Le légendaire Patrick Lagacé sur son blogue m'enlève les mots de la bouche:
Je pense aussi que certaines personnes qui contribuent à ce blogue pondent des commentaires qui, si on les accolait à leur véritable identité, avec leur photo et tout et tout, s'immoleraient littéralement sous l'effet de la honte.
Il se trouve que sur ce blogue, l'anonymat n'est pas permis. Et c'est très bien ainsi. J'ai du plaisir à lire vos commentaires, moins nombreux mais plus pertinents. Il m'arrive même régulièrement d'entretenir quelques correspondances avec certains d'entre vous.
Il se trouve aussi que j'opine avec plaisir sur un autre blogue, beaucoup plus lu que celui-ci au demeurant, mais ouvert aux commentaires anonymes. Du coup, ça stimule les commentaires. Bien entendu, ça flatte l'égo de recueillir autant de réactions. Sauf qu'on déchante assez vite.
Chaque jour, en déroulant les commentaires, je découvre un long "scroll" de désolation, ponctué de quelques rares perles.
Ce qui ne m'émeut pas du tout par ailleurs, c'est de constater qu'à peu près tous les "commentateurs" se cachent derrière des surnoms quelconques. À qui je parle? Aucune idée. Quelle valeur accorder à des gérants d'estrade qui n'ont pas même le courage de se présenter. Aucune. Vais-je dialoguer avec eux? Absolument pas.
Avoir le courage de ses écrits, c'est la grosse base. Le strict minimum lorsqu'on veut s'exprimer en public. Malheureusement, Internet a créé des millions de pissous incapables d'assumer leurs opinions à deux balles.
J'utilise le web depuis l'âge de 17 ans. Citron, cela fera bientôt 15 ans! Bref, jamais je n'ai nié mon identité. Ma vraie. Celle qui me colle à la peau depuis ma naissance. Je l'assume, cette identité, et j'en suis fier.
La preuve: le 15 juin 1998, je laissais ce commentaire sur un site Internet. C'est nul comme commentaire. J'étais tout jeune. Mais j'assume. Et je signe.
Quand on ne décline plus son identité, c'est le déclin de l'identité. Et l'identité propre à chacun, c'est encore ce qui nous différencie du bétail…
Je comprends votre réticence à engager un dialogue avec des inconnus, mais qu’est-ce que ca change pour vous que je m’appelle Richard, David ou François, ou bien Zorro Millebulle? Faut-il vraiment un nom pour assumer son idée? L’idée exprimée dans le commentaire n’est pas suffisante par elle-même, il faut en plus la joindre à une identité pour qu’on puisse juger de sa validité?
Aussi, l’idée que tout internaute qui google mon nom puisse me juger à travers une note fortuite publiée sur un forum internet pendant les trente prochaines années ne me séduit pas vraiment.
Ah oui, le bétail marqué au fer, ca vous dit quelque chose?
Eh bien, je ne me doutais pas qu’on pouvait être aussi préoccupé par le phénomène des pseudonymes sur les blogues, ICI ! Je devrais plutôt dire chez Voir, afin d’éviter d’être mal compris.
Alors, après la complainte de Richard Martineau et celle de Patrick « L’agacé », voilà la vôtre, monsieur Proulx ?
Ça me surprend de votre part. Quel est le problème ?
Il faut être capable de recevoir une lettre de huissier pour avoir le droit de s’exprimer en ligne, maintenant ?
Vous croyez que je suis le seul Steve Boudrias de la planète web ? J’aurais plus de valeur à vos yeux si vous pouviez me trouver dans les pages jaunes ?
(D’ailleurs, en passant, je me souviens encore du jour où un journaliste d’un hebdo anglophone m’a contacté par TÉLÉPHONE au travail « pour écrire mon histoire » sans s’apercevoir que: 1) je n’avais pas de « N » à la fin de mon prénom; et 2) je n’étais donc pas le jeune homme condamné à « 18 mois de prison et trois ans sans pouvoir utiliser un TÉLÉPHONE », qu’il cherchait à interviewer…)
Considérez-vous que l’informateur « Deep Throat » avait fait le bon choix en s’exprimant sous un pseudonyme douteux lorsqu’il a contribué à mettre à jour l’un des plus gros scandale politique aux États-Unis ? Et « les insolences du frère Untel », on en dit quoi ?
