Morgan Spurlock au salaire minimum. |
Ce n'est même pas une suggestion, c'est une assignation.
Vous devez regarder le deuxième épisode de la série 30 jours, créée par Morgan Spurlock.
C'est dimanche le 14 janvier, 22h, à Canal Vie.
Morgan Spurlock, c'est cet individu qui a décidé de se nourrir exclusivement de McDo pendant 1 mois pour son documentaire, nominé aux Oscars, Supersize Me. J'ai adoré.
Eh bien le type poursuit ses expériences originales à la télé.
Dans cet épisode de 30 jours, lui et sa copine ont décidé de vivre 1 mois au salaire minimum. Ils doivent se trouver un appart, un emploi, se nourrir. Tout ça en tentant de garder la bonne humeur. Ils doivent aussi subir l'épouvantable système de santé américain.
C'est une catastrophe. À la fin de son mois d'enfer, Spurlock a cette réflexion:
Nous vivons dans le pays le plus riche au monde, on a un appartement modeste, on partage le même laisser-passer d'autobus, on a trouvé des meubles gratuits, on ne refuse aucun travail, on est instruit, débrouillard et de race blanche, mais ça ne suffit pas…
Regardez l'émission. Personnellement, je ne vois plus la pauvreté de la même façon…
S’il veut vraiment analyser les véritables effets dévastateurs sur la santé tant physique que moral c’est à très long terme qu’ils se trouvent.
A titre d’exemple c’est un peu comme mangé des carottes à tous les jours pendant 30 jours, c’est pas très agréable mais ça se fait. C’est quand tu tombes dans 365 jours et plus que des vomissements et autres problèmes sont le plus suceptible d’arriver. Une écoeurantite aigüe à coup sûr.
C’est biaisé dans le sens où le gars est certain que dans 30 jours il va retrouvé sa sécurité financière. Ce qui est loin d’être le cas de tous ceux qui travaillent au salaire minimun.
Si tu as aimé cet épisode de 30 jours, je te conseille de lire le livre Nickel and Dimed, de Barbara Ehrenheich. L’auteur a fait la même expérience, pendant 3 mois et à 3 endroits différents. Elle a été serveuse, femme de ménage et caissière chez Walmart, dans 3 états différents…et peu importe le travail ou l’État, elle ne réussissait jamais à boucler son budget. Ca fait réfléchir…
Voyons, c’est quoi ce commentaire ? Pensez-vous vraiment que sa situation se serait améliorée dans les 335 jours suivants ? Le gars est découragé après 30 jours, alors imaginez après 365 ! Pas besoin d’en faire plus. C’est pas comme s’il avait eu de la chance dans les 30 jours et qu’il avait dit que tout était ok, que ça serait sûrement pareil pour le reste de l’année…
La pauvreté, je l’ai vécu.
La pauvreté, c’est ce qui vous entoure.
La pauvreté, comme le soulignait si bien madame Brodeur, c’est une situation financière qui ne change pas et qui ne semble pas vouloir changer, année après année.
Mais la question essentielle est: la pauvreté financière est-elle un choix, une fatalité ou une manière d’être au monde dans la post-modernité?
Tout d’abord, la pauvreté n’est pas vécue comme un choix. Toutefois, il n’y a qu’un choix fondamental à faire pour s’en sortir. Et ce choix en entraînera d’autres, en accord avec l’objectif principal: vivre. Mais sortir de la pauvreté, comme le montre les gens qui font dans la simplicité volontaire, n’est pas une rupture de la gigne purement financière; c’est avant tout sortir d’un état d’esprit, d’un cercle vicieux, d’une série de décisions mécaniques qui entretiennent l’horlogerie de la pauvreté. Ce qui fait qu’à 8h00 le matin vous êtes pauvre… et à 23h00 vous l’êtes encore.
La pauvreté, selon certains, est une fatalité. On vous dira, par exemple, qu’il faut des millions de pauvres pour faire quelques milliers de riches. Que c’est comme ça depuis que le monde est monde et qu’il n’y a rien à corriger. Les inégalités sociales sont directement liées aux inégalités économiques. That’s it. That’s all. End of discussion. Mais la pauvreté, c’est survivre tout en étant toujours au seuil de la vie, de la jouissance et du plaisir de vivre. La misère, c’est pire. C’est risquer sa vie tous les jours pour survivre.
Enfin, la pauvreté actuelle, dans nos sociétés riches, qu’est-ce que c’est? L’enrichissement personnel, d’où vient-il? Uniquement du salaire? Uniquement de ce que l’on acquiert?
