BloguesAngle mort

Livres, pneus et marketing

Dans La Presse, Nathalie Petrowski signe une chronique avec laquelle je suis on ne peut plus d'accord.

[…] Pas plus tard que la fin de semaine dernière au Canadian Tire le plus près de chez vous, vous pouviez acheter des pneus d'hiver, des essuie-glace et la biographie de Dominique Michel. Un beigne et du lave-glace avec ça?

Pour une rare fois, le responsable de cette confusion marchande n'est pas Quebecor mais son plus féroce concurrent, Claude J. Charron, PDG du magazine La Semaine et de la maison d'édition du même nom. Mais on s'entend sur le fait que la frontière idéologique entre ces deux groupes de presse est très mince.

Autant Quebecor que les éditions La Semaine se sont âprement battus pour gagner le coeur de Dodo et lui faire signer un contrat d'édition. Et permettez-moi de croire que si Dodo n'avait pas été la petite comique que le Québec adore mais l'écrivain Nancy Huston, il n'y aurait pas eu de bataille ni de guerre d'enchères. Car pour l'éditeur de La Semaine comme pour Quebecor, le livre n'est pas un objet de culture, de connaissance ou d'enrichissement personnel ou collectif. C'est avant tout un produit de consommation qu'il faut vendre à tout prix et si possible en quantités industrielles. Cela n'est pas un crime en soi. Au contraire.

[…]

Dès lors qu'un éditeur ne publie un livre qu'en fonction du chiffre d'affaires qu'il va rapporter à son entreprise ou à ses actionnaires, il n'y plus de littérature, plus d'écriture, plus de monde réel ou imaginaire. Il n'y a que du commerce et de la comptabilité.

[…]
C'est contre cette tendance lourde que quatre éditeurs indépendants, non convergents et partageant le même intérêt inquiet pour la littérature, ont décidé de faire front commun. Pas pour déclarer la guerre à qui que ce soit. Tout simplement pour permettre à la diversité littéraire québécoise de respirer et, ultimement, de survivre.

Les boutiques de livres usagés sont gorgées de livres qui n'existent que pour profiter d'un filon au goût du jour. Parmi ceux-ci:

-Le livre sur le récit du commandant Piché.
-La biographie du candidat à la chefferie du PQ, Richard Legendre
-La biographie de Mario Dumont
-Le livre des bonnes adresses de la soeur à Pierre Karl Péladeau
-Et, très bientôt, la biographie précoce de Sophie Chiasson

On m'a déjà demandé d'écrire la biographie non autorisée de Wilfred LeBouthillier. Imaginez. Je crois que j'avais répondu à l'époque quelque chose du genre: "Sais-tu à quel point -mais à quel point- je n'en ai rien à crisser du gars?"

Je ne veux surtout pas avoir l'air de l'auteur tartiste avec son béret et son foulard au vent qui revendique la pureté de la Littérature. Sauf que dans ce processus créatif qu'est l'écriture d'un livre, il me semble que c'est l'intention qui compte.

Publier un livre en quatrième vitesse avec l'intention première d'en vendre un maximum en trois mois, histoire de profiter d'une quelconque vague, c'est toujours nul.