*
D’autre part, vous croyez VRAIMENT, en tant que chroniqueur médias, que des gens crèveraient de HONTE si on associait leur véritable nom ou leur photo à l’ensemble de leur production de gérant d’estrades médiatiques ? Si oui, vous n’avez pas regardez « Que feriez-vous pour 100 $ » dernièrement, ou vous oubliez à quel point la prochaine saison du « Loft » va être débordante de « fierté »…
Enfin, mr Proulx, si vous voulez souligner le fait que bien des internautes disent n’importe quoi, commentent à côté de la « track », manquent souvent du savoir-vivre le plus élémentaire en plus de mépriser la logique, l’orthographe et la grammaire, svp, faites-le autrement. Comme avant: plus intelligemment. 😉
C’est une question de principe. Je sais bien que « Steve Boudrias » ne me dit pas grand-chose… Encore que je commence à vous connaître (c’est vrai quoi, vous êtes au plus une dizaine à commenter sur ce blogue!)
Non, c’est une question de principe. Poster un commentaire avec son nom véritable marque d’abord une forme de respect pour l’interlocuteur. Cela dénote aussi un respect envers vous-même. « J’assume ce que j’écris. Je sors de la majorité silencieuse et voici mon point de vue ».
Avec Internet, nous sommes passés du stade de la majorité silencieuse que l’on entend jamais au stade de la majorité bruyante qui veut s’exprimer en garder les avantages de la majorité silencieuse. C’est malheureux, mais cette majorité ne sera toujours pas écoutée…
Pour ce qui est d’avoir ses écrits qui nous suivent pendant 30 ans. C’est la vie. Bienvenue dans le monde des écriveux, et de leur fameux complexe d’inadéquation. Chaque fois que l’on publie quelque chose, on demeure avec ce sentiment inconfortable d’avoir dit quelque chose d’incorrect, de stupide, d’insignifiant. En le publiant sous son vrai nom, en étant honnête d’abord avec soi-même, on y repense deux fois avant de traiter l’autre de crétin… On tente à tout le moins d’avoir des arguments solides pour se défendre.
C’est ainsi, grâce à cette réflexion, que l’on peaufine vraiment sa pensée.
Cela dit, à Steve Boudrias, si vous avez un scandale à la Deep Throat à me refiler, j’accepte de protéger votre identit!
En passant, Woodward et Bernstein, les journalistes qui discutaient avec ce fameux Deep Throat, dont on connaît aujourd’hui l’identité, étaient parfaitement au courant de l’identité de leur source secrète. Ils l’ont protégé pour des raisons évidentes. Mais une chose est sûre, s’ils ont jugé que ce que William Mark Felt Sr. alias Deep Throat avait à dire était important, c’est qu’ils savaient que William Mark Felt Sr. n’était pas un simple quidam, mais un haut-gradé du FBI).
Et ce, même avec mon nom étampé sous mon commentaire; je dois avouer que ce qui m’a le plus marqué de ce coup de gueule, c’est la phrase suivante: »Le légendaire Patrick Lagacé ».
Voilà, j’ai fait ma sortie, plus tard je dirai que j’ai fait une sottise, mais peu m’importe puisqu’il faut s’assumer, malgré l’écran.
