Encore une histoire d'éthique journalistique.
Le journaliste et chef du Bureau parlementaire de Radio-Canada à Québec, Bernard Drainville, vient d'annoncer à la surprise générale qu'il se porterait candidat pour le PQ aux côtés d'André Boisclair aux prochaines élections provinciales.
Le truc, c'est que pas plus tard que dimanche dernier, Bernard Drainville interviewait André Boislair à la télévision. Cela, sans que personne ne sache que les deux hommes avaient des projets communs.
Pas fort.
Et comme gestion de crise, ça commence très mal une carrière politique. La première étape d'une gestion de crise n'est-elle pas, justement, d'essayer fort fort d'éviter les crises?
Me semble.
Le gars est journaliste à Radio-Canada. La télé publique. Il veut devenir candidat pour le PQ. Super. Bravo pour lui. Si ça le rend heureux, fine.
Sauf que, dès la minute, la seconde où il a pris cette décision, il aurait dû quitter son emploi de journaliste, ne plus exercer de travail journalistique, partir en congé de maladie pour deux semaines, envoyer une lettre, un courriel, un sms, un signal de fumée à ses patrons.
Bref, faire tout… sauf interviewer son futur chef à la télé publique pendant que tout le monde croit qu'il est objectif et neutre comme du béton.
Cela me semble être une évidence.
Je n'arrive pas à comprendre comment on peut logiquement penser qu'il puisse en être autrement.
Extrait du Guide de déontologie de la Fédération des journalistes du Québec, article 9:
Les journalistes doivent éviter les situations de conflits d'intérêts et d'apparence de conflits d'intérêts, que ceux-ci soient de type monétaire ou non. […] Les conflits d'intérêts ne deviennent pas acceptables parce que les journalistes sont convaincus, au fond d'eux-mêmes, d'être honnêtes et impartiaux. L'apparence de conflit d'intérêts est aussi dommageable que le conflit réel.
Traitez-moi de mononcle, mais ce sont là des principes qui me tiennent à coeur.
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Enfin… avant de trop s'énerver le poil des jambes avec cette histoire, rappelons-nous cette leçon de Bernard Landry: "Audi Alteram Partem". Laisse l'autre parler…
Bernard Drainville s'expliquera demain.
J’ai vu cette interview. Je trouvais Barnard Drainville exagéréement agressif envers Boisclair. Exemple de questions: « Comment pouvez-vous prétendre au poste de Premier Ministre alors que vous avouez vous même ne pas être à la hauteur? »
Par contre, Boisclair paraissait bien, posé, sans jamais perdre son calme. Était-ce planifié? A-t-on voulu montrer le chef du PQ comme un homme qui est à la hauteur fait de l’étoffe des vrais chefs? Ou alors est-ce que le journaliste a senti le conflit d’intérêt et a voulu en rajouter une couche pour clouer le bec des détracteurs?
Bernard Drainville aurait pu jouer aux fléchettes sur le thorax d’André Boisclair, il y a toujours eu « apparence de conflit d’intérêt » Et c’est ce qui est en cause ici.
« Les conflits d’intérêts ne deviennent pas acceptables parce que les journalistes sont convaincus, au fond d’eux-mêmes, d’être honnêtes et impartiaux. »
Je me questionne à savoir pourquoi tant de journalistes parlent de l’apparence de conflit d’intérêt de Bernard Drainville, alors que lorsque Jean Lapierre s’est présenté en politique après avoir oeuvré longtemps comme journaliste et surtout après avoir été à tu et à toi avec nombre de politiciens, personne ne s’est insurgé ou inquiété des conflits d’intérêts?
Peu importe de quel point de vue vous observez la chose, il est très difficile de voir cette annonce de candidature sous un jour favorable.
Premièrement, Bernard Drainville couvrait directement l’actualité politique et, deuxièmement, il interviewait carrément le chef du parti pour lequel il se présente aujourd’hui, moins d’une semaine avant de se lancer dans le « cirque ». Il y a quand même des limites à respecter!
Pas besoin d’avoir étudier en Sciences Politiques ou en journalisme pour se poser des questions par rapport à ce changement de vocation aussi abracadabrant!
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Cela étant dit, le conflit d’intérêt mis à part, je me demande en quoi ce journaliste prestement défroqué transforme un peu plus le groupe de candidats d’André Boisclair en « équipe de rêve »…
Tout ce que ce débauchage politique démontre, c’est à quel point « le monde est petit » (dans tous les sens du terme) et dans quelle mesure le « copinage » entre journaliste et politiciens peut déboucher sur des situations tout à fait scabreuses.
Car à moins d’être tout à fait partisan du PQ, je ne vois pas comment on peut justifier un revirement pareil. Et ce n’est pas en évoquant la carrière de Jean Lapierre qu’on va éclaircir le débat sur l’éthique (politique et journalistique, car les deux sont en cause ici) ou établir clairement où commence l’apparence de conflit d’intérêts et où finit l’opportunisme tendancieux.
J’adore la politique mais, là, c’est difficile d’en parler en disant que c’est la plus noble des vocations publiques…
Enfin, je crois ce que nous avons perdu de plus précieux, au Québec, et qui existait à l’époque de René Lévesque, c’est justement le fait qu’on réussissait encore à intéresser des gens de TOUS les milieux à la chose politique. Et c’est ce qui faisait que la population en général réussissait à se reconnaître dans les idéeaux et les principes défendus par les politiciens qui décidaient de se dévouer à la cause d’un parti, d’un gouvernement et de tout un peuple.
