Petit potin médiatique rigolo: Benoît Aubin, qui vient d'être engagé comme directeur de pages d'opinion et chroniqueur en chef du Journal de Montréal est résolument un homme d'opinions. Tellement qu'en mai dernier, avant de décrocher son nouveau job, il qualifiait sans se gêner le Journal de Montréal de "scrappy tabloid" (tabloïd de piètre qualité) dans un article publié dans le magazine Maclean's!
Il paraît que l'anecdote fait rigoler même au sein même du JdeM. L'article en question serait affiché sur le babillard de la salle de rédaction!
Remarquez, il y a eu des précédents.
Voici d'ailleurs ce que Richard Martineau écrivait dans sa défunte chronique du Voir le 11 décembre 2003, trois ans avant d'être engagé par l'Empire…
C'est avec stupéfaction que le monde des médias a appris la mort soudaine du Journal de Montréal, vendredi dernier, à 6 h 05. Créé par Pierre Péladeau en 1964, Le Journal de Montréal a cessé d'être un tabloïd aimé et respecté du public pour devenir un catalogue des différents produits de l'Empire Quebecor.
Et voici ce qu'il écrivait le 13 mars 2003:
Je vous parlais de l'empire Quebecor, la semaine dernière. Comment PKP utilise ses nombreuses compagnies (Vidéotron, TVA, Le Journal de Montréal, CKAC, les journaux à potins, Archambault, etc.) pour faire mousser ses produits et intoxiquer les consommateurs. Or, grâce à qui le monsieur a-t-il autant de pouvoir? Grâce entre autres à la Caisse de dépôt, qui a investi près de trois milliards de dollars dans Quebecor Média.
Enfin, voici ce que moi-même j'écrivais il y a quelques mois sur ce blogue à propos du Journal de Montréal:
Une stratégie cheap d'un journal cheap pour faire des gros titres cheap et vendre de la copie cheap.
À mon avis, je suis sur la bonne voie pour me faire engager par ce "scrappy tabloid", "cheap", "catalogue des différents produits de l'Empire Quebecor" "qui intoxique les consommateurs" qu'est le Journal de Montréal…
J'attends votre appel, les gars!
Si un autre journaliste de Voir sacre son camp au Journul, je ne me torche plus qu’avec ce »scrappy tabloid ».
Le Journal de Montréal est assurément un meilleur journal que l’ancien «torchon» d’il y a vingt ou trente ans. Mais ce qu’il y a de neuf, c’est que ce journal est appuyé par ce que d’aucuns appellent L’EMPIRE, lequel ne cesse d’attaquer et de contre-attaquer.
Tous, nous refuserions un monopole d’État dans le secteur des médias. Nous savons que l’État n’a pas à contrôler l’information et les divertissements. Mais que faire lorsque nous nous dirigeons, tendanciellement, vers un quasi-monopole privé? Ce «COMMUNISME PRIVÉ» est aussi inquiétant qu’une situation monopolistique dans laquelle tout est contrôlé par l’État.
Nous savons tous que la compétition peut, parfois, être stimulante. Elle peut titiller la recherche de l’originalité et de la créativité. Elle peut aussi être organisée de manière telle qu’elle cherche à détruire, autant que faire se peut, toute compétition. Nous devons alors subir un appauvrissement intellectuel.
Nous savons aussi que, dans certains médias qu’il est inutile de nommer, il y a une tendance à exiger des experts et spécialistes qu’ils signent des contrats d’exclusivité. Là encore, il y a un appauvrissement intellectuel et nous sommes confrontés à une CENSURE pernicieuse et sournoise.
Nous devons nous méfier de L’EMPIRE et de tous ces journalistes qui, soudainement, changent leur attitude, histoire de gagner du cash$.
En somme, ne nous laissons pas enfirouaper!
JSB
Ça me fait penser au vieil adage anglais qui dit que « if you can’t beat them, join them ».
En fait, lorsque Martineau a quitté le prestigieux journal Voir pour le plus qu’ordinaire JdeM, je me suis dit que la quarantaine l’avait frappé de plein fouet, qu’il était tanné de son petit rôle de baveux au sein d’un hebdo à petit tirage; qu’il était temps, bref, pour lui de joindre les « big leagues ».
Ç’est sûr qu’il fait plus de cas$$$h au JdeM, élément non-négligeable.
Ceux qui font le choix de manger de la vache maigre pendant plusieurs années sont des saints, des prêtres, des missionnaires à l’âme noble.
Ceux qui font des petits salaires des années durant par militantisme finissent tous (ou presque) par désirer ce contre quoi il se sont débattus…c’est plate mais c’est vrai.
Et toi, Steve, qu’as-tu à dire pour ta défense?
HAHA! Bravo Steve.
Ça me rappelle une conclusion de l’émission des Francs-Tireurs, alors que Dutrizac était encore à l’animation.Je me rappelle pas tout à fait du contexte, mais Dutrizac, suivi de Martineau, sortait de Télé-Québec déprimés en disant: »viens, on va aller à TQS ». C’était, évidemment, très sarcastique.
Un an plus tard, les deux étaient à TQS. Bin quin!
Et tant qu’à moi, on pourra défendre corps et âme la qualité du Journal de Montréal, un journal qui parle du problème de qualité de l’eau des piscines publiques en page 2 comme d’un grand drame pis grossièrement de la guerre en Irak en page 21, ne peut pas être réellement considéré comme sérieux, et encore moins sur le même pied d’égalité que d’autres journaux de qualité.
Quand tu verras le signe de piastre avec tous les zéros devant qu’ils t’offrent, toi aussi tu vas changer d’idée… Cash is king. If you can’t beat them, join them!