On critique souvent les journalistes d'être les "courroies de transmission" des grands lobbys. Nous, les journalistes, on est juste bon à repiquer des communiqués. Et l'actualité qu'on suit n'est dirigée que par les intérêts des grandes entreprises employant de brillants relationnistes. Vous connaissez le préjugé. Vous l'avez peut-être.
Or, pensez-vous que les blogueurs, qui occupent de plus en plus l'espace médiatique, échappent à cette réalité?
Un article d'Infopresse sur les relationnistes qui s'intéressent de plus en plus aux blogues. On leur envoie désormais des communiqués, des exemplaires gratuits, on échange avec eux. On cherche à les influencer.
Pour l'instant, certains blogueurs répliquent. D'autres ne disent rien.
Ceci dit, les blogueurs jouissent encore d'une image de pureté et d'indépendance. Les gens aiment bien se dire qu'un blogueur anonyme qui entretient son carnet la plupart du temps bénévolement, et sans avoir à respecter aucun principe de déontologie, a une voix beaucoup plus "vraie" qu'un pauvre journaliste manipulé par les grands pouvoirs.
Cette image ne durera pas. Plus ils auront de pouvoir, de présence médiatique, plus les blogueurs deviendront la cible des agents du commerce de l'influence. Et plus, dans l'opinion publique, ils susciteront le doute et le cynisme… Bienvenue dans la gang!
Je vous offre peut-être ma naïveté en pâture mais j’ai de la difficulté à percevoir la menace de la masse des blogueurs et particulièrement présentement que je m’apprête à en ouvrir un pour les Correspondances d’Eastman (en lien avec l’événement et toutes autres activités littéraires).
Je me perçois plutôt comme un élément stimulant, rassembleur, un genre d’animatrice de l’écrit. Oui, il y a aussi de la promotion subjective bien sûr. Mais au moins, elle est identifiée comme telle. Dans mon cas (et je crois dans le cas de plusieurs), c’est une action bénévole amateur et amateur pris dans le sens de passionné. On parle clairement au « JE » et c’est, semblerait-il, ce qui plaît. Chaque blogue a sa personnalité, celle de la personne qui le nourrit.
Je pense au blogue « Chroniques d’une mère indigne ». Cette jeune mère était loin de penser en envoyant ses réflexions comme on le fait dans un journal intime, et celui-ci ouvert à tous, qu’elle passerait un jour sous presse. C’était son lancement hier. Elle est arrivée à point nommé, répondant au besoin de plusieurs mères de s’épancher, faisant tomber le carcan trop serré d’un idéal de mère, parfaite en tout temps, celle qui cajole, éduque et aime ses enfants à toutes les secondes de la journée.
Je dois avouer que le phénomène des blogues qui prolifèrent comme des puces me fait réfléchir. Cela prend tellement d’ampleur et est à la portée de tous (j’en suis la preuve !)je me questionne comme pour tout ce qui prend de l’ampleur ; quel besoin cela comble-t-il et où s’en va-t-on ? J’ai une ébauche de réponse pour le besoin : ne serait-ce pas la masse silencieuse qui veut maintenant s’exprimer ?
À quand le moment où chaque personne aura son blogue !? Je ne sais plus quel magazine (le Time, je crois) avait nommé personnalité de l’année, la première page affichant un miroir renvoyant la réponse à celui qui prenait la revue dans ses mains : Vous.
Les jeux d’influence sont « dangeureux » ou « dommageables » seulement si les gens manquent d’esprit critique et ne consultent les médias que pour se magasiner un point de vue ou une opinion « fashion-choc ».
Ainsi, si un journaliste ou n’importe qui d’autre subit l’influence d’un relationiste (médiocre ou génial), en quoi cela change-t-il le poids et la portée des ses arguments ou de la nouvelle?
Si on s’arrêtait davantage aux information et à leur pertinence, on se casserait moins la tête à soupçonner l’allégeance de l’un ou l’influence occulte de l’autre.
À entendre certains, c’est un peu comme si la loi du moindre effort assurait la loi du plus fort. La réalité est un peu plus complexe que ça.
En passant, ce que j’aime avec l’internet, en général, et les blogues, en particulier, c’est justement ce que ce média provoque dans la population: la désacralisation de l’émetteur d’information et la revalorisation du doute face à TOUTES les sources d’information.
Par conséquent, le problème avec la crédibilité de Machin Chouette ou de Bidule Cool, c’est que ça permet surtout de ne pas réfléchir sur ce qui est affirmé. On s’en remet à la réputation ou à l’importance du média d’Untel et, par le fait même, on en revient aux fameuses querelles de clocher.
D’autre part, ce qu’il y a d’intéressant avec les blogues, c’est qu’ils permettent d’inscrire à même le texte des références aisément accessibles. Ainsi, un lecteur peut poursuivre la réflexion du blogueur, ou remonter aux sources de l’information factuelle évoquer par l’informateur en ligne afin de refaire lui-même sa propre réflexion sur le sujet.
Finalement, l’internet remet sur la place publique le rôle et la nature du travail journalistique.
Malheureusement, aujourd’hui, avec l’avènement de la nouvelle commentée et la prépondérance des chroniqueurs-vedettes qui remplacent souvent la réflexion par la provocation; on oublie l’utilité de l’objectivité, de la neutralité et de la rigueur journalistique.
J’aimerais bien être commanditée par Listerine, et pouvoir continuer à cracher ce que je veux.