Vous le savez peut-être, depuis deux ou trois ans, la célèbre émission des fêtes de Télé-Québec, Ciné-Cadeau, a été rebaptisée "Ciné-Cadeau McDonald's".
Ce n'est pas en l'honneur de John A. MacDonald, père de la Confédération et ancien premier ministre du Canada. C'est plutôt parce que l'émission qui nous présente les mêmes films d'Astérix depuis 25 ans est désormais commanditée par les restaurants McDonald's.
Je compatis avec Télé-Québec, une chaîne qui vivote depuis presque 40 ans avec un éternel manque de fonds. Mais faire commanditer une émission pour enfants -en allant jusqu'à en changer le nom- par le géant mondial du fast-food, je trouve cela indigne d'une télévision publique.
On a déjà le Centre Bell, le Forum Pepsi, le Stade Saputo, la Coupe Rogers, l'International des Feux Loto-Québec à La Ronde, Ma Maison RONA, le monde du sport Gillette et Le hockey Subway des Canadiens à RDS et j'en passe.
C'est l'intrusion des marques dans notre quotidien, dans l'espace public, dans les lieux que nous fréquentons, dans les émissions que nous aimons. Et on ne parle plus simplement d'annonceurs qui achètent de l'espace publicitaire, on parle de marques qui achètent le nom d'un événement, d'un lieu, d'une émission de télévision.
Pas nouveau, direz-vous. Il ne faudrait pas non plus penser que c'est normal. C'est un déchet culturel, comme l'a écrit Claude Cossette dans son livre.
C'est le "murmure marchand", comme l'écrivait Jacques Godbout, qui ne se tait jamais. Un bruit de fond permanent.
Et cela m'indigne encore plus lorsque c'est dans l'esprit des enfants que l'on cherche à tatouer des marques à jamais. Ciné-Cadeau, c'est le festival annuel du film pour enfants à Télé-Québec. Il est honteux, particulièrement de la part d'une télévision publique, d'avoir vendu ce nom à un vendeur de malbouffe.
Remarquez, on regarde ailleurs et on se console un peu.
Aux États-Unis, McDonald's va jusqu'à commanditer les bulletins de notes des élèves du primaire, en promettant un Joyeux Festin aux écoliers qui auront eu de bons résultats… Le mioche a un A en éducation physique? On le récompense par un hamburger, une frite et un Coke…
Lire aussi:
-Les enfants trouvent que la bouffe a meilleur goût lorsqu'elle vient avec un logo de Mcdo.
-Ronald McDonald, le jeu vidéo.
Non seulement on a le droit mais le devoir de dénoncer pareille initiative !
Premièrement, Télé-Québec est un organisme d’État financé par les concitoyens du Québec.
Deuxièmement, le même État québécois a pourtant une législation claire concernant la publicité dirigée vers les enfants.
Troisièmement, une commandite aussi « subtile » lors d’une émission essentiellement dirigée pour les enfants devrait faire sursauter quelqu’un au bureau du premier ministre.
Sinon, c’est qu’on est très prompt au Parti Libéral pour faire la morale aux journalistes en conférence de presse mais pas très rapide lorsqu’il s’agit de mettre un peu d’ordre entre la pratique commerciale et les trous dans l’appareil législatif.
Je ne mentionne pas l’ADQ comme cible potentielle pour loger une plainte, ils sont assez imbéciles pour s’en servir afin de nous ressortir leur désir d’abolir la station comme ils l’ont déja fait par le passé. A ce moment-la, c’était pour nous brancher sur internet… Ce que le PQ s’est empressé de faire par le biais d’un programme d’accès au réseau par le biais d’un crédit alloué aux familles cherchant a acquérir un PC.
Donc, je n’adresserais pas non plus mes doléances au PQ puisque ce dernier finirait par s’en servir afin de nous programmer du NOUS.tv mur a mur afin de faire adopter plus facilement leur connerie de projet de loi sur la citoyenneté québécoise – encore un emprunt a la politique de l’ADQ.
Comme quoi, ce n’est pas d’hier qu’on vire a droite au PQ.
