Un nouveau magazine signé Monsieur "Bonne Semaine" (Claude J. Charron) est apparu dans les supermarchés. Samedi Magazine, "L'indispensable du week-end", avec Marie "Loft Story" Plourde au poste d'éditrice déléguée.
Je l'ai acheté. Surtout par curiosité morbide.
En édito, Marie Plourde écrit: "Samedi Magazine ne ressemble en rien à ce que j'ai lu jusqu'ici."
Ouan. Elle n'a pas lu grand-chose la Madame. Ou elle se tient trop dans les salons de coiffure.
Marie Plourde souligne les qualités de son nouvel hebdomadaire: "des dossiers solides remplis d'émotions", un "contenu fort, de la substance" et "une information divertissante"…
Du côté des dossiers solides: Marie-Josée Taillefer nous présente sa fille, atteinte de surdité, une entrevue gentille avec Pierre Curzi, une autre entrevue avec Pierre Marcotte par son ex-épouse Ginette Ravel… Du solide.
En ce qui concerne le "contenu fort, la substance", je repère un dossier fait en collaboration avec le Magazine Figaro sur les "enfants de dictateurs" et une série sur Haïti. Pas mauvais. Il y a aussi une série sur les hommes forts. Contenu "fort", au sens propre du terme.
Et l'information divertissante? Des potins d'Hollywood, des recettes, une chronique sur la nutrition et des trucs pour organiser son tiroir à débarras, gracieuseté de Martha Stewart. Vous voyez le genre…
N'en déplaise à Marie Plourde, Samedi Magazine ressemble en tout point aux magazines dont Claude J. Charron saupoudre le Québec depuis le lancement du Lundi en 1977. Des magazines d'actualités people exactement dans le même esprit que 7 Jours, La Semaine ou Dernière Heure.
Bref, rien de neuf sous le soleil.
En fait, quand j'ai lu Samedi Magazine, le seul sentiment que je n'ai pas eu est précisément celui de me dire: "Ciel, ce magazine est vraiment révolutionnaire…"
Le pire, c'est que je suis convaincu que ce magazine sera un succès commercial complet.
Un machin qui s’appelle « Samedi magazine », qui ne sera qu’une excroissance « branchée » du « 7 Jours » et autres « Dernière heure » ne deviendra pas un succès commercial uniquement à cause de son contenu convenu. Il le sera principalement parce qu’il possède un bon réseau de distribution.
D’après moi, au Québec, nous sommes dû pour un magazine qui saurait utiliser un réseau alternatif majeur de distribution, assisté par internet, qui pourrait offrir un vis-à-vis différent ou divergent, et qui viendrait compléter l’offre d’information offerte en ce moment par un magazine comme « l’Actualité », par exemple.
On n’aurait pas besoin de se casser la tête pour lui trouver un nom: « Le pigiste » ferait bien l’affaire. Et la ligne éditoriale serait simple: tout ce que vous n’avez pas pu lire ailleurs parce que l’article était trop long, pas assez d’actualité, trop dérangeant pour les annonceurs ou pas assez conventionnel graphiquement.
La création de ce magazine auraient de nombreux avantages:
– cette concurrence alternative dans le marché permettrait de faire travailler plus de collaborateurs et mettre une pression à la hausse en ce qui concerne leur rémunération;
– un rassemblement de pigistes de tous les horizons (graphisme, journalisme, illustration, etc.) pourrait s’éclater plus librement et fournir naturellement un contenu à la fois pertinenent et divergent;
– l’utilisation d’un support « papier recyclé/chanvré » pourrait donner au magazine un look différent, en plus de bénéficier de son aspect écologique.
Toutefois, si ça ne coûte rien de rêver, si on peut facilement imaginer qu’il y ait suffisament de talents pour alimenter un tel magazine, tout le défi réside dans sa délicate distribution.
Enfin, de quelle manière un magazine « alternatif » pourrait rejoindre des lecteurs blasés par l’offre actuelle, ou qui auraient le goût de s’informer autrement sans acheter des magazines « étrangers »?
Anyway, je parle pour parler… 🙂
Steve B.,
Je te dirais que le magazine dont tu rêves ressembles beaucoup au magazine Urbania, dont je suis en passant le rédacteur en chef.
