Connaissez-vous l'indice de Gunning? Il a été inventé dans les années 50 par le linguiste américain Robert Gunning et permet de mesurer le degré de lisibilité d'un texte.
Ainsi, selon l'indice de Gunning, un texte est facile pour le grand public s'il a un indice de moins de 6. Entre 9 et 10, c'est un texte du Sélection du Reader's Digest. Au-delà de 13, le texte est considéré comme difficile à déchiffrer pour la majorité des ours. En fait, selon André Noël dans son guide Le Style (à mettre entre les mains de tout jeune journaliste): "Si l'indice est supérieur à 12, le lecteur non averti s'y perd."
En utilisant Textalyser, je me suis amusé à mesurer l'indice de Gunning de textes récents, signés par certains de nos chroniqueurs les plus notoires…
Voici donc, en date du 12 juin 2006, un palmarès incomplet des chroniqueurs québécois, du plus au moins lisible…
- Josée Legault (Voir) – Indice de Gunning: 5.4 (Aussi facile à lire qu'une bande dessinée!)
- François Avard (ICI) – Indice de Gunning: 7.1 (Bébé fafa)
- Steve Proulx (Voir) – Indice de Gunning: 8 (Facile aussi)
- Richard Martineau (Journal de Montréal) – Indice de Gunning: 8.2 (Presque aussi facile que moi. Lâche pas Richard!)
- Josef Facal (Journal de Montréal) – Indice de Gunning: 8.8 (Indubitablement facile)
- François Parenteau (Voir) – Indice de Gunning: 9.8 (François pourrait écrire pour le Reader's Digest)
- Pierre Thibault (ICI) – Indice de Gunning: 10 (Pierre aussi)
- Josée Legault (The Gazette) – Indice de Gunning: 10.3 (Pourquoi Josée est-elle plus difficile à lire dans The Gazette que dans Voir?)
- Jean Dion (Le Devoir) – Indice de Gunning: 11.4 (Attention)
- Pierre Foglia (La Presse) – Indice de Gunning: 12 (Limite)
- André Pratte (La Presse) – Indice de Gunning: 12 (Limite aussi)
- Chantal Hébert (Le Devoir) – Indice de Gunning: 12.8 (On vient d'en perdre quelques-uns)
- Alain Dubuc (La Presse) – Indice de Gunning: 13 (Feu rouge)
- Lysiane Gagnon (La Presse) – Indice de Gunning: 14.8 (Gn'ai pas compris toute l'artike)
- Louis-Gilles Francoeur (Le Devoir) – Indice de Gunning: 17 (Ceux qui ont compris, expliquez-le aux autres!)
Cette démonstration nous prouve à quel point nous sommes enfirouapés dans l’illusion que l’Internet et la culture arriviste du XXIe siècle nous a rendu plus intelligent, alors qu’en réalité nous sommes plus niais que jamais. (voir à ce sujet ce billet de Patrick Lagacé http://www.cyberpresse.ca/article/20070514/CPBLOGUES14/70514103&blogdate=20070514&cacheid=20070514)
Bref, pour une époque où le taux d’obtention d’un baccalauréat au Québec oscille autour de 27-28%, il est assez surprenant que le Devoir reste encore un journal soi-disant hermétique réservé aux intellos capables de lire un article qui ne porte pas sur le Sexe, le Sang ou le Sport.
Quand même Steve, tu restes accessible au commun des mortels. Te rends-tu compte de la chance que tu as?? (dis-je avec une pointe d’ironie…)
Je lève mon chapeau à Mme Legault, qui semble savoir s’adapter au public auquel elle s’adresse.
Wouhou, génial ce truc! Je ne sais pas comment ils calculent par contre…
Et Patrick Lagacé, il a combien? Deux? Deux et demi?
Dois-je comprendre que, si je suis capable de comprendre les textes de Louis-Gilles Francoeur et Chantal Hébert, je suis un être exceptionnel? Je ne peux plus me considérer comme faisant partie du grand public? Ou est-ce un indice pour dire aux gens de ne pas lire tel journaliste ou tel auteur en leur faisant croire qu’ils ne sont pas assez intelligents pour comprendre des textes demandant plus d’efforts? Pourquoi faire croire aux gens qu’ils sont incapables de lire des textes plus difficiles, de faire des efforts pour apprendre des nouveaux termes, de se poser des questions? Les gens, s’ils le désirent, peuvent consulter les dictionnaires et des personnes de leur entourage pour valider leur compréhension d’un texte.
Lysiane Gagnon n’est pas incompréhensible, elle est sim plement déconnectée de la réalité ! Bon je sais que c’est méchant mais bon, ce n’est tout de même pas totalement faux, non ? 😛
À qui, à quoi l’indice de Gunning sert-il vraiment?
Est-ce pour faire naître encore plus d’étiquettes?
Est-ce pour entretenir le nivellement à la baisse que subi notre société?
Est-ce pour la complaisance des licheux de cul ( Pardonnez-moi l’expression!)
Certes c’est amusant d’y «tester» nos écrits et ceux des autres, mais au-delà, pourquoi a-t-il fallu qu’une personne chercher à catégoriser les types d’écritures? Cela ne prouve rien sur l’auteur d’un texte et ne prouve rien non plus sur le lecteur…
Je trouve cet outil vraiment super… Ca nous donne aussi une très perspective du niveau d’analyse et langagier utilisé dans les quotidiens / hebdomadaires que l’on lit… Je serais bien intéressée à connaître les résultats d’un tel test, disons à travers le temps, les différences entre les saisons (je me personnellement persuadée que les chroniques d’hiver sont plus poussées que celles d’été ou l’on nous entretien de crème solaire, d’accident de moto, de conduite avec facultée affaiblies lors des longs week-end et enfin le summum: les produits pour améliorer notre pelouse)… Bref, je ne suis pas surprise des résultats le moindremnet, il s’agit après tout d’un reflet de notre réalité…
Pourrons-t’on inventer un indice pour mesurer la tolérance des chroniqueurs maintenant?