À lire, la chronique de Paul Cauchon du Devoir. Il y traite de la vision d'avenir de la télévision québécoise, version Quebecor. L'empire, rappelons-le, a suspendu ses paiements au Fonds canadien de télévision pour protester contre les règles "désuètes" imposées par le CRTC.
Quebecor pensent que les règles devraient être assouplies, que le marché devrait avoir toute latitude, que le public saura reconnaître une bonne d'une mauvaise émission…
Encore faudrait-il pouvoir définir ce qu'est une bonne émission. Avec deux millions de téléspectateurs la semaine dernière Le Banquier à TVA a été l'émission, de loin, la plus écoutée des ondes. Qu'est-ce qui contribue le plus à l'identité culturelle? Un jeu-questionnaire adapté d'un succès américain, basé sur l'appât du gain, ou les dix nouvelles séries de fiction qui ont été commandées cette année par Radio-Canada? Poser la question de cette manière nous entraîne peut-être trop loin… mais s'il faut revoir toutes les règles, il faudra bien la poser à un moment donné.
Pour Quebecor, il est de plus en plus insupportable que la télévision publique reçoive une subvention gouvernementale annuelle tout en puisant dans un fonds, le FCT, alimenté par des entreprises privées.
En posant le problème de cette façon, Quebecor nous force évidemment à nous interroger sur le mandat de Radio-Canada et sur les sommes dont elle a besoin pour réaliser ce mandat. En soi, c'est une réflexion qui n'est pas mauvaise, qui pourrait même être nécessaire.
Quant à moi, je réitère ma position dans ce dossier: "Que l'argent privé paie un service privé, et que l'argent public paie un service public…"
Et si on dit oui pour tout à Quebecor et qu’on leur coupe le financement publique… Est-ce que Star-Academie va demeurer un documentaire et restera subventionné comme tel à même nos deniers?
Le banquier va t-il devenir une émission d’affaire publique pour avoir droit à ces dites subventions?
À suivre…
Star Ac’ n’est pas un documentaire et ne reçoit pas de deniers publics (c’est ce que Julie Snyder voulait, mais ce souhait n’a jamais été exaucé).
Si l’on disait « oui » pour tout à Quebecor et à TQS, il faudrait couper le financement public. Ainsi, ces deux chaînes privées pourraient s’en donner à coeur joie avec leurs téléréalités bourrées de placements de produits, leurs téléromans cheap et leur télé-poubelle (comme l’Avocat du diable à TQS). Ils pourraient faire comme bon leur semble sans avoir à entrer dans des normes imposées par le CRTC.
Résultat: nos deux réseaux privés généralistes auraient probablement une allure très, très différente de nos deux réseaux publics. Pour une fois, on verrait une différence marquée entre produit culturel signifiant et exercice commercial.
Le public fera son choix. Mais ne financera plus un réseau de télévision dont l’unique objectif est de générer des profits.
On oublie trois choses dans le dossier du Fonds canadien de télévision :
1) Quebecor n’est pas le seul réseau de distribution a cesser ses paiements au FTC, Shaw Communication a pris la même décision;
2) le FTC sert à produire des émissions de télévision canadiennes;
3) Quebecor crie à l’injustice en jouant avec les statistiques afin d’expliquer pourquoi il ne contribue plus au FTC.
Cela étant souligné, il est bon de baser une réflexion importante sur la manière dont se fait et se finance la télévision, au Canada.
En effet, il est toujours de saison de parler du mandat de la SRC, chaque fois qu’on remet en question ses revenus publicitaires venant s’ajouter au financement public qui est accordé directement à la Socité d’État. Et ce, en essayant de la distinguer des réseaux télévisuels privés avec qui elle entre en compétion pour les mêmes revenus.
Par contre, deux câblodistributeurs régionaux ne peuvent pas se retirer du fond canadien de financement télévisuel parce qu’il croient que le FTC est un système de péréquation télévisuel!
Y a-t-il vraiment un scandale lorsqu’un consortium médiatique comme Quebecor (à la fois responsable d’un RÉSEAU via Vidéotron, DIFFUSEUR de contenu à travers TVA et PRODUCTEUR de contenu par le biais de ses compagnies de production) prétend que sa contribution au FTC sert davantage à la SRC qu’aux émissions présentés sur ses écrans?
Non, parce que la SRC diffuse uniquement DAVANTAGE d’émissions de télévision répondant aux normes établis par le FTC, tout simplement!
Bref, ce qui fait chier Quebecor, c’est qu’on ne finance pas ses produits mercantiles d’une manière proportionnelle à sa contribution financière.
Mais le but du FTC n’est pas de corriger les désavantages structurels d’un empire médiatique qui fait dans la convergence médiatique!
Elle est là pour proumouvoir la télévision ayant un contenu CANADIEN fait par des gens d’ICI.
Pas besoin de posséder un doctorat en communications pour comprendre ça!
Tout à fait d’accord avec toi Steve (Boudrias). Excellente conclusion.
En gros, Shaw et Quebecor ne veulent plus verser d’argent dans un fonds que d’autres chaînes utilisent pour promouvoir du contenu canadien.
Avoir une télé qui nous ressemble est un devoir. Quebecor (TVA) désire moins que Radio-Canada d’endosser ce devoir. De plus, l’empire voudrait que Radio-Canada ne reçoive pas d’argent fourni par TVA pour remplir un devoir que TVA veut moins remplir.