Seulement, entre le rêve et la réalité, il y a quelques que$tion$ à régler. Il faut faire quelques concessions.
C’est le propre d’un petit peuple, démographiquement parlant, comme le nôtre. Ses produits culturels, pour survivre, doivent inévitablement viser le plus bas dénominateur commun. Autrement, ses heures sont comptés. Car si la marge peut nourrir ses artisans en France ou aux États-Unis, ici, c’est une autre paire de manches…
À quand l’innovation dites-vous ? 7-Jours, La semaine, Dernière Heure, Samedi magazine … le prochain sera peut-être très innovateur et s’appelera Première Heure ou Dimanche magazine !!! Un gros pas en avant !
Commençons par l’appeler par une autre épithète que le moment de la semaine et je vais m’y pencher.
Aucun de ces magazines n’ont une personnalité propre. Si tu es pris à passer un moment dans une salle d’attente ou tu as une rage de potinage et de superficialité ou que la file est longue chez IGA, tu piges dans le tas, ça revient au même. Désolant.
Je veux bien acheter « Urbania », mais ça ne change rien au fait qu’un large réseau de distribution est crucial. À la fois pour son rayonnement et pour sa survie.
Mais, sans vouloir jouer les « picosseux », est-ce que « Urbania » ne fait pas trop « urbain » dans son appelation? Le Québec a peut-être une petite population, mais si on se limite aux grands centres, on réduit le bassin des lecteurs, non? Un nom rassembleur, c’est important également…
Anyway, du moment que les collaborateurs d’Urbania viennent des quatre coins de la province et qu’ils s’amusent autant qu’ils se battent pour la survie de ce magazine, je veux bien me pencher plus régulièrement sur son contenu.
Merci de me ramener à la réalité… 😉
Oui pour le vaste réseau de distribution.
C’est ce que tout le monde souhaite!
L’affaire, c’est que pour être distribué dans tous les supermarchés, il faut en imprimer de la copie, il faut avoir du volume. Et pour avoir un fort volume, il faut de l’argent. Beaucoup d’argent.
Ce qu’il faut, c’est un millionnaire qui décide d’investir beaucoup, beaucoup d’argent dans un magazine à vaste distribution, qui aura les reins suffisamment solide pour soutenir la concurrence des « gros » magazines de matantes qui pullulent dans notre belle province.
Pas une mince affaire.
Je comprends bien l’origine du « faible » pouvoir de pénétration du magazine dont vous êtes le rédacteur en chef, monsieur Proulx.
Toutefois, je crois que vous avez entre les mains l’amorce de la résolution de ce problème avec le site consacré à Urbania:
http://www.urbania.ca/WEB/index.html
Si vous en faites un point de rendez-vous plus dynamique ou permettant de créer une interaction des lecteurs entre eux (sur les sujets abordés par vos collaborateurs), peut-être que la demande en serait davantage stimulée?
Je sais que ça non plus ce n’est pas gratuit, mais je crois tout de même que c’est mieux que de voir le magazine entrer dans les supermarchés de la province. La plupart des magazines offerts en supermarchés étant conçus comme des produits de consommation devant être achetés et lus de manière impulsive.
Je vois que vous indiquez déjà sur le site vos points de vente en donnant l’adresse et le nom du commerce qui offre le magazine.
Pourquoi ne pas augmenter votre visibilité et diversifié vos points de chute en essayant de l’offrir ailleurs également, tout en soulignant bien ce type de « publicité » indirecte? Par exemple, vendre votre mag dans des librairies/disquaires indépendants, le faire acheter dans des cafés qui cherchent à attirer une clientèle plus raffinée, et, surtout, le faire entrer dans le réseau des maisons de la culture.
Je crois sincèrement que si vous abordez le lectorat qui vous cherche peut-être en ce moment de cette manière-là, vous y gagnerez sur tous les tableaux. Vous respecterez la vocation de votre périodique, vous impliquerez davatage les lecteurs dans la survie de cette entreprise et vous créerez de nouvelles opportunités d’exposition.
Enfin, je vous rajoute ce dernier commentaire sur le sujet afin de vous suggérer quelque chose de plus constructif.
Il serait vraiment dommage qu’une autre bon médium écrit subisse le sort de « Recto-Verso » qui, vers la fin, était si malade qu’il était offert dans les pharmacies…