Avez-vous remarqué le texte de Brigitte McCann, journaliste du Journal de Montréal (propriété de Quebecor), sur Tout le monde en parle.
Elle parle du passage de Claire Samson, présidente-directrice générale de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec. Est-ce moi, où l'on dirait que le passage a été écrit par le porte-parole de Quebecor, Luc Lavoie…
Claire Samson a continué sa campagne contre Quebecor (propriétaire de Vidéotron) et Shaw, qui ont suspendu leurs paiements mensuels au Fonds canadien de télévision.
Devant un Guy A. Lepage peu critique des réponses fournies, elle a réitéré ses scénarios catastrophes. Ce sont 2600 emplois et six émissions sur dix qui seraient en jeu, selon la présidente de l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec.
Son argument repose sur une hypothèse: comme Shaw et Vidéotron ne sont pas punies par le CRTC, d'autres câblodistributeurs suivront nécessairement leur exemple et cesseront eux aussi de contribuer au Fonds canadien. Ce qui, il est vrai, compromettrait la survie de plusieurs émissions en privant les producteurs privés de 150 M$.
Mais l'hypothèse est-elle probable? Claire Samson n'a encore une fois apporté aucun élément le démontrant, hormis cette opinion: «On peut penser qu'une personne raisonnable ne va pas envoyer un chèque si elle n'est pas obligée d'envoyer un chèque.»
Or, le câblodistributeur Cogeco, deuxième plus important au Québec, a affirmé cette semaine dans nos pages qu'il n'avait pas l'intention de suivre l'exemple de Vidéotron. Ça en fait au moins un.
Luc Lavoie, comme le rappelait Louise Leduc dans « La Presse », vendredi dernier, dans son article sur le « club des Ex », a été journaliste à « TVA » après avoir été conseiller de Brian Mulroney.
Alors, d’après moi, avoir des contacts dans le milieu politique « conservateur » et une expérience en journalisme doit aider à élaborer un lobbying d’entreprise plus efficace et offrir son « expertise » afin que le « Journal de Montréal » développe un point de vue plus critique et plus objectif sur la crise du FTC, non? 😉
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Anyway, cette situation très problématique a le mérite de nous rappeler à quel point notre culture télévisuelle est fragile et défendue de manière complexe.
Mais ce qui me surprend le plus, c’est que l’initiative du Fonds télévisuel canadien semble être très jeune. Si je me souviens bien, madame Samson disait que la création du FTC remontait à une date aussi récente que 1996.
Alors je me dis qu’on pourrait comprendre les origines de ce problème en se posant quelques questions.
1) Quels sont les acteurs qui ont contribué à créé le FTC?
2) Quels étaient les motifs évoqués par le CRTC pour créer le fonds, dans la forme où on le connaît?
3) 1996, n’est-ce pas l’année à partir de laquelle le CRTC a permis aux grandes compagnies de télécommunication (Rogers, BCE, Quebecor, etc) de se concurrencer les unes les autres dans tous les secteurs d’activité?
D’ailleurs, la contribution la plus importante de la présidente-directrice générale de l’Association des producteurs de films et de télévision du Québec dans le débat, n’est-ce pas son commentaire concernant l’autorisation tout aussi récente de la propriété croisée?
Finalement, concernant l’attitude très laxiste de Bev Oda face aux mécanismes de réglementation du CRTC, pourrait-on rappeler, comme l’a fait le député du NPD Charles Angus, que celle-ci s’opposait aux obligations imposées par le CRTC concernant les contributions des câblodistributeurs lorsqu’elle était commissaire au même CRTC?
Finalement, tout va bien, PKP vient de trouver la solution.
Je viens de voir ça sur le portail de Canoe:
http://lcn.canoe.com/lcn/artsetspectacles/general/archives/2007/02/20070212-171905.html
La solution?
« Pierre Karl Péladeau suggère de verser, dès cette année, la somme de 30 millions de dollars dans le Fonds Quebecor, plutôt que les 19 millions de dollars prévus pour le Fonds canadien de télévision.
L’argent contenu dans le Fonds Quebecor servirait uniquement à des productions destinées à la famille des propriétés du groupe Quebecor media. »
Aaaaaaaah! C’était aussi simple que ça!
Fallait y penser.
C’est vrai, quoi, le problème avec le Fonds télévisuel canadien c’est son nom… ou le fait qu’il soit canadien. C’est économiquement logique. Est-ce socialement, politiquement ou culturellement acceptable? On s’en fout!
Alors, si je comprends bien, Quebecor a décidé de résoudre le problème de l’industrie de la production télévisuelle indépendante en injectant plus d’argent dans ses propres boîtes de production.
Mais ce que je ne saisis pas c’est: la maison de production québécoise qui ne fait pas partie de la « famille des propriétés Quebecor », comment se définit son « indépendance »?
Quand je pense que la Caisse de dépôt et de placement (une institution fonctionnant à même les fonds publics) est intervenue en faveur de Quebecor pour faciliter son acquisition de Vidéotron, j’ai de la difficulté à évaluer l’importance que ce citoyen corporatif accorde aujourd’hui à l’intérêt public.
Bref, si tout ce que trouve la direction de Quebecor pour sortir d’une crise (qu’il a contribué à provoquer), c’est de mépriser la vocation d’un fonds mis sur pied par un organisme chargé de protéger l’intérêt du public canadien, je ne trouve pas ça très brillant.
Enfin, j’attends la prochaine conférence d’un représentants de Quebecor, où on nous apprendra de quelle manière l’intégration verticale favorise la diversité du contenu culturel et informatif.