Un nom n’est pas une identité. Un nom est simplement une marque, un signe avec lequel on peut jouer comme avec les diminutifs (Bob pour Robert, J-F pour Jean-François, Dédé pour André, etc.) ou encore le changer légalement. Bref, l’identité est quelque chose de bien plus compliqué qu’un nom. Nous n’avons pas à se demander s’il est préférable que les gens soient honnêtes sur le web mais bien plutôt si l’honnêteté est possible sur le web. Je m’explique…
L’identité est fuyante. Nous ne pouvons pas en faire une liste du genre la liste de nos qualités et défauts (c’est incomplet). Nous ne pouvons pas non plus en faire un introspection afin d’en faire une biographie (l’introspection est sans fin puisque de nouveaux éléments apparaissent sans arrêt). Bref, l’identité ne peut pas être objectivée, elle ne peut pas se réduire à une définition claire que l’on affiche. Pire, notre identité ne nous appartient pas complètement, elle s’actualise avec l’Autre…
Dans ces circonstances, le web avec son univers d’interfaces nous obligent à réduire l’identité à un objet… avec toutes les conséquences fâcheuses que l’on pourrait énumérer.
Justement, Jean Baudrillard parlait de l’identité du web…
« le fait que l’identité soit celle du réseau, et jamais celle des individus, le fait que la priorité soit donnée au réseau plutôt qu’aux protagonistes du réseau implique la possibilité de s’y dissimuler, de disparaître dans l’espace impalpable du virtuel, et ainsi de n’être plus nulle part repérable, y compris pour soi-même, ce qui résout tous les problèmes d’identité, sans compter les problèmes d’altérité. Ainsi l’attraction de toutes ces machines virtuelles vient sans doute moins de la soif d’information et de connaissance, ni même de rencontre, que du désir de disparition, et de la possibilité de se dissoudre dans une convivialité fantôme. »
(Trouvé au: http://www.egs.edu/faculty/baudrillard/baudrillard-ecran-total.html)
Allez!
Je disparais!
Vous écriviez à la toute fin de votre billet:
« Quand on ne décline plus son identité, c’est le déclin de l’identité. Et l’identité propre à chacun, c’est encore ce qui nous différencie du bétail… »
Je suis d’accord. Or le concept d’identité est en déclin depuis un certain temps déjà, le web ne fait que l’achever. Dans les grandes villes, la masse offre déjà la possibilité d’être le pire des chiens sales sans risquer de perdre l’amour de nos proches. Les cartes d’identités n’ont rien changé à cela. Donc le web n’est qu’une extension de ce phénomène. C’est la sophistication de la disparition… on l’apelle aussi dans d’autres milieux « libération ». Comme si le fait d’être toujours hors de soi nous rendait nécessairement plus libre.
Il faut prendre consience (la consience est-elle aussi en déclin puisqu’elle appartient au concept d’identité et de sujet?) que cette liberté est un piège. Lorsqu’on tente de s’affirmer sur le web, c’est le web qu’on affirme. À force de vivre hors de soi, c’est autre chose qui vit à travers soi.
Je m’appelle Venise Landry et j’habite Eastman, en Estrie. Cliquez sur mon nom et vous saurez où j’habite, pourrez même m’appeler si ça vous chante. Vous y découvrirez même ma vraie bette, non pas celle d’une libellule ou d’une maman ours !
Je suis identifiée. Il n’est pas nécessaire de connaître toutes les caractéristiques d’une personne pour l’identifier. Identifier n’est pas connaître. Quand je prends position, c’est sous mon nom et je suis repérable.
Je pense certainement que cela fait une différence. Depuis 4 mois, j’entretiens le blogue littéraire des Correspondances d’Eastman, on peut encore plus me repérer. Je reçois des commentaires et visite les commentateurs « chez eux », c’est à dire sur leur propre blogue. Je réalise que les commentateurs les plus actifs entretiennent eux-même un blogue ! Sous la bannière Blogger, les gens qui n’ont pas un blogue ont le choix entre anonyme et pseudonyme et 95% des personnes écrivent sous ces étiquettes (Les autres sont « cliquables » car ils ont un blogue). Tout ça pour dire que je reste très étonnée du réflexe qu’on les gens de se donner comme nom anonyme ou Poussycat. Je suis d’autant plus surprise qu’avec mon prénom plutôt rare, je pourrais vouloir me cacher mais pourtant j’aime qu’on puisse m’identifier, parce que j’assume entièrement ce que je dis. Mon opinion vaut celle des autres et autant ils peuvent se tromper, moi aussi je le peux. Une opinion n’est pas la science infuse. Et même, advenant une bévue importante, on peut même se rétracter. Ou bien simplement, changer d’idée en lisant les opinions des autres, ce qui est aussi le but de l’exercice de partage d’opinions à mon avis.