Ben parlons-en, justement, de l’époque de René Lévesque. Le chef historique du P.Q. n’était-il pas lui-aussi un ancien journaliste de Radio-Canada? Après sa défaite personnelle de 1972, n’a-t-il pas tenue une chronique dans le Journal de Montréal tout en restant chef du P.Q.? Et combien de députés de la vague de 1976 étaient d’anciens journalistes (notamment du Jour)? Peut-être que « dans le temps » on était un peu moins vite sur le piton et qu’on ménageait un peu plus les apparences mais bon… Ce surprendre qu’un commentateur politique fasse le saut c’est comme se surprendre qu’un avocat le fasse.
Outre l’entrvue avec son futur, Bernard Drainville a aussi eu une longue conversation, lundi, avec l’attaché de presse de l’ADQ, sur la stratégie de ce parti. Aussi, il y a quelques semaines, un reportage sur une entorse au financement dans le camp Couillard. Ça paraît mal, très mal.
La tête de son boss, Alain Saulnier, hier en disait long. Disons que c’était pas la meilleure journée de sa vie…
Mais bon, laissons le s’expliquer…Peut-être qu’il a pris sa décision genre, hier…hum. J’ai hâte d’entendre ses anciens collègues lui poser des questions…
Puis pour Jean Lapierre. Il n’est pas et n’a jamais été un journaliste. C’est un commentateur de tout, un politicien désengagé, un analyste engagé, un ….en tout cas, tout sauf un journaliste !
Je travaille au Centre de l’information à Radio-Canada et je peux vous dire que quand la nouvelle est sortie hier après-midi, ça a eu l’effet d’une bombe. Outre les raisons évoquées ci-haut, le bureau de Québec doit se trouver un nouveau chef/analyste à la dernière minute avant le déclenchement de la campagne électorale (dans un peu plus d’une semaine, selon plusieurs).
J’ai hâte de savoir depuis quand Drainville a pris sa décision de joindre le PQ. Mais le saura-t-on vraiment? Quoiqu’il en soit, on ne peut pas jouer sur les deux tableaux en même temps. On ne peut pas demander des comptes aux partis politiques et se joindre comme acteur important d’un de ces partis en même temps.
Disons que ses collègues ne manquanient pas d’épithètes pour qualifier la chose, hier….
On joue les vierges offensées,maintenant!!!
Drainville au P.Q.,c’est formidable.
J’ai hâte qu’il lève le voile des apparences et qu’il nous mette au frais du grenouillage qui a entouré la suspension
de la journaliste Christine Saint-Pierre,à propos de
l’Afghanistan.
J’ai hâte qu’il nous dise à nous Québécois,LA VRAIE
RAISON de la cabale menée tambour battant contre la personne d’andré Boisclair,dans « La Presse », »Le Devoir »,
par certains chroniqueurs.
En ce qui concerne la fameuse éthique,mon cher Steve,j’ai le regret de vous informer que je ne lui accorde pas plus
de valeur que mon dernier rouleau de papier de toilette.
Vous pourrez lire la suite dans les prochaines chroniques de Dubuc et Pratte,et dans les prochains sondages
Léger Boulechiteting.
Oh,en passant,j’ai le feeling que le P.Q. va les gagner,
les prochaines élections,et haut la main!!
Un feeling cochon,à part ça,comme en 76!
Je suis tout à fait d’accord pour dire qu’il y a certes apparence de conflit d’intérêts. D’autant plus que Christine St-Pierre s’est vu imposer un « temps de réflexion » d’au moins 4 semaines.
Mais la question sur laquelle nous devons nous arrêter est la suivante: à l’ère de l’information en simultané et des blogues exponentiels, est-il nécessaire de redéfinir la notion même d’éthique ou devons-nous nous contenter de s’embarquer dans le même bateau de cynisme latent que nous offre la politique?
Car qui dit code d’éthique, dit respect du code.
Et le respect semble être de moins en moins en vogue.
Bernard Drainville n’est pas le seul , ni le premier , ni le dernier, à faire l’aller-retour media-politique: depuis les Lévesque, Payette , Charron , Cournoyer, Boucher Andrée, André Arthur , Lapierre , la liste s’allonge; tout cela ne semble pas « kasher » ; dans ce cas-ci, on a mentionné qu’il conservait son lien d’emploi avec Radio-Canada, il demeure en congé sans solde; c’est donc qu’il pense revenir au journalisme…dans quel état et dans quelles fonctions ?
Ne devrait-il pas y avoir , comme dans le cas des chômeurs, un « délai de carence » de quelques mois ou de quelques années; la crédibilité des uns et des autres en sortirait consolidée.
Est-ce qu’on est en train de douter de l’intégrité d’un candidat ici ???
Est-ce qu’on parle d’intégrité, de crédibilité, de conflit d’intérêt, d’opportunisme, d’intérêt personnel, de loyauté, d’éthique professionnelle et un peu d’hypocrisie ????
Il y en a vraiment qui pense que cette histoire c’est du NOUVEAU ???????
Same shit, different political guy!
C’est toujours la même pièce de théâtre minable avec des acteurs différents…
Regardez cette offre d’emploi.
http://minilien.com/?VFgGbw5ZrB
Titre: Le candidat agira comme Chef du bureau parlementaire pour la Télévision française à Québec.
Date d’affichage: 31 janv. 2007, 11h 56
Drainville a affirmé en conférence de presse avoir pris sa décision le 6 février.
Que doit-on comprendre?