Bonjour, mon nom est Steve Proulx et je suis bloguoïnomane.
Depuis presque un an maintenant, j'alimente un blogue de façon régulière. Oh, j'ai commencé de façon naïve, sans penser au lendemain, en me disant que je pourrais arrêter n'importe quand.
Des gens se sont mis à me lire. Quelques-uns, puis plusieurs y compris ma mère. Au début, j'étais galvanisé par cette soudaine attention.
Mes lecteurs devenant de plus en plus nombreux, j'ai toutefois commencé à ressentir une sorte de poids. "Je dois leur donner de quoi lire, sinon ils vont partir…" La pression. Ce qui n'était au départ qu'un désennui de fin de soirée est devenu une obligation.
Puis un jour, le blogue est devenu pour moi une dépendance. J'avais besoin de bloguer. Bloguer à tout prix, à toute heure du jour. Bloguer n'importe quoi, mais surtout ne jamais cesser de bloguer. Pour ne pas perdre l'attention de mes lecteurs. Ma drogue. Bloguoïnomane.
Je m'en rends bien compte, j'ai perdu le plaisir de bloguer. Ce goût de partager ma curiosité a fait place à une pression d'attirer l'attention. C'est le grand piège des blogues. Et c'est probablement ce qui explique l'incroyable quantité de niaiseries que l'on peut trouver aujourd'hui sur de nombreux blogues. C'est le désir d'attirer l'attention, de susciter la réaction spontanée, qui pousse les blogueurs à se faire les hauts-parleurs des plus grosses conneries du monde. La blogosphère amplifie des insignifiances beaucoup plus qu'elle "aide le citoyen à mieux vivre en démocratie".
Bref, avant de devenir ce que je pourfends, avant de n'être qu'un autre bruit médiatique, je vais prendre du recul. Car à force d'avoir le nez collé sur mon écran d'ordinateur à tenter d'aligner des mots, j'ai oublié le monde autour de moi. À force d'être dans le virtuel, je me suis éloigné du réel. Et le réel me manque. Le réel me nourrit. Et visiblement, j'ai faim…
Voilà. J'abandonne cette pression de bloguer. Je veux plutôt retrouver ce plaisir de communiquer. Moins souvent, mais mieux. Je serai désormais un blogueur irrégulier, quitte à n'avoir plus que trois lecteurs: ma mère, mon chum Mike et sûrement Steve Boudrias!
Ça fait seulement quelques jours que tu as 30 ans et déjà les gros changements! Imagines quand tu auras 40 ans!
Que feras-tu de tout ce temps retrouvé?
Enfin, tu auras peut être maintenant le temps de me téléphoner!
Ta mouman
Je préfère de loin suivre un blog « irrégulier » qui comprendra un nouveau commentaire à tous les 2 ou 3 jours que d’en suivre un qui compte un nouveau sujet à chaque demie-heure!
Moi aussi, j’ai senti passer une sorte de pression sociale qui me poussait à lire des blogues et des blogues durant des heures. Cela est devenu très étourdissant. La peur d’avoir raté un sujet m’a poussé à des séances de « rattrapage » durant lesquelles je pouvais avoir plusieurs fenêtres d’ouvertes afin de partager mon rattrapage sur plusieurs blogues en même temps!
Fort heureusement, cette lubie a pris fin et aujourd’hui, je vais faire un tour sur les blogues uniquement quand ça me chante et je ne consulte uniquement que les blogues qui ne me donne pas l’impression de, et je vous cite, « bloguer à tout prix ».
Parfois, je m’ennuie de mon vieux modem 14.4 bps qui fonctionnait à vitesse réduite! Internet était alors, le mot me choque presque, relaxant!
Bon, sur la photo dans le journal, vous avez la tête d’un bon gendre, peut-être même d’un gentil beauf. J’ai cette première superficialité des apparences. Et puis, une rubrique sur les médias, ça me laisse perplexe. Les médias me harcèlent suffisament, il me semble. C’est donc avec réticences et rien d’autres à me mettre sous la dent, que j’ai commencé à vous lire.
Et O surprise! j’aime votre écriture et votre ironie.
Si j’étais du genre à inscrire une émission de télé ou de radio à mon agenda, il m’arriverait d’y inscrire vos suggestions.
Mais, je n’ai même pas d’agenda.
Vous lire me suffit. Après, c’est le hasard d’une télé allumée ou d’un zapping, qui me fera captive, mais ça sera d’autant plus que vous m’y aurez invité.
(« Stie, sacrer, c’est sacré » a l’air bougrement intéressant.)
Être avant de paraître, c’est toujours une bonne idée.
P.S. Dites à vos collègues, François Parenteau et Josée Legault, que j’ai manqué de place pour compléter mes commentaires (si peu de mots, mais des essentiels) et dites à votre journal qu’il me déçoit en utilisant des subterfuges, des attrape-nigaud (autant pout moi) à la manière de tous les vendus et les vendeurs de salades (qu’il soit gratuit aux lecteurs n’est pas une excuse).
Je m’explique, en terminant de taper laborieusement mon texte en réaction à la rubrique de Mme Legault (j’ai emprunté un ordi avec un clavier différent de mon clavier français habituel), le journal m’invite à faire partie d’un genre d’abonnés, clubs de beaux-parleurs, on me promet trente jetons, je ne sais même pas à quoi ils servent ces nouveaux timbres gold star, mais avant de réfléchir et ayant de la sympathie pour le journal, me voilà, l’orgueilleuse, à inscrire mon nom . On accepte, semble t-il, que je ne dévoile ni ma profession, ni mon salaire, ou quelque chose du genre qui n’est pas de vos affaires, et puis vlan! finalement les trente deniers ne me seront offerts, qu’une fois cette section complèter. Honte sur vous et sur votre famille.