Tout ça sous un nom d’humain parce que je suis humaine.
Monsieur Proulx, permettez-moi de vous importuner encore une fois. Mais j’ai, souventes fois, constaté cette lâcheté de certaines personnes qui pensent qu’elles peuvent tout dire puisqu’elles utilisent un pseudonyme.
En fait, cette «mode» de l’anonymat, elle va souvent de pair avec la double mode de l’extrême et de l’exhibitionnisme. Notre société, en partie du moins, valorise les gestes extrêmes et les comportements extrêmes. Regardez les publicités de certaines marques d’automobiles qui ne cessent de nous présenter des «pilotes» conduisant «à tombeau ouvert» pendant que les gouvernements et les pouvoirs publics nous supplient de ralentir. D’un côté, on nous dit de vivre au maximum le «principe de plaisir» et de rouler allégrement, même si cela peut entraîner la mort ou des blessures chez d’autres personnes. De l’autre côté, on nous demande de décélérer, ce qui n’empêche pas la SAAQ de concocter des publicités «extrêmes» qui nous montrent des personnes roulant à toute allure vers la morgue ou vers l’hôpital.
Prenant parfois le temps de lire des commentaires dans certains blogues, je suis étonné du côté extrême et presque irresponsable de certaines personnes qui sont assurées de garder l’anonymat. Je suis parfois étonné, aussi, en constatant l’exhibitionnisme facile qui peut aller de pair avec l’extrémisme de l’anonymat.
Tout cela pour dire que, selon moi, nos sociétés sont culturellement très marquées par ces deux modes, celle de l’extrême et celle de l’exhibitionnisme. On peut remarquer, par exemple, qu’il est de moins en moins question d’érotisme et de plus en plus question de pornographie. On peut remarquer le succès assez persistant des émissions de téléréalité.
Cela étant dit, je nuance un peu. Certaines personnes utilisent des surnoms amusants et inventifs et leurs commentaires sont souvent fort pertinents et instructifs.
JSB
L’anonymat… les gens sont en effet bien braves sous un pseudonyme ! Pour ma part, je suis peu bavarde sur les blogues, mais quand j’interviens, c’est sous mon vrai nom, et ce n’est pas (enfin je l’espère) pour polluer le web d’idioties.
Pourquoi voudrait-on se donner un surnom si nos commentaires sont pertinents ? Il ne faut pas s’excuser d’avoir des opinions. Est-ce que certaines personnes qui naviguent sur Internet se sous-estiment pour ainsi se cacher ?
En passant, Steve, votre commentaire n’était pas si mal, à 17 ans ! 😉
Je m’étonne de lire certaines phrases, je les énumère:
– « L’anonymat… les gens sont en effet bien braves sous un pseudonyme ! »
– « Mais j’ai, souventes fois, constaté cette lâcheté de certaines personnes qui… »
– « Quand je prends position, c’est sous mon nom et je suis repérable. »
– « C’est une question de principe. »
Je m’explique…
L’anonymat est la condition endémique de tous ceux et celles qui passent par le filtre des médias; internet est simplement le média le plus sophistiqué (là où tout communique plus vite). Lorsqu’on écoute la radio, la télé ou que l’on surf le web, nous entrons en relation avec un dispositif technique (la radio, le téléviseur, l’écran d’ordinateur). Bien sur, une personne vivante est présente de l’autre coté de ce dispositif, cependant, nous ne pouvons l’atteindre directement. Afin d’atteindre cette personne, nous devons nous-même passer par un dispositif technique. Bref, la communication via les médias est complètement différente de la communication de type « face à face ».