En fait, ça date de l’élection de Bernard Landry et ça s’est poursuivi en grande sous l’obssession du déficit zéro de Lucien Bouchard.
Bref, c’est pas un cadeau la politique provinciale au Québec !
Heureusement qu’il y a ciné-cadeau TOUT COURT pour divertir les enfants (et aussi quelques parents) et que l’Assemblée Nationale fonctionne enfin de manière plus parlementaire maintenant que nous avons (enfin !) un bon gouvernement libéral MINORITAIRE. Parce que lorsque le PLQ est majoritaire, c’est pire que l’ADQ qui s’amuse a nous rejouer la comédie de Duplessis sans l’appui du Bloc Populaire !
Bonne année quand même ! Et j’espère que les journalistes au Québec prendront la résolution ferme et féroce de mordre encore plus fort le fond de culotte de tous les ministres qui oublient l’intérêt du public en 2008.
Si vous avez écouté An Inconvenient Truth, donc si vous avez capable d’écouter le constat navrant sur notre planète qui fond sous nos pieds en faisant abstraction du fait qu’Al Gore lui-même consomme autant d’énergie que dix Américains moyens, vous vous souviendrez peut-être d’un moment dans le film où on compare les réactions humaines face aux changements climatiques à celle d’une grenouille dans l’eau bouillante. Si cette dernière saute dans l’eau déjà en ébullition, elle va illico en ressortir car elle réagit à la différence flagrante de température. Si toutefois on fait bouillir l’eau doucement pendant que l’animal s’y trouve déjà, celui-ci y restera jusqu’à ce qu’il soit prêt à servir avec des frites et une sauce aigre-douce.
C’est vrai par rapport à la dégradation de l’environnement. C’est aussi très très vrai par rapport à l’expention de la publicité. Plus le temps passe, plus elle s’étend. Elle est dans ma figure du matin au soir. Kellog, Gillette, Crest et Cotonnelle le matin, suivi de Chrysler, Ultramar pour me rendre au travail rejoindre Dell, HP, Sharp, Papermate, Purell, Scotties, Hilroy, Meridian, Microsoft Windows et Intel. Même quand je pisse dans un urinoir Crane, maintenant, j’ai une télévision Sony qui essaye de me convaincre de remplacer ma Chrysler par une Chevrolet parce c’est évidemment très supérieur à ce que j’ai déjà. Parfois je suis sur un site très respectable que je ne nommerai pas et alors que j’ai bien entamé la lecture d’un article fort intéressant, une publicité glisse soudainement au milieu de mon écran, me vantant les avantages d’acheter les lunettes de telle compagnie qui permettent de mieux voir que toute autre, mais qui, ironiquement, m’empêche de lire mon article, jusqu’à ce que je trouve le foutu petit « x » bien caché sur lequel je dois cliquer pour retourner à ma lecture.
Maintenant que j’en parle, lorsque j’appelle Mastercard pour savoir si mon solde me permet d’acheter un cadeau pour mon frère, j’ai une voix pré-enregistrée qui m’invite à écouter attentivement car les options ont été changée, puis une autre voix anonyme me parle langoureusement de trois nouveaux forfaits offerts par ma compagnie de crédits avant de se résigner finalement à me révéler quelles touches appuyer.
Ce gentil petit viol de nos vies quotidiennes par la pub ne s’est pas fait en un jour. Si ça avait été le cas, Jean Charest aurait déjà demandé qu’une commission enquête sur la question. Elle s’est fait lentement. Les compagnies s’assurent de bien garnir les coffres de ceux qui vont éventuellement devoir mettre leurs culottes et leur mettre des bâtons dans les roues, de manière à ce que ce jour tarde le plus possible. Ça ressemble à un virus qui se met en place, se multiplie de cellules en cellules, mais s’assure de ne pas causer trop de dommage avant d’être bien installé et pratiquement indélogeable.
Et maintenant, on commence à ouvrir les yeux. Un peu tard, peut-être, car la réalité semble de plus en plus cachée derrière la pub qui prend toute la place.
