Je me suis fait plutôt discret ces derniers jours. C'est qu'il fait trop beau pour bloguer.
Laissez-moi vous raconter une tranche de vie.
L'autre jour, je suis passé à Bons baisers de France pour parler de la couverture d'Urbania montrant Michèle Richard.
Je commence à travailler un peu en télévision et je suis de plus en plus saisi par l'ampleur des moyens techniques déployés pour arriver à pondre une émission.
Exemple. L'autre jour, j'allais expliquer à Bons baisers de France pourquoi nous avions mis Michèle Richard sur la couverture du magazine Urbania. Importance relative de l'information: Euh…, pas beaucoup.
Or, pour m'entendre dire à la télé publique que Michèle Richard est "la reine des fille du Québec", Radio-Canada a dû investir:
- Quelques heures de travail d'une recherchiste qui a trouvé mon numéro de téléphone et planifié avec moi l'entrevue.
- Quelques heures de travail d'un réalisateur qui est allé au préalable faire du repérage sur le lieu de l'entrevue.
- Les compétences d'un caméraman qui a filmé l'entrevue.
- La soirée d'été d'un réalisateur qui a dirigé l'entrevue.
- L'aide d'un technicien qui, à l'intérieur du camion mobile qui avait été mobilisé pour cette entrevue historique, s'assurait que le duplex fonctionne (car, pour ajouter au défi technique, j'étais à l'extérieur des studios de Bons baisers…, on me voyait à travers un écran).
Tout ça, en fin de compte, pour voir ma face à la télé pendant à peu près deux minutes, dire des affaires d'une importance très, très, très relative.
Faire de la télévision demande un concert d'efforts de la part de plusieurs personnes aux compétences complémentaires. Vu l'importance des efforts à déployer, il me semble que ce devrait être une mission de tous les instants que d'utiliser cette boîte à grimaces pour communiquer des choses vraiment utiles…
Désolé, ce doit être la naïveté de la mi-juillet qui s'exprime ici…
Voilà pourquoi je n’écoute plus la télévision sauf pour les informations et encore là, je préfère écouter les infos à la radio.
Parfois je me dis que les bonnes chaines télé ne se trouvent plus que sur «le cable» et comme j’ai seulement les chaines de base à la maison, je ne trouve plus de reportages qui vaillent la peine que je m’attarde devant l’écran, la naïveté des reportages me laisse toujours perplexe.
Salut Steve, effectivement l’argent des contribuables est fort mal dépensé dans cette société de fonctionnaires qu’est Radio-Canada. Cette boite n’offre plus que de l’insipidité, du réchauffé américain, de la facilité, de la mièvrerie, parfois de la grosse stupidité et surtout on nous présente une tonne…une tonne de « has been ». Voilà donc pourquoi l’intérêt portait sur Michèle Richard…on me dirait que Québécor a des parts dans Radio-Canada que je ne serais pas surpris, il y a là comme une troublante énigmatique convergence. Il faut à tout prix vendre du papier et du Coca-Cola!
Trudeau avait raison de vouloir fermer Radio-Canada mais pas pour les bonnes raisons…Voilà pourquoi les réseaux spécialisés gagnent du terrain. Bientôt ceux qui n’auront pas les moyens de se payer le câble n’auront d’autres choix que de s’abrutir devant « Les bons baisers de Pierre, Jean, Jacques »…animée, animée, tiens pourquoi pas par L’Ecuyer ou Dominique Michel.
Et on s’étonne de la stagnation, voire une régression de l’audimat. Faudrait créer une commission parlementaire au plus vite!
T’as oublié de mentionner le travail du gars qui prépare les sanouitches aussi…
Ça m’étonnerait qu’on vous invite à nouveau à Radio-Canada après avoir écrit ce texte.
Votre commentaire, monsieur Proulx, soulève des questions importantes qui pourraient justement alimenter votre fameuse chronique sur la situation des médias au Québec, dans votre autre entrée de blogue.
Tout d’abord, on pourrait se demander, à l’ère d’internet et des sites de partage audio-visuels mondiaux de plus en plus sophistiqués (souples, conviviaux et interactifs), si la télévision n’est pas devenu un médium électronique trop lourd et trop coûteux, qui ne sait plus à qui s’adresser ou bien quoi inventer pour rejoindre son public et ses baîlleurs de fonds.
D’où la crise de financement dans le secteur. D’où le manque d’originalité. D’où l’achat de productions déjà pré-fabriquées qu’on se contente, au Québec, de traduire à la va-vite ou d’adapter sans inspiration. D’où les problèmes de répartition des revenus causés par l’imbroglio du Fonds canadien de la télévision. Etc.
Personnellement, je ne crois pas que l’on doivent épiloguer éternellement sur la pertinence de tel ou tel sujet ou telle ou telle émission de télévision.
On devrait plutôt se demander si le mode de financement ET de création de la télévision n’est pas devenu obsolète.
D’une part, les téléspectateur devraient se rendre compte que la télévision était une arme de divertissement massive lucrative avant internet et la multiplication des chaînes spécialisées sur le câble. Un endroit impalpable, un gros salon, un perron d’église permettant aux gens de se réunir et d’échanger sur leur vie.
Sauf que là, il y a quelques bonzes qui n’ont pas compris (que ce soit dans les stations de télévision, les majors de la musique ou autres studios de cinéma) que les crétins qui se contentaient d’ouvrir la bouche et de se faire gaver de conneries comme des oies ont besoin maintenant d’interractions, de s’impliquer émotionnellement ou intellectuellement dans le médium qui les « regarde ».
Je suis désolé, mais le problème ne réside pas dans le sujet insipide abordé, mais dans le médiashifting amorcé.
L’important, c’est pas tant l’information, mais la manière dont on la traite et le temps qu’on lui accorde.
Exemple 1 : les frasques de Paris Hilton.
Résultat : Elle déborde la section potin de deuxième ordre pour faire la une des nouvelles (TOUTES les nouvelles!).
Exemple 2 : les frasques de Michèle Richard.
Résultat : Elle déborde la section potin de deuxième ordre pour faire la une des nouvelles (TOUTES les nouvelles!).
Exemple 3 : Vous avez compris le principe.
Conclusion : On perd notre temps. Le malheur, c’est que tous les réseaux veulent qu’on perde notre temps avec eux.