Le personnage à la télé ne me parle pas à MOI, il parle à la caméra. Le type sur son ordinateur ne me parle pas à MOI, il laisse une trace sur le web. Cette différence entre le « face à face » et le « médiatisé » est insurmontable. Je ne peux jamais identifier le type du blog ou de la télé car il est un objet de ma consience. Il existe à travers des paramètres techniques, d’une façon limitée (je ferme mon téléviseur ou je supprime un message de mon blog). Inversement, la rencontre « face à face » m’empêche d’objectiver l’Autre. Je ne peux pas le manipuler aussi facilement, et la connaissance que je peux en avoir n’est limitée que dans le temps.
Ces différences entre les rapports médiatisés et le rapport direct transforme la moralité. Nous ne sommes pas tenus d’être moralement bon envers les objets. Par contre, nous avons de la difficulté d’agir immoralement envers les êtres humains. (Pensez aux comportements des hommes dans les clubs de danseuses.)
… je n’ai pas de révélation à faire. LOL
Simplement, je croyais que faire allusion a un informateur anonyme célèbre (qui l’est tout de même resté aux yeux du public pendant des années, même s’il ne l’était pas pour les journalistes) pourrait vous faire comprendre qu’il ne s’agit pas de s’assumer en tant que prénom et nom de famille pour dévoiler une information ou partager une idée avec un blogueur sur internet.
Je suis plutôt d’accord avec la nuance apportée par le sociologue JSB lorsqu’il nuance sa pensée en écrivant : « Certaines personnes utilisent des surnoms amusants et inventifs et leurs commentaires sont souvent fort pertinents et instructifs. »
Personnellement, je préfère lire Voltaire, même si François Arouet possède une correspondance épistolaire intéressante…
En fait, ce que je trouve un peu dommage, c’est qu’on prétende que l’anonymat engendre automatiquement la lâcheté, qu’il est le signe évident d’un manque de respect envers soi-même et envers les autres, ou qu’il est le refuge des faux-culs, des faibles et des imbéciles sur le web. Je suis désolé de persister et de signer: je crois encore que vous exagérez, monsieur Proulx.
Bref, je ne crois toujours pas que ce soit l’anonymat le problème. Les gens vous manqueront de respect avec ou sans leur identité, sans qu’ils ne sortent pour autant de la majorité silencieuse. C’est une question d’éducation et d’attitude et non d’identité.
*
Pour revenir sur le sujet de l’identité et des médias, je crois que Éric Millette fais preuve d’une pertinence assez lumineuse dans ses commentaires et… je les apprécierais autant s’ils étaient écrits sous pseudonyme ou si je réalisais, ô mon Dieu !, qu’ils étaient écrits par quelqu’un qui n’a pas de titre ronflant ou de « permis de pensée » émis par une université reconnue.
Bref, je crois en la beauté et l’utilisation du pseudonyme : il est parfois utile ou inutile et il permet parfois à son auteur de s’effacer humblement derrière sa pensée…
Ce n’est pas nécessairement la honte qui menace les internautes qui choisissent l’anonymat. C’est parfois une perte d’emploi ou la stigmatisation. J’ai en tête plusieurs histoires de blogueurs licenciés, de menace de mort, de violence.
Dans un monde idéal, tout le monde devrait avoir la liberté de s’exprimer à visage découvert. Mais ce monde n’existe toujours pas. Vous avez le luxe de cette liberté. Vous êtes même payé pour le faire. Mais je crois que votre propos mériterait d’être nuancé. Bien sûr, il y aura toujours des twits qui en profiteront pour répandre leur médiocrité. Ça fait partie du jeu. Ce système donne la parole à ceux qui ne l’ont pas. Et pour cela, il est essentiel. Avec ou sans anonymat.
J’avais aussi émis un petit sourire en coin sur l’article de Patrick. Il est tellement facile de traiter quelqu’un de pute, d’épais ou de moron de façon anonyme. Quelle est la portée de telles affirmations lorsqu’on n’est même pas capable de décliner son identité? Ceux qui écrivent publiquement savent qu’il faut prendre ces attaques avec un grain de sel et beaucoup de philosophie. Le problème, c’est qu’il existe beaucoup de Messieurs et Mesdames Tout-le-monde qui prendront de telles affirmations pour du cash. Et ça, c’est quand même plutôt moche. Parles-en à n’importe qui s’étant fait rouler un tant soit peu leur réputation dans la bouette. Parce que sur la place publique, tu es presque toujours obligé de te justifier alors que parfois, t’as juste envie d’envoyer les épais paître. Comes with the job I guess.
