Je viens de voir les deux premiers épisodes de la série Les Lavigueur – La vraie histoire.
J'avais peur, mais c'est en fin de compte excellent. J'ai même versé une micro-larme au premier épisode. Et croyez-moi je ne suis pas un brailleux. Pierre Verville, dans le rôle de Jean-Guy Lavigueur, est parfait. On oublie l'imitateur. Bref, c'est vendu!
Cette série, c'est bien sûr la dramatisation du destin à la fois féerique et tragique d'une famille d'à côté de chez moi, qui se retrouve avec un gros lot de 7 millions. C'est surtout l'histoire de petites gens pris du jour au lendemain dans un cirque médiatique qui n'a pas fait pas dans la pudeur.
On a ridiculisé ces gens sur la place publique, on a rit d'eux, on a même utilisé leur nom dans la traduction d'un film néerlandais pourri, Les Lavigueur déménagent.
Pour le patron des programmes de Radio-Canada, Mario Clément, cette série est "l'occasion de régler une injustice" commises par "certains médias" envers la famille Lavigueur.
Enfin, vous verrez par vous-même.
En attendant, voici le reportage original annonçant le gros lot des Lavigueur, diffusé à Radio-Canada en 1986.
Pendant que j'y suis, un mystère demeure. William Murphy, l'homme qui a retrouvé le billet gagnant et permis aux Lavigueur de réclamer leur lot, a complètement disparu. Cet homme a tout de même hérité d'un chèque de 1,2 million de dollars. Selon les rumeurs, il serait déménagé en Alberta… Si quelqu'un a des indices sur lui, j'aimerais bien savoir ce que ce bon samaritain a fait de son million.
J’aurais aimé ça qu’on intitule le docu : « La misère des pauvres riches ».
J’adore les oxymorons, c’est plus fort que moi…
On parle beaucoup du politiquement correct ou, si l’on veut, de la correctitude politique.
En général, la correctitude politique, cela consiste à s’apitoyer, de manière excessive et démesurée, sur le sort des plus démunis, sur le sort des «opprimés».
Or, il arrive ceci, qui est un peu surprenant: lorsque les Lavigueur ont gagné la loterie, il y a eu une quasi-unanimité, en apparence du moins, pour ridiculiser ces «morons», ces pauvres, ces gagne-petit, ces assistés sociaux, ces «épais», ces incultes. Très rapidement les médias, sauf exceptions (?), ont ridiculisé cette famille, son manque de goût, son inculture et son imbécillité presque congénitale. À ma souvenance et sauf erreur, très peu de personnes ont pris la défense des Lavigueur et ont tenté de nuancer les propos méchants et bêtes que l’on entendait, concernant cette famille, une famille comme il en existe bien d’autres, dans ce pays où tous ne sont pas des cossus ou des millionnaires.
À ce moment, c’est le réactionnairement correct (ou la correctitude réactionnaire) qui a prévalu. Le réactionnairement correct, de droite, c’est le contraire absolu du politiquement correct, de gauche.
Ce n’est pas glorieux pour notre société d’avoir ainsi sali et méprisé une famille qui subissait peut-être une certaine misère financière, sociale et culturelle. Cruelles sont parfois les paroles de certains médias et de nombreux citoyens. Cruelle a été la lâcheté d’une brave gauche qui n’a rien dit. Évidemment, jouer à la loterie, c’est tellement répréhensible, tellement «capitaliste» et tellement méprisable. La loterie étant de droite (?), la gauche s’est tue et a refusé de défendre des gens qui se situaient assurément parmi les «démunis» de notre société.
Alors, les tenants du politiquement correct et du discours gnangnan ont manqué une occasion de jouer aux redresseurs de tort.
Somme toute, c’est le vieux mépris des pauvres qui a alors prévalu face aux Lavigueur.
Tout cela est bien triste et un tantinet ironique!
JSB
Excellente lecture, monsieur Baribeau !
Vous venez de me convaincre d’acheter votre livre !
Bravo. Je n’ai pas tendance à acheter de livre des sociologues. À vrai dire, je déteste les sociologue en général. À vrai dire, je les haïs.
Mais comme je suis un bon francophone, et que je connais bien ma langue, je sais qu’à toute règle de vie il y a une exception.
Alors, cher JSB, vous êtes l’exception qui confirme ma règle du haïssage systématique des sociologues… enfin, jusqu’à ce que je change d’idée sur le sujet. lol
Enfin, monsieur, avec tout le respect que je ne vous dois pas – je ne souffre pas ce type d’endettement à distance et impersonnel – je vous soupçonne d’avoir connu la pauvreté ailleurs que dans les livres pour en parler et la défendre si bien.
Vous avez ma bénédiction, même si vous n’aimez pas les curés ! lol
Enfin, joyeux Noël !
Considérations intéressantes, Steve Boudrias! Merci de vos remarques quelque peu flatteuses.
Quand vous dites que vous n’aimez pas les sociologues, je vous comprends et je ne vous comprends pas.
Je vous comprends parce qu’à mon avis, de nombreux sociologues et de nombreuses sociologues ne sont pas des êtres très intéressants ou des «scientifiques» très rigoureux. Chez au moins 60% des sociologues que j’ai connus, il y a des comportements et des analyses gnangnan, cucul et trop moralement correctes. Le fondateur de la sociologie, Auguste Comte, voulait que les sociologues deviennent les nouveaux prêtres des sociétés modernes. Et beaucoup de braves sociologues ont, plus ou moins consciemment, intériorisé la prétention d’Auguste Comte. Alors, la plupart des sociolgues sont, selon moi, ennuyeux comme mille jours de pluie.
Mais il y a eu, dans l’histoire du Québec, des sociolgues très intéressants qui ont fait progresser la compréhension de la société québécoise. Je pense à Marcel Rioux, très grand sociologue, à Guy Rocher, à Fernand Dumont et au chanoine Jacques Grand’Maison.
Mon jugement sur les sociologues est un peu plus nuancé que le vôtre. Mais je comprends très bien votre point de vue et je le trouve éminemment respectable.
Pour terminer, je vous dis que j’accepte votre bénédiction et j’ajoute, du même souffle, qu’après avoir été anticlérical, je jette maintenant un regard plus indulgent et plus serein sur le passé catholique. Je ne déteste pas les curés. J’ai connu des prêtres formidables qui m’ont aidé à progresser et qui m’ont aidé à allumer des centaines de bougies me permettant d’éclairer les ténèbres qui prévalaient, dans une certaine mesure, il y a 50 ans et plus. Par contre, j’ai connu des curés qui ne faisaient jamais ce qu’ils demandaient de faire. Ils parlaient de charité et d’amour et leur vie était plutôt axé sur la haine et le manque de compassion.
JOYEUX NOËL !
JSB
Alors que 2009 est amorcé, il nous fait plaisir de vous faire part des articles et des billets de blogue