Michèle Fortin |
Aux audiences du CRTC, Michèle Fortin, patronne de Télé-Québec, tient à peu près les mêmes propos que Lise Payette sur la téléréalité:
Pour le moment, toutefois, le phénomène [de la téléréalité] n'inquiète pas Michèle Fortin, présidente de Télé-Québec, qui assiste aux audiences à titre de membre du conseil d'administration du Fonds canadien de télévision. «Je ne suis pas alarmée par ça, a-t-elle affirmé. Je pense qu'il y a une vague de téléréalité. On va probablement en sortir, on va tomber dans d'autre chose.»
Je répète ma prévision: la téléréalité est là pour rester. Elle ne fait que bourgeonner.
Je pense même, comme Pierre Thibault du ICI (oui, le même ICI qui concurrence Voir, pis?), que la télévision a trouvé son véritable langage avec la téléréalité. C'est triste, mais j'ai de la difficulté à être plus optimiste.
L'avenir des dramatiques à la télé? Cela paraît stupide, mais je suis convaincu que dans un avenir assez rapproché, nous nous retrouverons avec des dramatiques dont seulement quelques épisodes seront diffusés à la télé (pour créer l'engouement).
L'intégrale de la série sera par la suite disponible sur DVD, ou encore téléchargeable au coût de 1,99$ l'épisode sur la télé à la demande.
Un petit billet en déjeunant sur le phénomène de la téléréalité et l’éventualité très prochaine d’un virage radical envisagé par la télé généraliste pour bientôt.
Tout d’abord, la téléréalité. La téléréalité n’a rien de mauvais en soi. Je crois que la téléréalité est à la vie ce que le roman est au téléroman.
Je m’explique.
Lorsque vous lisez un roman, vous entrez bien souvent (surtout lorsque le narrateur est omniscient) dans la tête et le coeur de chacun des personnages. De plus, le simple fait de lire demande un effort de concentration et d’imagination récréative que la télévision n’offre pas nécessairement.
Par contre, la téléréalité est une forme plus poussée d’interaction pluridirectionnelle limitée avec le public. Autrement dit, le dialogue qu’une chaîne de télévision peut avoir avec la collectivité pourrait indiquer de manière très évidente quel type de « relations platoniques » le conseil d’administration du réseau de communication en question cherche à établir avec son public-cible.
Dans mon esprit, des émissions comme « Droit de parole », « Le combat des chefs » et « Le bulletin de nouvelles de 18h00 » (qui commence maintenant à 17h00) par exemple, sont toutes des émissions de téléréalité.
D’ailleurs, à « Droit de parole », on met des gens qui ont des opinions divergentes ensemble selon un scénario particulier (décortiquée avec brio par les zapartistes durant leur tournée médiatique) qui a de nombreux points communs avec « Loft Story ». La seule différence, c’est que « le maître » est remplacé par une « maîtresse » et que les appels sont gratuits… et que l’on vote pour ou contre une certaine opinion pendant l’émission.
D’autre part, la télésérie et le téléroman sont eux aussi des véhicules permettant aux gens de se projeter dans des visions d’eux-mêmes qu’ils reconnaissent ou non comme acceptables publiquement.
Mais j’avoue, oui, internet change la donne considérablement! (la suite dans le prochain billet, justement 😉
Mais continuons à parler de télévision en général, dans le contexte actuel de télécommunication globale, svp.
Prenons simplement l’angle restreint de l’impact télévisuel créé par la présence de plus en plus grande et importante d’internet dans la vie de plus en plus de gens, dans les pays de l’OCDE.
Regardons le phénomène des sites comme « Youtube » ou « Dailymotion », ces sites de partage anarchique de vidéos privés ou maison que le public s’offre en public.
Je vous donne l’exemple du site où je vais en ce moment: Dailymotion. On y parle l’anglais et le français, les heures de diffusions sont permanentes. Ce qu’on y trouve en matière de vidéoclips, instantanément, SANS FRAIS, et à la demande, est proprement hallucinant!
Vous ne me croyez pas? Depuis des mois, je ne vais même plus sur Musique Plus. Et pourtant, j’y allais auparavant, car j’aimais bien quand il y avait PLUS de musique à Musique Plus, et un peu MOINS d’émissions ridicules présentés très connement aux adolescents. Alors, je ne vais plus que sur Musimax, qui offre un contenu plus adulte, exclusif, et qui parle sérieusement de musique en présentant des reportages sur les styles et les mouvements musicaux de notre histoire musicale récente. Ce contenu, créé à un coût élevé par VH1 ou MTV, et traduit ou accompagné sur une chaîne canadienne, il demeure exclusif en ce moment.
Mais puisque je peux déjà, sur demande, à partir d’un laptop, télécharger partout et instantanément des clips musicaux dans leur intégralité SANS PAYER, tout en ayant une qualité d’image et de son relativement impeccable: pourquoi irais-je m’installer devant le petit écran et payer pour le câble et ses chaînes spécialisés, justement?
Il est là le prochain changement radical qui va bousculer l’univers télévisuel en général (pas seulement la tv généraliste et le monde musical). Rappellons-nous bien une chose: le CRTC est un organisme anachronique qui ne peut légiférer efficacement afin de protéger efficacement la tv.
Je connais un endroit où Steven Spielberg lui-même perd ses droits d’auteur sur « Retour vers le futur » en français, en ce moment même sur internet… Et vous croyez que la métamorphose de Napster en site payant sonnait le glas du piratage global de la culture mondiale et globale en général? Oooh, non.
