BloguesAngle mort

Extraits de carnet…

 
Pierre Karl Péladeau

…du congrès de la Fédération professionnelle des journalisques du Québec, qui se tenait à Montréal cette fin de semaine.

S'il y a une leçon à retenir au terme des multiples ateliers sur l'avenir des médias traditionnels dans l'univers Web est celle-ci: l'information n'est pas menacée. Mais elle ne sera plus jamais la même.

Sylvain Lafrance en conférence
Radio-Canada est devenu un nom obsolète. La "radio" n'est plus qu'une minuscule portion d'un vaste groupe tentaculaire qui explore désormais une multitude de "canaux" technologiques: la Web télé, la baladodiffusion, les blogues, la radio satellite, la TVHD, etc.

Pour le grand patron de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, le nerf de la guerre sera de "faire de Radio-Canada une marque forte". Ainsi, peu importe que l'on regarde les nouvelles à la télé, sur le Web, sur son iPod ou que sais-je, l'organe médiatique public veut que la marque "Radio-Canada" véhicule des valeurs de rigueur et de qualité.

Dans le brouhaha médiatique qui s'annonce, avoir une "marque" que le public reconnaîtra immédiatement sera un atout majeur.

Pierre Karl Péladeau en croisade
Samedi midi, Pierre Karl Péladeau, le grand patron de Quebecor, est venu brosser un portrait profondément sombre de l'état des médias ici et ailleurs. Tous les chiffres étaient là: chute des quotidiens faits "d'arbres morts", croissance fulgurante des quotidiens "gratuits" (Métro, 24 heures), etc.

Les quotidiens ne sont pas morts, selon PKP, mais ils doivent désormais offrir du contenu suffisamment intéressant pour se démarquer des autres sources d'information disponibles (gratuitement). Au Journal de Montréal, par exemple, ce contenu "à valeur ajoutée") ressemble souvent à des enquêtes locales et sensationnelles (sur la salubrité des piscines publiques, par exemple).

Or, lors de sa conférence, PKP a surtout ouvert la porte à ce grand projet controversé qui lui tient tant à coeur: la fin de l'étanchéité entre les différentes salles de presse de ses médias.

Je dois vous avouer une chose: pour une rare fois, je suis d'accord avec les arguments de Pierre Karl Péladeau. Le gars possède des journaux à travers le pays. Il doit engager des personnes différentes dans chaque journal pour couvrir les mêmes événements, ou mettre à jour les mêmes statistiques sportives, ou critiquer le même film, etc.

"En consacrant autant de ressources [lire "journaliste"] aux mêmes postes, a-t-il dit, ça nous empêche d'allouer de nouvelles ressources à la production de contenu exclusif qui justifiera [pour le lecteur] l'abonnement à un quotidien payant".

Il n'a pas tort. Qu'on mélange les salles de rédaction (Radio-Canada le fait déjà de toute façon).

Mais un instant, que ce ne soit pas une façon de couper en information (de toute façon, c'est suicidaire pour une entreprise médiatique), mais que cela représente bien la fin des journalistes perroquets et le début d'une information plus diversifiée…