Je suis allé au lancement de Télé-Québec aujourd'hui.
Plein de nouveautés. Mais je vous parle d'autre chose.
Bazzo.tv deviendra une émission de fin de soirée. Elle sera diffusée d'abord à 22h, puis le lendemain en reprise, à 12h30. Bravo.
L'an dernier, lorsqu'on nous a annoncé que le très attendu Bazzo.tv allait être logé le midi, je n'ai entendu aucun critique de médias saluer l'initiative.
Le midi? Euh, on mange le midi…
Loger Marie-France Bazzo le midi à Télé-Québec, c'était une décision stupide. Je m'étais d'ailleurs posé de sérieuses questions sur les compétences des gens qui avaient eu cette idée. Croyaient-ils vraiment attirer le public? Vraiment?
Les premières cotes d'écoute ont été décevantes. Automne 2006, selon BBM: 20 000 téléspectateurs à 12h30 en moyenne. 27 000 à la reprise à 22h. C'était un petit peu moins qu'Indicatif Présent, son émission de la Première chaîne, qui rejoignait dans ses belles années près d'un demi-million d'auditeurs à travers le Canada.
Les gens de Télé-Québec ont fini par comprendre le bon sens. Enfin, à moitié.
La diffusion originale de Bazzo.tv sera désormais à 22h. Est-ce que cela changera quelque chose? Au lancement aujourd'hui, Marie-France Bazzo soutenait que oui. Le décor a changé, l'ambiance sera "soirée". "Ce sera une discothèque d'idées", a-t-elle dit.
Sauf que l'émission, qui était l'an dernier diffusée en direct, sera maintenant préenregistrée… en matinée! Remarquez, ça convient à Marie-France Bazzo qui nous a dit: "J'ai plus une énergie de matinée…"
Le beau paradoxe. Une émission du midi morose, qui devient une émission de fin de soirée préenregistrée le matin et animée par une animatrice possédant une énergie de matinée et qui fera semblant que c'est le soir…
À QUOI SERT TÉLÉ-QUÉBEC?
Il y a quelques années, j’ai posé ma signature en soutien à la campagne Sauvons Télé-Québec. En lisant ce matin les comptes rendus du Soleil quant à sa programmation cette saison, je me demande si je n’aurais pas mieux fait d’appuyer la fermeture de cette télévision dont les incohérences laissent chaque jour les citoyens plus sceptiques.
Les journalistes en ont mis sur ce qu’il y aura à l’antenne cette année mais bien peu ont fait mention de ce qui fera cruellement défaut.
Deux absences en particulier m’indisposent.
D’autant plus que, maintenant plus que jamais, ces émissions avaient toute leur raison d’être.
La première disparition est celle de l’émission qu’animaient Yves Boisvert et Michel C. Auger. Malgré leurs lacunes, c’était une des rares tribunes où nos politiciens étaient invités à s’expliquer, posément et respectueusement. Au moment où les joutes politiques donnent de plus en plus dans le spectacle, il eut été de la responsabilité de Télé-Québec d’allonger le mandat de Dernière heure.
Plus grave, juste l’année où nos soldats de Québec s’embarquent en zone de guerre, Télé-Québec retire la seule émission internationale qui se donnait la peine de nous clarifier les enjeux des conflits actuels. François Burgingo avait une fluidité de langage qui nous permettait de saisir des dossiers d’apparence touffus.
Quoi qu’on dise, les débats débilitants d’Il va y avoir du sport, ou l’irrévérence puérile des Francs Tireures, pas même la maladroite pizza de Bazzo.tv ne sauront compenser ces carences.
Bien bon d’applaudir l’audace de Télé-Québec mais me semble que son mandat premier était d’éduquer. C’est aujourd’hui que notre société avait besoin de cette éducation aux nouvelles réalités politiques et planétaires. Mais il semble qu’il faudra désormais compter sans Télé-Québec. À quoi bon alors garder la chaîne?
JM Biron
Limoilou, Québec
Je vous comprends, monsieur Biron, mais vous vous méprenez. À l’époque, le gouvernement Charest ne voulait pas fermer Télé-Québec parce qu’il savait bien que s’il le privatisait, il trouverait des gens comme vous sur son chemin… Non, sous des dehors de restructuration, il a simplement émasculé la chaine de sorte que ses plus farouches partisans deviennent, quelques années plus tard, ses bourreaux les plus enthousiastes… Je vous en prie, ne jouez pas les pantins, je sens que ce rôle ne vous convient pas!
Oui, c’est vrai que le passage de Marie-France Bazzo de la radio de la SRC vers Télé-Québec ne se fait pas aisément.
Une animatrice de radio talentueuse ayant contribué à bâtir un magazine radiophonique éclectique d’envergure et de qualité, qui décide soudain de faire le saut à la télévision, ça n’a rien d’évident. Un peu parce que les idées et les concepts de la radio se transposent moins bien à la télévision. Et, surtout, parce que l’expérimentation atteint plus rapidement ses limites à la télévision.
Je crois sincèrement que lorsque madame Bazzo aura établit sa signature télévisuelle, elle résussira son pari risqué. Mais Télé-Québec elle-même sait-elle où elle va ?
*
Pour ma part, je crois que la direction de Télé-Québec réussira sa mission lorsqu’elle trouvera le ton qui lui convient, avant de trouver son public.
Ainsi, réclamer la fermeture de la station parce que celle-ci prend des décisions douteuses m’apparaît moins constructif que d’exiger qu’elle réussisse à renouer avec son « mandat éducatif ».
D’ailleurs, monsieur Biron a parfaitement raison de profiter de cette tribune pour souligner l’excellent travail réalisé par l’équipe de François Burgingo, tout en déplorant du même souffle la disparition de l’émission de la grille de programmation.
« Dernière heure », animée par Michel C. Auger, avait quelques défauts, certes, mais ceux-ci étaient largement compensés par la nécessité d’une émission hebdomadaire de ce type sur l’actualité, à la télévision non-câblée.
Je n’ai aucun atome crochu avec les deux animateurs des « Francs-Tireurs ». Il ne s’agit pas du nec plus ultra en matière d’émission d’affaires publiques. Mais les sujets abordés sont souvent bons, et le ton de l’émission a l’avantage de ne pas être inutilement guindé.
Bref, Télé-Québec doit se rappeler qu’elle n’est pas une chaîne spécialisée, qu’elle n’a pas les moyens de la SRC, et qu’elle doit afficher une « différence » qui soit plus qu’un slogan, et bien visible à l’écran !