La pendaison de Saddam Hussein. Vous l'avez peut-être vue sur Internet. C'est le clip de l'année, semble-t-il. Et on est le 4 janvier.
Les grands médias ne le montre pas. Un chimpanzé pourrait toutefois le trouver facilement sur Internet. Doit-on voir mourir Saddam? Est-ce utile? Les grands médias ont-ils raison de censurer ces images?
Les images de violences extrêmes, de cadavres, de catastrophes naturelles sont d'une part "adhésives" (on ne peut s'empêcher de les regarder). D'autre part, ces images augmenteraient le taux d'anxiété et de stress général au sein de la population.
On a accusé l'administration Bush de tenir une population dans la peur et dans l'anxiété pour justifier sa guerre au terrorisme. D'accord.
Mais lorsque ce sont des individus, des particuliers, qui diffusent eux-mêmes ces images sur Internert pour supposément "informer le public", quels buts poursuivent-ils? Est-ce responsable? Et si c'était seulement pour attirer l'attention? Attirer des clics, peu importe les impacts?
Source: Quelques études du Dart Center for Journalism & Trauma sur l'effet de la couverture d'événements tragiques sur le public.
Ça c’est ce que j’appelle prendre le taureau par les cornes et poser de très judicieuses questions sur la liberté d’expression parfois abusive, souvent excessive et aussi très fréquement mensongère, illusoire, dogmatique, démagogique et même propagandiste sur internet.
Oui, je sais, j’utilise l’internet en ce moment pour exprimer mes réserves sur les vertus de la liberté tous azimut que permet ce médium, mais je crois qu’il n’y a pas de contradiction implicite dans mon billet sur le sujet.
Ainsi, je crois que McLuhan est en train d’avoir entièrement raison, d’un point de vue strictement Occidental, d’une part, et d’un point de vue mondial dans une moindre mesure.
Je m’explique.
Prenons le cas des dernières images de Saddam Hussein, avant sa pendaison.
Ici, la question éthique qui nous vient à l’esprit tout de go c’est: peut-on et doit-on tout montrer? Est-ce du journalisme ou du voyeurisme malsain et « mentalement dangereux »?
Mais dans les pays arabes, chez la population chiite surtout, quelle est la question? Elle est encore plus « sautée »! Doit-on répandre parmi la population l’insulte présumée du bourreau et la réplique cinglante de l’ancien dictateur?
Ça c’est une autre question à un milliards de dollars US!
En fait, outre les possibles et indéniables traumatismes causés par les simples images du journal télévisé de 18h00, je crais surtout le « téléphone arabe ».
Pas au sens ou on l’entend habituellement. Ordinairement, lorsqu’on parle de « téléphone arabe » on parle d’une expérience de communication visant a démontrer la possible distorsion d’un message.
Mais, là, ou est la distorsion lorsque les images et les sons voyagent d’un téléphone cellulaire à un miller d’autres sans « mise en contexte » ou mise en forme du message? Lorsque les images et les sons sortent sur un site de « partage de vidéos » servant de portail fantôme à un site pornographique, dans quel genre de monde sombrons-nous?
Un monde très sale et très peu démocratique.
La mort de Saddam ne résoudra rien en Irak, au contraire. L’insurrection va se répandre, les victimes vont se multiplier, y compris dans les rangs Yankees. La guerre civile va prendre de nouvelles proportions à cause de la colère des Sunnites.
Peut-être qu’un jour Bush, Blair, Olmert, Peretz et cie connaîtront le même sort.
À partir du moment où l’on annoncait partout que Saddam était sur le point d’être exécuté, j’ai anticipé – hélas, avec justesse – qu’avant 3 jours, les images complètes de l’exécution auraient fait le tour de la planète. Je me suis aussitôt coupé des nouvelles, du moins j’ai écouté mais je n’ai plus regardé.
Veut-on voir ça? Pas moi. Il y a quelque chose qui me dérange profondément. Certes, il y a une part de voyeurisme malsain, mais il doit y avoir plus. Quelque chose d’inssaisissable, d’indéfinissable. J’ai vu des tonnes d’images d’horreur dans ma vie, dont certaines me marqueront à jamais. Mais l’exécution d’un homme, aussi dictateur soit-il, n’est pas quelque chose que je désire voir.
Quand bien même certains réseaux se seraient limités à montrer « seulement » les images d’un Saddam avec la corde au cou, c’est déjà trop! Quel bordel est-ce que ça donnerait si l’on revivait la Seconde Guerre mondiale à l’ère des téléphones-caméras et du YouTube à profusion?
À force de tout voir, de trop voir, on finira par devenir complètement insensibles. Plus rien ne nous touchera, ni la misère, ni la violence. La déshumanisation est d’ailleurs déjà commencée…
Déjà que je suis contre la peine de mort (pour beaucoup de personne la terre n’est pas un lieu d’attente), je crois que c’était dégueulasse de voir quelqu’un mourrir. Les ‘caméras’ officiels n’auraient même pas filmer la scène.
Au lieu de montrer que la démocratie a évolué en Irak on voit tout le contraire. On se croirait au Moyen-Âge ou est ce qu’on pendait et guillotinait les gens sur la place public pour offrir un spectacle. Cette fois ci le spectacle ne c’est pas fait dans un seul village mais dans le monde entier.
Les seuls endroits ou est ce qu’on offre encore ce genre de spectacles ne sont que dans des pays autoritaire comme la Chine ou Singapour. Voilà à quoi se compare la soit disant démocratie Irakienne.