J’ai pour bon dire que la particularité d’Internet, c’est d’avoir donné une voix à ceux qui n’avaient rien à dire. Évidemment, je ne dirais pas ça si plus de gens prenaient votre décision et décidaient d’écrire moins de textes, plus significatifs! Vous devriez en profiter pour demander à vos « gars du site Web » d’intégrer un fil RSS à votre blogue, pour que nous lecteurs soyons avisés d’une nouvelle entrée sans avoir à visiter le blogue tous les jours.
… ton blogue supportait les fils RSS, il serait plus facile à suivre en mode « irrégulier ». 😉 Je vais quand même venir faire un tour de temps en temps. Bon répit !
Parcimonie rime avec harmonie.
On s’est garoché dans les blogues comme dans notre premier buffet chinois. Puis après, on s’est rendu compte que c’est souvent indigeste. Et on choisit dès lors ses plats avec dicernement et parcimonie. Ils en sont d’autant plus savoureux… et on garde la ligne.
Je vous lis fidèlement depuis le début et je trouve que vos textes sont de plus en plus intéressants, surtout les articles que vous écrivez une fois par semaine pour présenter une émission. L’introduction et la mise en contexte avant l’identification de l’émission en question sont souvent très accrocheuses et vous utilisez bien l’humour pour faire passer le tout.
Votre décision d’espacer vos commentaires sur le blogue est à mon avis judicieuse. La plupart des entrées sont bonnes mais on sentait que vous faisiez du remplissage à certaines occasions, ce qui dévalorisait l’ensemble.
Au plaisir de vous lire encore longtemps, même si ce sera moins fréquemment.
Ah là, vous me faites drôlement peur, je veux dire à moi personnellement. Les Correspondances d’Eastman m’a gentiment demandé de partir un blogue (le 23 avril, journée mondiale du livre), « Le passemot ». J’ai accepté pour l’amour de cet événement qui donne de la couleur (quelle est la couleur culturelle !?) à mon village.
Remarquez j’avais déjà la trouille : peur de me faire happer tout rond, de raser la platitude, de me vouloir d’autant plus accrocheuse qu’on attend beaucoup de moi et que je n’ai pas le Voir comme portique d’entrée. (portique avec vitrine panoramique !)
Je vais essayer de prendre votre cri d’alerte comme une leçon à suivre avant de m’enfarger. Tiens, de la prévention ! C’est si rare de nos jours.
Je me joins à tous pour dire jusqu’à quel point vos chroniques et votre blogue est d’une qualité d’écriture exceptionnelle par la lucidité et le sens critique imprégnées dans le coin de chaque phrase. Vous donnez le goût de s’intéresser à des sujets dont on faisait fi avant de vous lire. Bravo et bonne dégustation gourmande de réel !
Bonjour monsieur Proulx,
Je produis des chroniques Internet ( http://planete.qc.ca/gilleschartrand/archive.html ), j’y place occasionnellement des liens vers des textes parus sur votre blogue et, chose amusante, j’ai récemment pris la même décision que vous.
Selon moi, c’est très simple: lorsque le fait de bloguer n’est plus un plaisir, il est temps d’y apporter des modifications; ainsi, votre décision est assurément la bonne.
Bravo et, plus que toute autre chose, soyez heureux!
Réaction aux internautes qui se plaignent de ne pas avoir de fil RSS. C’est vrai que c’est embêtant mais il y a d’autres solutions. Je ne voudrais pas me transformer en chroniqueuse informatique (ce que je ne suis pas!) mais il y a des moyens pour suivre l’évolution d’une page web.
Il vous suffit de télécharger un fureteur Internet (Firefox) avec une extension nommée « Update scanner ». Et voilà, vous serez averti de tout changement sur le blogue de M. Proulx!
Bonne chance !
Je partage l’avis d’un peu tout le monde sur ce sujet. Non seulement on se sent dépendant d’un blogue, d’un forum ou d’un site web, mais on s’attache à un ordinateur comme si c’était un oracle. Il y a de tout là-dedans: le sport, les infos, les commentaires, les références de toutes sortes, de sorte que je dois maintenant me forcer pour lire un véritable livre…
Le pire, c’est que je viens de découvrir les jeux cybernétiques comme par exemple Age of Empires et ce truc me bouffe mon temps que c’en est gênant. Et là, un copain voudrait jouer en réseau…
Je vois plusieurs raisons majeures me poussant devant mon ordinateur: l’idéal de vouloir changer le monde (on en guérit vite!), la peur de manquer quelque chose, l’inquiétude (ça, c’est plus tenance), d’être « oublié » par d’autres forumistes (quand bien même on utilise un pseudo…), le besoin de se faire entendre (eh oui, on me lit et on me répond…) et même, à certains moments, souhaiter se faire reconnaître pour l’intelligence de mes propos… Ouais, les cyber-dépendants sont assez narcissiques, finalement…
Une fois que cette constatation est faite, il s’agit d’agir en conséquence. Une fois qu’on sait qu’on en apprend presque autant sur soi-même, ses besoins et ses rêves, que sur les autres, on peut mieux ajuster le tir.
Reste à tracer les limites réalistes, voilà ce qui importe…
… on est capables de devenir des lecteurs irréguliers, aussi.
À la prochaine… 🙂
Je ne dirai pas que tu es ma drogue mais seulement que tu es le premier que je savoures en allant sur le site de Voir…et je te suivrai sans te presser. Vas-y doucement, on ne veut pas te perdre.