Cette question serait légitime et se règlerait rapidement si TVA n’était pas diffusée sur des ondes publiques. Or, ce n’est pas le cas. TVA est diffusée sur des ondes publiques, et cela demande que l’on respecte un minimum de devoirs. La promotion d’un contenu canadien en est un. Ces ondes appartiennent au peuple canadien. Nous élisons des gens pour veiller à ce qu’elles soient utilisées le plus possible pour profiter à l’ensemble des canadiens.
Je n’aurais aucun problème si TVA décidait demain matin de devenir une chaîne câblée et qu’elle décidait de faire une télévision entièrement privée et payante, financée à même la publicité et les revenus des abonnés. Pas de problème. Tant que ça reste privé entre adultes consentants, faites ce que vous voulez…
Ce n’est pas ce qui arrive. Quebecor voudrait garder l’accès au financement public (du FCT) sans respecter les devoirs qui viennent avec. Là, ça me tique. C’est exiger le beurre et l’argent du beurre.
Le dossier est immensément complexe. J’ai hâte de voir quelle sera la réaction du CRTC.
Je me permet de rajouter un commentaire en m’appuyant cette fois sur l’argument technologique mis de l’avant pour justifier le désistement financier de Quebecor du FTC.
Au-delà de l’argumentation de principes, je crois que Quebecor adopte une stratégie allant carrément à l’encontre de ses intérêts financiers.
Pour mieux comprendre mon point de vue, il faut revenir quelques années en arrière, à une époque de grands bouleversements. À ce moment-là, le CRTC a dû encadré l’évolution des télécommunication constitués des secteurs de la téléphonie locale, la câblodistribution et la téléphonie cellulaire. Tout ça parce que l’évolution technologique permettait un redéploiement d’une offre de services (déjà existants ou nouveaux) à la population canadienne.
Puis, cette transition réglementaire entraînée par l’innovation technologique s’est réalisée avec de nombreux ajustements du CRTC, dans le respect de l’intérêt public ET des règles élémentaires de la saine concurrence.
Ainsi, depuis que la métamorphose et la multiplication des réseaux de diffusion est arrivée à terme – ou presque – une question cruciale a été négligée par l’industrie, au pays: celle du CONTENU canadien.
Alors, d’après moi, Quebecor devrait avoir un discours contraire à celui qu’il tient aujourd’hui, dans son propre intérêt, en plus de celui des Canadiens!
Et effet, si Quebecor changeait sa position et adoptait une attitude innovante culturellement, et incitait plutôt TOUS ces concurrents à AUGMENTER massivement leur contribution au fond, il ferait une pierre, trois coups:
1) il permettrait aux maisons de produtions d’augmenter leur offre de contenu et de la diversifier en l’adaptant aux différentes possibilités des diffuseurs;
2) il reprendrait l’initiative dans cette crise;
3) il se placerait en position de force pour négocier les règles de partage du FTC revu et corrigé.
Quebecor ne peut pas se réinventer, mais il doit s’adapter rapidement. Pour ce faire, il doit INNOVER.
La Société Radio-Canada, sur son site web accessible à tous et toutes, a émis ce communiqué suite à la sortie de Péladeau et l’autre: http://www.cbc.radio-canada.ca/communiques/20070125.shtml
Appuyant les dires de M. Boudrias, toujours aussi informé…
Merci beaucoup madame Prasow pour ce lien très pertinent!
La question que je me pose à présent: pourquoi le reportage de TVA (propriété de Quebecor) ne présentait pas la réalité dans son ensemble?
Un autre cas flagrant d’intervention économique dans la politique rédactionnelle du bulletin de nouvelle télévisée, qui vient s’ajouter à l’orientation prise par le Journal de Montréal dans sa couverture de l’actualité?
Et après on se demande ce qui nuit le plus à la crédibilité journalistique…
Contrairement à ce que croit Richard Martineau, ce n’est pas la « guerre » entre les quotidiens (qu’on pourrait qualifier de saine compétition) qui tue la profession journalistique.
C’est un consortium qui gère ces salles de nouvelles comme si c’était l’équivalent des rôtisseries St-Hubert, calvaire!
J’en reviens juste pas!
Faire des économies de bout de chandelle avec le FTC et couper dans la diversité journalistique et culturelle, c’est une stratégie de communication tellement peu défendable économiquement parlant que j’en tombe presque en bas de ma chaise!
Allo?! Faire des économies d’échelle en donnant de plus en plus l’impression qu’un organe médiatique n’est que le faire-valoir de l’autre, c’est tellement risqué d’un point de vue marketing que ça va finir par dévaluer tout ce qui porte la marque « Quebecor » aux yeux de la population avant longtemps…
Ridicule.
Y’a des coups de pied au cul qui se perdent, ou le PKP a la tête dure… et la mémoire courte. Car il faut se rappeler que c’est une grève providentielle dans le milieu qui a permis au « Journal de Montral » de naître, n’est-ce pas?
Merci pour la précision!
En entrevue J. Snider essayait tellement de valider que son Star Academie comme documentaire que j’étais sur que le tout avait fonctionné… finalement, il n’y aura eu que son image d’écorché. Fiouuuuu!