Je connais même des « contacts » qui commencent à perdre des droits de diffusions et qui voient « leurs » vidéos se faire zappés du site en question parce que des avocats s’occupant des droits d’auteur de certains majors musicaux et cinématographiques se sont aperçus du phénomène de pillage intégral d’un produit artistique que des centaines d’artisans ont contribué à créer pour des sommes mirobolantes… et qui se retrouvent aujourd’hui directement sur commande et gratuitement dans le public, sans générer un quelconque revenu équitable, que ce soit directement ou indirectement…
D’ailleurs, le film dont je vous parlais au début de ce commentaire, on le présente d’un générique à l’autre en montrant le nom du studio qui a contribué à le produire!! lol C’est tout juste s’il ne nous a pas aussi compressé les avertissements de poursuites judiciaires pour diffusion illégale en public chapeauté par le FBI…
mdr
Non, sérieusement, monsieur Proulx, y’a quelqu’un quelque part qui dort au gaz carbonique… et qui ne se rend pas compte que the shit is going to be blown away by the fans… s’ils ne réagissent pas de manière énergique et juridique pour stopper se phénomène endémique… qui pourrait à moyen terme saigner à blanc l’industrie du cinéma et celui de la musique.
Je sais, ça ne fait pas très solidarité internaute, mon commentaire… mais il faut bien penser que la musique et le cinéma, pour ne parler que de ça, ça ne se fait pas avec de l’amour et de l’eau fraîche uniquement.
Voilà. À vous de juger si j’exagère… Sérieusement, je ne crois pas.
Si la télévision n’en n’est plus à ses balbutiements et que les supports se multiplient, il faut sans doute considérer ces changements comme un progrès en matière d’accessibilité. Ces nouveautés ne sont pas pour moi. Aucun intérêt à regarder un film dans le métro. Bon, je suis plus de mon époque, je le concède. J’assume. Je n’ai même pas de cell.
Ce qui m’apparait par ailleurs une perte sur le plan de la créativité, serait la disparition des fictions télévisées. Est-ce qu’un public fragmenté devient un ectoplasme ? Que les auteurs et les réalisateurs deviennent de plus en plus punchés, comme dans Les Haut et les Bas de Sophie Paquin ou Tout sur moi, c’est tant mieux, Les Invincibles et Minuit le soir. Toute une génération de nouveaux auteurs et de réalisateurs n’attendent que l’accord des chaînes télé pour être diffusés.
Formater une téléréalité coûte moins cher, mais abrutir tant de monde relève pour moi d’un génocide intellectuel. Qu’on ait au moins la décence de dévoiler les ficelles des scénarios et qu’on ne nous impose pas la face des participants à tout propos en les obligeant à faire du service après-vente. Et surtout, qu’on nous dispense des inconcevables inepties des commentateurs et de la présentatrice. Si c’est comme aux USA, la seule réalité, c’est qu’ils signent des contrats pour conserver le secret de fabrication. Ça, c’est pour le Loft dont je regarde des petits bouts pour ne pas devenir «inculte». À plus forte dose, je fais de l’urticaire.
Selon Steve Boudrias, «le pillage intégral de produits artistiques se retrouvent sur commande et gratuitement dans le public, sans générer un quelconque revenu équitable, que ce soit directement ou indirectement…»
Pour que je ne meure pas ignorante, j’aimerais savoir comment fonctionne cette grande générosité envers le public ? Est-ce que la faille se trouve dans le mot «équitable» ?
Je vais me consoler en profitant des derniers instants de civilisation qui me sont accordés.
c’est une production cheap mettant en vedette des nobody qui regle général sont mis dans une situation ou leur capacités sont mis a l’épreuve.
Le producteur ayant bien pris soin de prendre un bonne quantité de zoufs, les participants se couvrent de ridicules par un spectacle navrant pour la plaisir des millions de téléspectateurs zombies qui se régalent d’un tel menu.
Si en plus ça bitche et ça braille, l’émission va atteindre les hautes sphères des cotes d’écoute…
Je crois comprendre, madame Proulx:
1) les raisons pour lesquelles vous n’appréciez pas la téléréalité (enfin, ce que l’on qualifie de manière trop restrictive de cette manière-là);
2) ce qui vous plaît dans les téléséries très originales et punchées;
3) l’origine de votre incompréhension face à mon commentaire sur la « gratuité » et « l’équité » du matériel artistique.
Tout d’abord, je crois que l’on fait fausse route lorsque l’on critique les émissions de téléréalité au lieu de décortiquer froidement qu’est-ce que la téléréalité. Pour me résumer en utilisant moins de mots et une phrase plus punchée, je dirais que la téléréalité est de la « télé interactive réduite à son aspect strictement mercantile ». Lorsque les gens sont invités à participer à une émission comme « Loft Story », ils le font en payant pour exprimer leur opinion (un appel téléphonique 1-900 leur étant facturé pour « sauver » leur alter ego préféré). De plus, les cobayes de ce type de télé sont habillés, coiffés et récompensés par des annonceurs qui ne veulent plus prendre la chance d’attendre les pauses publicitaires pour faire la promotion de leur scrap neuve.
Deuxièmement, je suis désolé de vous rappelez un fait aussi terre-à-terre, mme Proulx, mais une émission comme « Tout sur moi » ou « Les hauts et les bas de Sophie Paquin » coûtent les yeux de la tête à produire, sans parler des frais de distribution. La maison de production privée assume Ces frais en produisant l’émission mais revient dans Ses frais en revendant l’émission à une chaîne de distribution. Cette dernière « distribue » ou diffuse ladite émission et se fait payer un certain prix par ticket de présence des téléspectateurs (les fameuses cotes d’écoute BBM).
D’où le troisième aspect de la question. Si un smart ass dans mon genre enregistre et compresse une émission pour ensuite la diffusée gratuitement sur mon espace personnel et public sur internet… suis-je en train de commettre un acte illégal ou non? Je crois que oui.