les gens qui travaillent dans la boîte, ce n'est pas l'enfer, loin de là. Mais ça reste lourd, forcément. Sale temps, aussi, parce que ce conflit survient à un moment où le JdeM, comme bien des journaux, est plongé dans un contexte d'hyper-compétition dans le monde de l'information. Info télévisées en continu, blogues, sites d'info sur le web, journaux gratuits, etc : le citoyen a beaucoup de mamelles à téter pour s'informer et les journaux tentent de trouver leur place dans ce nouveau monde. Une grève en la demeure en plus, dans ce contexte, c'est… sportif !
Si je me souviens bien, c'est d'ailleurs la grève à La Presse en 1977 qui a permis au Journal de Montréal de prendre les devants…
Ce n’est même plus un conflit, c’est un ***lockout***, décrété par Pierre K Péladeau pour éviter l’arbitrage prévu à la convention collective et « casser » le syndicat des pressiers.
Dites-le autour de vous: acheter le J de Mtl, c’est encourager la stratégie d’un salaud qui mise sur notre absence de solidarité.
Martin, il faut savoir que ce sont probablement les pressiers
les mieux rénumérés en Amérique! Un patron a le droit de se
tanner!
Le lockout décrété par PKP va être soumis au Tribunal du travail – comme quoi un patron n’a pas TOUS les droits.
Jean-Claude Leclerc posait cet été dans Le 30 – le bulletin de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec – la question des conséquences d’un arrêt de publication du JMtl dans le contexte des efforts de Péladeau pour faire sauter les limites à la fusion des salles de rédaction. Lire son texte à http://tinyurl.com/ylvmg5
Un quotidien, ce n’est pas le carré de sable privé d’un millionnaire, c’est aussi une ressource collective, des salariés, des familles, des responsabilités quand au droit du monde à l’information…
Les pressiers du Journal de Montréal sont des gras-dur. C’est vrai. Et puis après ? Leur patron propose un changement technologique qui ferait passer le nombre d’opérateur des presses de 10 à 2. Le syndicat est d’accord pour sacrifier 40% de ces membres (passer de 10 à 6) mais refuse d’accepter une coupure de 80%. S’il n’y a pas là un motif raisonable pour un conflit de travail, ben je ne vois rien qui pourrait en justifier un. Un moment donné, ce monde là se battent littéralement pour leur job. C’est légitime à 200%… Et ça mérite notre appui (entre Pierre-Karl et ses pressiers, je me demande c’est qui le plus gras-dur…).
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Par ailleurs, je note que c’est que c’est quand même une drole de coincidence que ce lock-out arrive 3 jours après que les quotidiens de Quebecor aient titré en une « les syndicats ont trop de pouvoir ». La publication de cette série de textes ressemble de plus en plus à une campagne de propagande. La proximité avec la plainte déposée par le syndicat de la rédaction du Journal de Montréal auprès du CRTC et ce lock-out a l’air de tout sauf d’une coincidence… D’ailleurs, quelqu’un sait-il si la rumeur évoquée à la radio de Québec voulant que 15 nouveaux cadres aient été embauchés à la rédaction du Journal de Québec est vraie ? Et si Quebecor se dirigeait vers une affrontement majeur avec ses syndicats ?
Avec cette histoire de lock-out au Journal de Québec, j’avoue qu’il est facile de critiquer PKP et c’est vrai que les critiques contre cet homme peuvent paraître simplistes parfois. C’est comme si c’était obligatoire de chialer contre lui parce qu’il est riche et puissant. Je dirais à ceux-là d’étayer un peu plus leurs arguments, car oui, il est possible de critiquer cet homme pour d’autres raisons qu’une haine viscérale et quasi génétique, même si je la ressens parfois pour ceux qui n’ont qu’une philosophie centrée sur leur profit à court terme. Par exemple, son père, ayant étudié en philosophie, justement, me paraissait plus humain.
Et ce n’est pas tant la haine des patrons. Moi, par exemple, les miens sont vraiment humains et respectueux envers les employés. Surtout, le plus important, ils n’ont pas un quasi-monopole et le moyen de faire de la convergence comme Quebecor.
Je peux me mettre dans la peau de cet homme et je suis certain que son désir le plus cher est que toute la culture au Québec, et ensuite le monde, passe entre ses mains pour que tout goûte un peu le PKP. Ça va pas mal à l’encontre de l’idée derrière la Déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle. Pour la totalité des travailleurs de l’industrie culturelle, n’y a’-il pas une différence entre travailler pour Quebecor et travailler pour pleins de petites compagnies? La différence réside dans les produits culturels qui en résultent, étant donné le nombre plus ou moins élevé des décideurs, c’est-à-dire sur quels poulains tout l’argent disponible des Québécois ira et qui influencera les achats.
Je crois que n’importe qui a trop de pouvoir est susceptible de se comporter en dictateur : c’est la nature humaine paraitrait-il! De le défendre en clamant qu’il fait travailler des gens est simpliste : les gens travailleraient quand même si le pouvoir était séparé en plus de mains. Et cette main serait peut-être moins de fer…