Beaucoup de chiens de garde de la démocratie en week-end au Château Frontenac, pour le congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). 700 inscriptions. Des panels où ça jasait fort. Beaucoup de belles rencontres.
Choses entendues au congrès…
"Nos manchettes annoncent trop souvent la fin du monde. La fin du monde n'est probablement pas pour demain."
-Alain Saulnier, directeur général de l'information, Radio-Canada
"Je ne suis pas obsédé par la lecture des autres journaux."
Philippe Cantin, éditeur adjoint, La Presse
"Moi, je les lis les autres journaux. Et le lendemain, on va essayer de les battre sur leurs propres sujets."
-George Kalogerakis, directeur de l'information, Journal de Montréal
"[À propos de Cédrika] on a gratté peut-être un peu trop le bobo…"
-Alain Saulnier, directeur général de l'information, Radio-Canada
"La couverture ne se nourrit pas assez des intérêts et des goûts de la population en général."
-Johanne Marcotte, réalisatrice de L'illusion tranquille
"[Les journalistes] ont tendance à dire que le peuple est "sage", que le peuple a raison. Vous parlez alors comme les politiciens. Le peuple ne constitue pas une source de légitimité absolue."
-Anne-Marie Gingras, professeur, Sciences politiques, Université Laval
"Les économistes de gauche ou de droite, ça n'existe pas."
-Johanne Marcotte, réalisatrice de L'illusion tranquille
"Les journalistes doivent avoir quatre grandes qualités. Ils doivent être méfiants, inquiets, angoissés et paranoïaques."
-Alain Gravel, président sortant de la FPJQ
"Il faut que les entreprises de presse donnent [aux journalistes] le temps de réfléchir."
-Alain Gravel, président sortant de la FPJQ
"Je suis passé de vieille journaliste à jeune politicienne."
-Christine Saint-Pierre, ex-journaliste devenue ministre de la Culture et des communications
Pourquoi la langue de bois?
"Les journalistes ne donnent pas aux politiciens le droit à l'erreur. Alors pour limiter la possibilité d'erreur, parfois on se limite à un certain carré de sable."
-Bernard Drainville, ex-journaliste devenu député péquiste
"La télévision est un art partagé par tout le monde."
-Louise Cousineau, chroniqueuse, La Presse
"La télévision est un média qui a aidé à l'accélération de la Révolution tranquille."
-Louise Cousineau, chroniqueuse, La Presse
"La couverture de la télévision a fini par créer des "critiques du vide". Des journalistes parlent de choses qui ne les intéressent pas, mais parce qu'un grand nombre de gens les regardent, on se sent obligé d'en parler."
-Jean-François Nadeau, directeur des pages culturelles, Le Devoir
"La multiplication des "ondes publiques" n'a pas créé une diversification des points de vue."
-Jean-François Nadeau, directeur des pages culturelles, Le Devoir
A lire les noms de ceux qui ont parlé, on a l’impression que c’était un congrès de cadres, plus 2 ou 3 has been. Qu’est-ce que devait être plate!
Quelle ignorance abyssale et dégradante chez cette Johanne Marcotte qui prétend que «les économistes de gauche ou de droite, ça n’existe pas»! Est-ce qu’elle est au courant de l’existence de «l’Institut économique de Montréal»? A-t-elle déjà lu des analyses proposées par une des porte-parole de cet Institut, Nathalie Elgralbly? Cette dernière ne cesse de donner des cours de néolibéralisme 101 (en fait, PROFITS 101), lesquels cours semblent destinés aux enfants de la pré-maternelle. Madame Marcotte connaît-elle le cercle sacré des économistes de droite de l’Université de Chicago? Ces salopards ont expérimenté leurs théories ultra-capitalistes au Chili, en Argentine et dans plusieurs pays. Pour «rétablir» les économies supposément problématiques, ils suppriment les syndicalistes et les diverses oppositions. Ensuite, ils invitent les entreprises à venir faire de gros profits, sans être embêtées. Et cette «populiste» (et ignorante) Madame Marcotte prétend que les économistes de droite (ou de gauche), cela n’existe pas!
