Le chroniqueur automobile Philippe Laguë soutient qu'il a été victime d'une job de bras de la part de Quebecor. L'article de Louise Cousineau dans La Presse:
Le chroniqueur automobile Philippe Laguë s'est pointé hier chez Marie-France [Bazzo.tv]. C'est lui qui a fait la première page du Journal de Montréal jeudi dernier, ainsi que toute la page 3, parce qu'il avait été arrêté à 222km/h dans une zone de 100 km. Bilan: 958 $ d'amende et 15 points de démérite. Il testait une voiture.
Très calme, il a raconté les effets de cette nouvelle qui avait été coulée la veille à LCN par un policier, dit M. Laguë, reprise le jour même par TQS avant de se retrouver en vedette dans Le Journal de Montréal du lendemain.
«Une job de bras de Quebecor, a dit Philippe Laguë, qui s'apprête à publier un nouveau guide de l'auto – son troisième – alors que Quebecor en publie deux cette année, souligne-t-il. Je suis une victime collatérale de la guerre des médias.»
Peut-être.
Mais cela ne règle pas le fond de la question: Philippe Laguë s'est comporté de façon tout à fait irresponsable.
Un journaliste n'a pas le droit d'enfreindre la loi pour faire son travail.
Ainsi, on ne peut pas kidnapper Jean Charest pour obtenir une entrevue avec lui, malheureusement.
On ne peut pas coucher avec une prostituée mineure sous prétexte d'une enquête sur la prostitution juvénile.
On ne peut pas mettre le feu à un édifice pour tester l'efficacité des détecteurs de fumée.
Et on ne peut pas non plus rouler à 222 km/h dans une zone de 100 km/h, mettre sa propore vie et celle d'autres automobilistes en danger, sous prétexte de tester les performances de la voiture pour un guide de l'auto…
Le fait d'avoir à écrire un article n'autorise pas des gestes imbéciles.
Quand Albert Londres disait que le journaliste devait porter "la plume dans la plaie", je ne pense pas qu'il entendait par là que la plume devait causer la plaie…
*
Enfin… Heureusement que Laguë a été arrêté. Car si un jour il avait été responsable d'un accident de la route, imaginons les gros titres que Quebecor se serait payé:
"Un chroniqueur automobile fauche la vie d'une famille de Laval… "C'était pour un article", dit-il"
*
Une exception:
Déjouer les systèmes de sécurité d'un aéroport pour un article (comme l'a fait un journaliste du Journal de Montréal récemment), ça se défend comme entrave à la loi…
Car les journalistes peuvent utiliser des procédés clandestins si -et seulement si- l'information est d'un "intérêt public certain" et qu'elle "ne peut vraisemblablement pas être obtenue ou vérifiée par d'autres moyens" (selon le Guide de déontologie des journalistes).
Or, l'intérêt public rattaché à un test de voiture ne permet pas, à mon avis, d'entorses au code de la route…
…de voir un journaliste nous servir l’excuse classique « C’est la faute aux médias »!
Les mêmes règles pour tous.
Suivez le guide.
Personnellement je frissonne de savoir que pour certains individus sans scrupule « c’était pour un article » est une raison valable pour mettre la vie des gens en danger…
ayoye!
J’ai trouvé Louise Cousineau bien sage dans son commentaire. Elle qui est pourtant une habitué de la plume acerbe s’est limitée à un simple compte-rendu de l’opinion de son collègue journaliste.
Je partage entièrement votre opinion sur cette affaire. Le détachement et l’absence totale de regret de Lagüe a de quoi laisser pantois. On a beau peser cette affaire de tous les côtés, conduire à une telle vitesse, c’est criminel, tant moralement que légalement!
D’accord que le chroniqueur s’est comporté de façon irresponsable… cela dit était-ce d’intérêt public de le savoir et surtout est-ce qu’on a accordé un peu trop d’importance à cette nouvelle ?
Trop d’importance?
Veux veux pas, ses employeurs placent Laguë en position de modèle.
Quand les gens lisent dans un de ses livres des trucs du genre « J’ai conduit ce magnifique bolide à 230 km/h à une heure où l’autoroute était heureusement déserte; la tenue de route demeure impeccable, je suis venu dans mon caleçcon bla bla bla » — il donne à d’autres zoufs l’envie de faire la même chose en achetant ce genre de voitures ou de motos et en conduisant de façon aussi meurtrière. (Arriver à 222 km/h vers un éventuel véhicule arrêté ou débouchant sur la route, c’est circuler à près de 200 pieds à la seconde… à 5h15 du matin, une heure où la visibilité est problématique!)
Ce genre d' »exploit » pour exciter des Ginos en phase terminale est précisément ce pourquoi Laguë est payé par ses employeurs, les compagnies d’automobiles, par média interposé, média amplement remboursé par des achats de pub.
C’est d’ailleurs cette « filière du crime » que j’aimerais voir des chroniqueurs critiques remonter… est-ce que Laguë n’a pas lui-même dit que c’était Daimler-Chrysler qui lui interdisait de tester ses voitures sur circuit privé? C’est à vérifier, non?
Les chars s’emboutissent, la population paie… les transnationales et les compagnies d’assurance empochent…
ça n’a rien de très inspirant.
Oui il faut conduire a 230, et même plus………..le seul règlement en vigueur est de ne pas se faire piquer.
Toute une histoire pour pas grand chose……….les gnangnans decrient les horribles chauffards, les mêmes gnangnans qui conduisent comme des pieds, souvent audessus de la limite permise et dans des voitures qui ne valent pas un clou.
Si l’autoroute est trop rapide pour vous, restez sur les routes secondaires……….et c’est tellement plus joli.
Un coup monté ! Est-ce que Québécor a trafiqué l’accélérateur ? Bien sur que non.
Et il nous prend pour qui ?
Ou plutôt, il se prend pour qui ? Pour un être supérieur aux autres qui, lui, peut se permettre de se placer au dessus des lois ?
C’est déprimant de voir ce genre de comportement de personnes qui ont le prévilège d’avoir des tribunes et qui en abusent.
Mais heureusement sa crédibilité en a pris un coup et il devrait disparaitre de notre paysage médiatique.
« …quand-est-ce qu’un enfant est mort frappé par un véhicule sur une autoroute? »
Souvent. Lorsque l’enfant se trouve dans un véhicule qui est soit conduit par le nul, soit percuté par lui, soit forcé d’effectuer une manoeuvre trop brusque.
(.)
« Mais quand c’est possible, pourquoi je m’en priverais? »
Why indeed… Poser la question, c’est démontrer l’inaptitude à y répondre.
Il y a d’autres vies que de faire vroumvroum devant un commercial de Mazda ou le pied collé au plancher d’une auto (connais pas ça, les kleenex?).
Les chauffards ont tous l’impression d’être des anti-conformistes qui savent mieux que les autres quand accélérer « sans danger ».
Ils viennent rarement reconnaître leurs torts aux funérailles des gens qu’ils frappent.
Parle-moi d’un photo-radar, ça perd pas de temps à discuter…