Les Américains utilisent l'expression Jump the Shark (sauter le requin) pour identifier le moment où une série a véritablement atteint le bout du rouleau, qu'elle a tout donné, qu'elle amorce son déclin.
Pour la petite histoire, l'expression découle d'un épisode de la célèbre sitcom Happy Days. Six ans après le début de la série, le personnage de Fonzie (Henry Winkler) fait du ski nautique – en veste de cuir – et saute par-dessus un requin… Dans les annales télévisuelles, ce moment marquera le début de la fin de Happy Days…
Au Québec, pour exprimer précisément la même chose, on pourrait avoir l'expression "Sauter la chèvre"…
Voyez par vous-même cet extrait de Virginie. Hi-la-rant.
Je pense que Fabienne a bel et bien fait le tour du jardin avec son célèbre téléroman.
Ma chronique sur le "sautage de requin".
Merci à Sébastien Lavoie pour la piste.
«Comment Virginie tue la famille», «Virginie coupable». Deux titres dans le cahier Plus de La Presse du 17 février dernier. «Loft story, Virginie et les petits enfants…», autre titre, dans Cyberpresse, le 17 février 2006 : http://www.cyberpresse.ca/article/20060217/CPOPINIONS/60217084&SearchID=73273036357248
Bref, Virginie ou la télé ne favoriseraient guère la famille. Et il en serait de même d’une certaine «productivité» accrue du travail. Qui contribuerait à «produire» plus de dysfonctionnements ou d’éclatements de familles. Ah, pulsion de mort, quand tu nous tiens!
Voyons donc .. C’est vraiment passé à la télé ça ? En plus il y a eu l’histoire du père-amant-inconnu qui était totalement attroce, me semble tant qu’à faire dans le ridiculement pathétique, prend donc des vacances Fabienne. Ça va nous faire, et te faire – assurément, du bien.
Selon le principe de Peter, dans une hiérarchie, un employé tend à s’élever à son plus haut niveau d’incompétence.
Selon le principe de « Léon », au cours d’une série télévisée populaire, une émission tend à se développer jusqu’à son plus haut niveau d’ameublement.
Ainsi, trois indices permet de réaliser qu’une émission a atteint ce point de rupture créative, selon le même principe (inspirée par les pubs d’ameublement qui caractérisent ce type de rendez-vous médiatique).
1) lorsque l’audimètre ne varie plus, peu importe ce qui se passe, l’émission devient un simple véhicule publicitaire puisque l’auteur peut se mettre à flirter avec l’absurdité (d’où l’image du sautage de requin) sans même que les téléspectateurs habituels réagissent à la nouveauté;
2) lorsque la publicité d’un annonceur finit par voler la vedette de l’intrigue de l’émission regardée, le principe de Léon commence à se manifester (par exemple, vous regardez une de vos émissions préférées et puis, soudain, vous vous retrouvez à discuter de la couleur des murs ou de la disposition des meuble dans le salon);
3) lorsqu’on organise des concours pour relancer ou bouleverser le développement de la série, l’auteur a définitivement atteint un point de non-retour car la série de lui appartient plus.
On pourrait ajouter que plus une émission puise dans l’actuatlité plus ou moins récente, on se rend compte que la série est au bout du rouleau, elle n’a plus rien de nouveau à dire, alors elle se met à discuté avec ses fidèles.
C’est peut-être ce qui pourrait expliquer pourquoi Dieu se met à intervenir dans l’émission, justement…
Pour ma part, la télé-série de Fabienne est d’une insipidité insondable chaque fois que j’y jette un coup d’oeil. C’est bourré de clichés, c’est racoleur, c’est populo-fake, c’est kitch hard, c’est caricatural, lourd, prévisible, bête et débile.
Dès la première seconde, cette série avait « sauté le requin », si je peux le dire franchement.
Le pire, c’est la complaisance des médias, du milieu télévisuel et des acteurs qui participent à cette chose comme si c’était la grosse affaire à la télé.
Et si quelqu’un se prononce contre cette escroquerie télévisuelle, il passe pour être un snob, c’est évident. Je ne me targue pas d’être un intellectuel – je n’en suis pas un – je ne fais que me servir de mon jugement.
Le Québec qui avance en arrière, c’est Virginie.
«I cried all the way to the bank!»
Qu’on le veuille ou non, madame Larouche, enfin je l’espère pour elle, doit pleurer jusqu’à la banque.
La culture de Liberace était pleine de clinquant, de paillettes mais, elle plaisait à plusieurs, qu’on le veuille ou non!
On ne peut tous lire du Muzil à pleine dents tous les jours ou s’imprégner de Proust et ses apartés interminables. Même Gide n’avait pas aimé Proust lors de sa première lecture et l’avait refusé chez Gallimard. La culture, avec un grand «K» comme en allemand Kultur, se déguste avec le goût qui nous fut inculqué ou que l’on s’obligea à digérer.
Certains aiment la poutine d’autres le foie gras. Moi, je n’aime pas la poutine et vous ? J’apprécie le foie gras mais, il est hors de prix et mon foi ne peut le digérer. Tout est question de choix!
Voir un petit texte écrit par George Orwell (1946) où il compare l’achat de cigarettes à l’emprunt de livres à la bilbiothèque:
http://www.orwell.ru/library/articles/cigar/english/e_cigar
Tout est question de choix!
À vous de voter, avec vos pieds, votre tête ou votre coeur.
Pour moi, cette séquence est un véritable appel au secours de Fabienne Larouche. Elle ne sait plus comment se débarrasser des désoeuvrés qui trippent sur sa Virginie, alors elle envoie des messages désespérés: « Regardez! J’ai sauté la chèvre! ma série n’est même plus cohérente! Allez-vous arrêter de me regarder, sacram…? ». Eh non, il y aura, semble-t-il, toujours des ringards pour regarder Virginie. Un jour, dans un ou deux millénaires, la série existera toujours, mais sera un mystère: d’où vient-elle? où va-t-elle? Elle apparaîtra aux humanoïdes du futur comme un effet sans cause, une espèce de big bang. Il y aura probablement des ouvrages de philosophie écrits à son sujet…
Je viens de visionner le charmant extrait de Virginie. Oui, la première partie nous fait se questionner sur la qualité de la bouffe qu’on vient de manger : quelqu’un y aurait-il méchamment ajouté de la drogue ? Mais non, cela a existé pour vrai à la télé. Puis, roulement de tambour, le visage de Louise Deschâtelets m’apparaît dans toute sa… ? J’aimais bien Louise à l’époque d’Entre Cadieux, elle fut une très belle femme, racée. Son courrier dans un journal local est parfois teinté d’intelligence. Or, dans cet extrait, quelle apathie du visage ! Quelle « descente » de traits (sans vouloir être méchante: j’aurai bientôt moi aussi des rides) ! Comment dire « Merci » et « plus que la naissance de tes enfants », « plus que notre mariage » avec la MÊME expression ? Un chausson avec ça ? aurait pu s’y glisser sans être hors contexte !! Conclusion : non seulement la série est « fatiguée » et fatiguante, mais ses comédiens ont l’air de penser « qu’est-ce que je fais là ? »… Est-ce que le passage dans Virginie serait le « soin palliatif » du comédien, juste avant de s’éteindre ? C’est ce que le visage de la chèvre, pardon, de Louise, semble dire.