En plus, elle ne cesse de parler de «la population en général», ce qui, pour un sociologue nuancé et pas trop insignifiant, ne veut rien dire. Mais si cela ne veut rien dire de précis, cela indique une attitude populiste «harpéro-dumontesque» et «bushienne». Avec beaucoup de flagornerie on flatte le «brave peuple» et on le manipule à qui mieux mieux pour lui faire croire que nos sociétés sont profondément insécures, que nos prisonniers gras-durs devraient payer leur loyer dans ces palaces que sont les prisons, que plein de pédophiles sont là, tapis dans l’ombre, prêts à dévorer nos chers bambins, que les assistés sociaux sont des profiteurs, que les syndicats sont au pouvoir.
Anne-Marie Gingras a raison de dénoncer ce populisme qui, avec bassesse et vile flatterie, prétend que «le peuple» (qui est-ce?) est bien sage et a toujours raison. De quel peuple s’agit-il? Je pense qu’il s’agit d’un peuple dont on formate et cadenasse les idées et analyses.
Enfin, je souscris à l’idée d’Alain Gravel lorsqu’il dit que les médias devraient donner aux journalistes le temps de réfléchir.
Nos sociétés ont plus besoin de réflexion et d’analyses pénétrantes et avisées que de vils flatteurs qui abaissent le peuple en lui attribuant leurs tristes idées répressives et éminemment arriérées!
Oui, le peuple doit être respecté. Mais, pour y arriver, il faut des journalistes compétents et des médias conscients de leur profonde responsabilité sociétale.
JSB
Tout à fait d’accord avec JSB là-dessus… le problème c’est qu’on ne confronte jamais miss Elgralbly avec Rima Elkouri, par exemple.
J’en rêve de ça. Ce genre de rencontre improvisée à la Christiane Charette. Je veux la voir sourire pendant qu’une troisième invitée, par exemple, chez pas moé, Steve Boudrias, qui fait la promotion de site web, les regarde se chicaner ou s’entendre sur un sujet pointu d’économie libéralisée… et là, la belle Christiane se retourne et demande au chantre exilé sur un serveur de France et qui célèbre dans son style les poètes qui crèvent de faim au Québec (comme Gaston Miron, lorsqu’il est mort après avoir écrit l’homme rapaillé et avoir « vu » ses proches devoir quêter pour devoir l’enterré dans la plus grande dignité d’un auteur qui s’était fait publié chez Gallimard avant sa mort) :
– Et vous, monsieur Boudrias, vous en pensez quoi des discours économique gauche/droite entre la Presse et le Journal de Montréal ?
Et je rêve d’entendre répondre Steve Boudrias, mon alter ego sur Voir.ca, dans son infinie sagesse d’écrivain irradié (j’utilise ici un terme emprunté à Paul Piché, au sujet des Punks, dont je ne suis pas, je dors bien au chaud, merci), lui répondant quelque chose de brillant comme l’été en novembre dans un studio sombre ou mal éclairé :
– Vous savez, madame Barbara Channel Greco, j’aimerais beaucoup vous dire que ces débats me passionnent, mais je vais profiter du peu de temps que vous m’allouez sur Nos ondes pour aborder un sujet un peu plus important que ma poésie à 0.29 Euros de droit d’auteur par année. Je veux parler du dossier des aidants naturels qui tient tant à coeur à Chloé Ste-Marie.
– Pourquoi, Steve, c’est une chose qui t’intéresse plus que faire la promotion de ton oeuvre révoltée, alors que c’est juste ça que tu fais sur le site Voir.ca depuis des semaines, des mois, une année ?
– Eh bien, madame, c’est simple, je ne suis même pas né en tant qu’artiste au Québec mais j’ai décidé d’adopter une cause dès le départ, celle des aidants naturels.
– Tu ne trouves pas que la belle Chloé s’en sort bien, mon beau Steve ?
– Oui, mais comme on dit, on est jamais trop aidé, dans la vie. Même quand on est aidé par la société. Comme lorslqu’on est sur l’Aide Sociale, par exemple. Comme ma mère…
– Ta mère a élevée plus de 10 enfants sur l’Aide Sociale alors que tu es l’avant-avant dernier de la famille (adopté, en plus !) et que tu es né au début des années ’70 ?!
– Vous avez d’excellents recherchistes, madame, et je m’en félicite à chaque fois que j’ai la bonne idée ou le temps devant moi (comme dans la vie devant soi de Romain Gary) pour vous écouter.