Pour moi, la pauvreté, c’est ne pas avoir les moyens de vivre selon ses principes et ses passions. C’est faire des choix injustes au quotidien: entre manger à sa faim ou bien aller voir un film avec ses enfants, par exemple.
La pauvreté est un état d’esprit qui dit: l’argent libère.
C’est un documentaire de gens qui le vivent ou qui l’on vécu. Leur expérience, les embuches qu’ils rencontrent, comment ceux qui en sont sortis ont fait etc….
C’est un documentaire de gens qui le vivent ou qui l’on vécu. Leur expérience, les embuches qu’ils rencontrent, comment ceux qui en sont sortis ont fait etc….
J’ai le sentiment qu’avec un tel documentaire ça reflèterait beaucoup plus la réalité.
Désolé, mon premier message n’était pas terminé et j’ai appuyé sur la mauvaise touche.
En effet, comme l’a dit Marianne Brault, Barbara Ehrenheich a fait la même expérience, non pendant 30 jours mais bien pendant 3 mois. Spurlock fait donc de la récupération… Ça ne prenait pas un génie pour découvrir que la bouffe du McDo était nocive…
Le livre de Barbara Ehrenheich s’appelle « L’Amérique pauvre » en français, je crois. Je le recommande particulièrement. Il m’avait été recommandé par un inconnu rencontré par hasard sur le trottoir, un vieil homme qui lisait le livre et qui en recopiait des passages afin de les faire parvenir à certains amis américains qu’il connaissait. Il m’a adressé la parole et nous avons engagé la discussion, chose que je fais pourtant rarement. Un moment surréaliste, teinté d’une touche d’onirisme doucereux. J’ai suivi son conseil et me suis procuré « L’Amérique pauvre ». Le chapitre où elle travaille dans un Wal-Mart m’a particulièrement touché, moi qui ai eu ce genre de travail durant des années…
L’élément essentiel permettant de faire diminuer la pauvreté demeure toujours une meilleure redistribution de la richesse à travers le pays.
Tout d’abord, il faut enfin se décider sur ce qui est ou non le pays en question. Et ce, en se demandant si créer un autre État de toute pièce est plus aisé que d’essayer de rendre l’État actuel plus équitable envers toutes les provinces.
Ensuite, il faut se demander sur quelle base acceptable peut s’établir la redistribution. Repenser le niveau de taxation des citoyens. Réévaluer le fonctionnement efficace de l’impôt sur le revenu. Réexaminer le système de perception à la source.
Bref, il faut se poser de sérieuses questions sur notre vision d’un État juste.
Voulons-nous d’un gouvernement qui s’occupe plus sérieusement de l’économie sociale au lieu d’intervenir inefficacement dans l’économie de marché?
Voulons-nous tenter vraiment le pari de restreindre les actions du gouvernement à trois secteurs vitaux de l’activité publique: la Santé, l’Éducation et l’Aide Sociale?
Je crois qu’il faut répondre « oui » à ces deux questions en insistant sur le fait que l’on ne peut se fier sur la main invisible du marché ou la divine providence pour soigner, éduquer et préserver les gens de la misère.
Pour le reste, je ne vois pas la pertinence de maintenir un monopole d’état dans le jeu et l’alcool. S’en tenir à une réglementation et une taxation adéquate me semble la solution.
Enfin, il faut regarder les choses en face et établir des priorités. Se retirer de certains secteurs d’activité et préserver l’intégrité d’un système public nécessaire à la vie en société qui soit respectueuse de la dignité et la fierté des individus. Sinon, nous pouvons dire adieu au citoyen et se contenter du statut de client.
Les questions épineuses viendront du rôle d’Hydro-Québec et de la Caisse de Dépôt et de Placement du Québec.
Mais nous devons faire des choix cohérents, réalistes et démocratiques pour résorber la pauvreté.
Non mais, pensez-y: travailler pour être pauvre!
Travailler et ne pas être capable de vivre!? Je n’appelle plus ça vivre, mais bien survivre.
J’ai vu de mes yeux vu un homme qui vivait travaillait dans un dépotoir au Brésil; il y vivait dans une petite cabane de fortune car le coût de l’autobus entre sa vraie maison et son lieu de travail était tellement cher qu’il ne pouvait se permettre de faire le trajet chaque jour.
Pouvez-vous seulement imaginer??
J’applaudis l’initiative de Morgan Spurlock; faut vivre la pauvreté pour en comprendre les enjeux réels. C’est facile d' »intellectualiser » la pauvreté, d’en faire une thèse de maîtrise. C’est tout autre chose que d’y faire face.