Blanche-Neige porno. Bon, j'avoue que pour illustrer mon plaidoyer en faveur de l'enrichissement du domaine public, l'exemple est peut-être mal choisi… |
Lu dans le livre Capitalism 3.0. – A Guide to reclaiming the commons de Peter Barns (disponible en .pdf gratuitement ici – Voir la colonne de droite).
L'auteur parle de ces grandes compagnies qui puisent abondamment dans les oeuvres du domaine public, sans rien donner en retour. C'est le cas de Disney.
Résultat: le domaine public se marginalise et ne se renouvelle plus. Nos oeuvres récentes les plus appréciées appartiennent désormais à de grandes compagnies.
Culturellement parlant, ça me semble dangereux. Car malgré tout le respect que j'ai pour Mozart, Bach, Shakespeare ou Molière, je demeure convaincu qu'on ne ferait pas autant vivre leurs oeuvres, encore aujourd'hui, si elles n'étaient pas du domaine public.
Sauvegarder et enrichir le domaine public, c'est permettre à des oeuvres d'exister et au-delà des objectifs de vente d'une seule entreprise. C'est permettre à la population de s'approprier cette oeuvre, de la transformer, de la rafraîchir, de lui donner une nouvelle vie. C'est ça aussi, la culture.
Roméo et Juliette est encore un film à l'affiche présentement… Et je suis sûr que Shakespeare en serait honoré.
Bref, selon Barnes, voici une liste des histoires que Disney a pris du domaine public:
- Aladin
- Atlantide
- La belle et la bête
- Cendrillon
- Davy Crockett
- La légende du cavalier sans tête
- Hercule
- Le bossu de Notre-Dame
- Le livre de la jungle
- Oliver Twist
- Pinocchio
- Robin des Bois
- Blanche-Neige
- La belle au bois dormant
- Les Trois mousquetaires
- L'île au trésor
- Le vent dans les saules
Voici maintenant la liste des histoires que Disney a ajouté au domaine public:
- Euh… Aucune.
Et que dire de Carmina Burana qui doit être l’oeuvre la plus utilisé pour les bandes annonces des films Hollywoodiens…
Pour toutes les histoires que vous citez, Disney a réussi à faire ce que vous souhaitez. Il a sauvegardé et enrichi le domaine public en les transformant, en les rafraîchissant, en leur donnant une nouvelle vie.
Qui connaîtrait vraiment ces histoires si Disney ne les avait pas reprises ? Elles seraient restées dans l’oubli. Des millions de jeunes et moins jeunes de plusieurs pays se sont appropriés ces légendes européennes grâce à Disney qui les a popularisées et leur a donné un second souffle.
Si un organisme sans but lucratif avait fait ce travail, on crierait au génie. On fait preuve de dédain uniquement parce que c’est une entreprise qui a réussi et qui est américaine.
M. Bédard, la nature de mon commentaire n’est pas de dire que Disney n’avait pas raison de rafraîchir ces histoires du passé.
C’est exactement le contraire.
Ce que je dis, c’est que le domaine public semble de plus en plus figé dans le temps. On ne l’enrichit plus de nouvelles oeuvres.
L’exemple cité par Dumais dans son site (voir mon autre billet) est évocateur. Quand un groupe hip-hop se fait dire qu’un cri de James Brown est copyrighté et donc qu’il ne peut pas être utilisé dans une chanson sans que l’on paie des droits d’auteur, on brime à mon sens la créativité.
Je pourrais aller plus loin. Un ami recherchiste récemment a voulu prendre une photo de l’édifice SNC-Lavalin, il s’est fait arrêter par une garde de sécurité qui lui a dit qu’il n’avait pas le droit de prendre des photos de l’immeuble. Parce qu’il y avait un droit d’auteur sur l’édifice.
On capote. On ne met plus rien dans le domaine public. Tout est trademarké, copyrighté, protégé.
Quand une bonne partie de nos films de l’ONF ne peuvent plus être vus parce que le paiement des droits d’auteur est prohibitifs, c’est catastrophique.
Mon livre sur le Parc Belmont: il y a beaucoup de photos datant d’il y a 50 ans (et donc dans le domaine public). C’est que les photos récentes, on nous chargeait 100$ la photo pour la publier (par exemple, les archives de La Presse). Pour un livre, c’est beaucoup trop élevé comme prix, ça ne se justifie pas comme dépense.
Personnellement, le jour où je vais décéder, j’ai bien l’intention de verser toutes mes oeuvres dans le domaine public.
Pour que tout le monde puisse en profiter!
M. Proulx, je comprends mieux votre pensée. Je m’excuse si j’ai mal interprété vos propos, mais avouez que votre message n’est pas très clair lorsque vous soulignez que Disney n’a ajouté aucune histoire au domaine public. C’est peut-être vrai (je ne le sais pas), mais c’est ce commentaire qui n’avait rien à voir avec le reste qui m’a induit en erreur.