– Encore une référence littéraire, tout de même…. 😉
– Oui, mais c’est pour mieux dire, en ces temps d’accomodements raisonnables que c’est Wajdi Mouawad, un québécois d’origine libanaise qui m’a fait redécouvrir ce texte français lorsqu’il lisait « Comme un roman » à la même adresse ou vous travaillez si bien…
– D’accord, trève de basses flatteries et de petit bavardage, mon beau Steve, je ne voudrais pas qu’on oublie le combat que tu as décidé de relever alors que personne ne t’as appeler…
– Mon frère Marco l’a fait, madame.
– Il n’est pas mort ? Comme ta soeur Maryse, de la Leucodystrophie métachromatique ?
– Oui, c’est vrai. Mais ma mère ne dort plus que trois heures par nuit depuis qu’elle a pris soin de mon frère Marco et ma soeur Maryse sur une période de 20 ans…
– 20 ans ?
– Oui, 20 ans qu’elle a été « aidante-naturelle »… 20 ans qu’elle a refusé de « placer » mon frère chez le bon Louis-Hypolite Lafontaine, le politicien qui se prenait pour Napoléon… vous connaissez ?
– (lol) La maison grise qui a recueilli Émile Nelligan ou l’homme qui a poursuivi par les armes hors des frontières de la France la Révolution Français détournée de ses objectifs initiaux par Danton-Robespierre ?
– Les deux. (lol)
– Tu ries souvent des choses graves comme ça, Steve ? On dirait que tu connais le registre de Yvon Deschamps, par coeur…
– Non, j’aime bien l’humour juif et celui de la défunte Union Soviétique… Vous connaissez l’anthologie de blagues de la guerre froide compilées par des journalistes états-uniens pendant les années Reagan ?
– Oui, oui, Steve… mais on s’éloigne encore du motif de ta visite en studio…
– C’était le but de ma présence ici, madame. Rappelez au Québec ou, même au Canada français, que c’est elle la porte-parole du mouvement. Que c’est à elle qu’il faut demander des détails sur la situation des aidants-naturels aujourd’hui… et, qui sait, c’est aussi elle, qui sait, qui va réussir à aider les femmes qui, comme ma mère, ont attendu en vain l’aide ou la reconnaissance d’un État social-démocrate ou soi-disant Providence en regardant mourir ses enfants dans ses bras avec pour seul recours des héros venus lui parler du CLSC, de l’hôpital qui va supposément si mal, afin de l’aider à accompagner dans la longue et lente descente finale des êtres humains inutiles, improductifs, infertiles et impossible à exploiter sur aucune place des marchés… tout en leur donnant de l’amour, de la dignité et une très chaleureuse idée de ce que c’est qu’être une mère, un vrai barrage contre le Pacifique, un océan de Bonté tant de fois cartographié et typographié… mais toujours aussi négligé.
– Steve Boudrias, au nom de toute l’équipe de l’émission que j’anime avec brio, je tiens à te remercier de cette entrevue virtuelle totalement inventée. Tu es vraiment fou toi aussi, pas vrai ?
– Oui, madame, avec tout le respect que je ne dois à personne, sauf à Steve Proulx, du journal Voir, je suis aussi fou que Bracque… mais j’aimerais bien aller voir quand même l’exposition de Picasso à Québec avant la fin de l’année. Ça ne réssucitera pas mon frère décédé, ça ne réssuscitera pas ma soeur elle aussi décédée, ça ne redonnera pas le sommeil à ma mère… mais ça m’a fait du bien de vous en parler, madame. Bonne journée. Bon temps des Fêtes. Bonne année. J’espère vraiment que je n’aurai plus jamais besoin d’intervenir en public sur ce dossier-là et qu’on va enfin écouter la voix de Chloé Ste-Marie quand elle ne chante pas le temps poétique du passé, du présent et de l’avenir d’un pays qui refuse de naître depuis 400 ans : le Kébek. Merci bien !
Le recul permet bien des petites joies lorsqu’on lit les archives de chroniques. Par exemple, j’ai trouvé les citations de madame Marcotte assez absurdes pour visiter son site, et la première citation des participants sur laquelle je tombe fait l’éloge de la déréglementation en Irlande. Quand on voit l’état actuel de la situation dans ce pays, on peut penser que finalement le « modèle social-démocrate élevé en religion » (je paraphrase) n’est pas si mauvais.