Je ne suis pas celle que je décris dans mes écrits. Non. Cette personne est inventée de toutes pièces. Pourtant, quand je signe mon nom au complet, on croit que je parle de moi. Avec le pseudo, ce problème n’existe plus.
Par contre, apposer ma signature volontairement au bas d’un écrit m’amène à me poser la question suivante : « Suis-je prête à vivre le fait qu’on va penser que je parle de moi? »
Rien n’est tout à fait blanc ; rien n’est tout à fait noir…
Par contre, quand j’appose ma signature véritable, j’assume me propos.
En ce sens, Monsieur Proulx, vous avez raison.
Au plaisir,
On ne m’enlèvera pas de l’idée que le pseudonyme est une
imposture.Une dérobade.
La fantaisie de l’embaumement ne cache que provisoirement
la puanteur du cadavre.
Si Voltaire se faisait appeler Voltaire dans ses écrits c’était peut-être pour nous faire oublier
le négrier Arouet.
Et puis je crois qu’il faut avoir la lucidité de s’identifier par son vrai nom dans une société de plus en plus ouverte,mais paradoxalement de plus en plus anonyme.
Et ce que je dis pour le pseudonyme s’applique aussi pour la photo qui identifie le journaliste.
Peu importe la face qu’on a (ou qu’on croit avoir),il faut
montrer son visage.
Il est laid? Il est beau?Peu importe.Il est irremplaçable.
Je n’aime pas les stars médiatiques qui se donnent des looks lissés au varathane,sur les photos qui accompagnent leurs chroniques
Et le lifting des faces m’apparaît aussi grotesque que le
pseudonyme de nos noms.
De nos noms propres.
Propre au sens premier,le plus noble:unique.
Signer son nom,c’est risqué,c’est dangereux,c’est grave.
Vaut mieux le faire tout de suite,de plein gré,que sur sa tombe,contre sa volonté profonde.
Si je devais exprimer mon opinion profonde, les valeurs auxquelles j’adhère; comme vous, je dirais qu’il faut s’assumer, être transparent, etc…
Par contre, depuis quelque temps (un an ou deux) je m’apperçois que les médias et principalement internet ne sont pas fait pour ce genre de pensées, de réflexions. Ce n’est pas que les intervenants tournent majoritairement le dos à ces principes que vous énumérez (ils sont nombreux à nous répéter que la société est en perte de repère, que nous laissons tomber des valeurs importantes, que les principes sont en danger et que cela est facheux…), c’est les médiums utilisés qui produisent cet effet.
Nous entrons aujourd’hui en relation avec un réseau, un médium, bref avec des machines. Bien sur, des gens bien vivants sont la cause de tout ce qu’on peut lire, voir, etc. Cependant, cette réalité « vivante » est annulée par la facilité avec laquelle nous pouvons manipuler les objets médiatiques dans chacune de nos consiences.
Trois possiblités (idéales) s’offrent alors à notre consience:
1- Nous rendons « objets » les intervenants des médias afin d’en être libre. C’est le discours de la liberté illimitée.
2- Nous faisons l’effort incessant d’imaginer les gens qui vivent réellement de l’autre coté du média afin d’appliquer à ces relations virtuelles les principes moraux auquelles nous adhérons.
3- Nous idéalisons les gens qui vivent réellement de l’autre coté du média afin de se donner des principes moraux nouveaux, adaptés à cette réalité virtuelle.
Les médias sont amoraux car la moralité ne se communique pas, elle se vit dans le temps. Or, maintenant que tout se communique, même nos identités propres, tout est amoral. Le jugement moral est suspendu. Nous pouvons regretter cet état des choses, chercher à rétablir une forme de moralité, mais les médias nous contraignent à communiquer cette perte; ils ne nous permettent pas de rétablir la moralité en la vivant. Communiquer ce n’est pas Vivre.