J’aime bien le commentaire de monsieur Cloutier, il appuie à merveille cette entrée de blogue inspirée. Ce n’est pas la première fois, par contre, que dans cette pertinente rubrique « médias », on fait référence à cet envahissement pernicieux et intensif.
C’est Jacques Languirand, pas plus tard que hier soir qui citait un ouvrage d’un de mes mentors (Kopferer) en parlant d’un livre intitulé « La pub et les enfants » ou un truc d’approchant. On y soulignait justement avec pertinence que la génération actuelle était celle qui était la première à se faire bombarder de manière aussi percutante par des myriades de messages publicitaire à longueur d’année, 24/7, comme on dit chez les angliches.
Et ce qui ressortait aussi du « collage » de l’animateur de Par quatre chemins, sur les ondes de la SRC, c’était le fait que les jeunes des classes défavorisés – les enfants pauvres, autrement dit – étaient 10 à 20 fois plus susceptibles d’être influencés fortement par ce battage médiatique. D’ailleurs, dans le domaine du marketing direct et de la publicité de masse, on ne se gêne pas pour parler de matraquage publicitaire…
Enfin, tout ça pour dire que notre sociale démocratie devient de moins en moins soluble dans le capitalisme ambiant et que la véritable compétition qui se fait dans le marché, elle se fait dans le cerveau des gens et c’est la société de consommation qui entre en fait en concurrence féroce avec la société civile. Et ce, depuis 1989. Depuis la chute du mur de Berlin, on dirait qu’une digue c’est ouverte et que tout le langage semble dériver vers la mentalité « client » et que le vocabulaire lui-même se fait « privatiser » par des multinationales. (Voir l’achat du « Bleu » par Pepsi ou autre connerie du genre…)
On est pas très loin de la novlangue de 1984, encore une fois. D’ailleurs, il est assez ironique aussi de constater que Apple, au début de l’ère de l’informatique personnelle, représentait la percée de la compagnie « du fruit défendu » (la pomme croquée étant une référence évidente à l’assaut de l’Homme sur l’arbre de la Connaissance, véhiculée par la Bible) comme étant une percée dans un monde gris et totalement uniformisé.
D’ailleurs, réfléchissez à quel point la guerre des « concepts » publicitaires finit par monopoliser le sens de certains termes usuels en démocratie jusqu’à leur faire perdre tout leur mordant ou carrément finir par signifier tout à fait le contraire de leur définition initiale !
Par exemple, pouvez-vous me dire en quoi le Futur est plus « simple » ou « friendly » lorsque Telus me l’affirme ? Un téléphone cellulaire, n’est-ce pas devenu un très bon prétexte pour être constamment éloigné de ses « proches » ? Un forfait cellulaire, y a-t-il quelque chose de moins simple ? Si vous me répondez que c’est simple, pourquoi alors faut-il à un conseiller-vendeur en boutique 30 minutes pour m’expliquer l’éventail d’ « options » qui s’offrent à moi ?!
Et pour en revenir à l’exemple de départ de Steve Proulx, lorsqu’on me « dit » subtilement que McDonald « commadite », ou plutôt s’associe à la « réalisation » de Ciné-Cadeau ; que se passe-t-il ? C’est bien simple. Dans ma tête, l’entreprise se loge AUTOMATIQUEMENT, sans même que j’y songe – d’ailleurs, qui a encore le temps de penser aujourd’hui ? on est tous en train de dépenser 24 heures sur 24 ou en train de penser à ce qu’on va dépenser le lendemain ! – bref, la marque, le beau « M » – les belles arches de l’amour de Ronald McDonald (vous remarquez le déplacement sémantique, ah, bravo ! ) va se loger dans mon cerveau sous la rubrique « famille, enfant, bouffe rapide à servir ». Pour ce qui est de l’enfant, il joue le rôle de cheval de Troie dans mon auto (probablement un Ford, car j’M bien « bouger mieux » en parlant à mon volant de char !) car lorsqu’il voit les arches dorées, il se met à crier : « Papa, j’ai faim ! Moi, j’aime McDonald (et toutes les cochonneries en plastiques que je dois collectionner afin de revenir au moins une demi-douzaine de fois dans le mois afin de bien enrichir le joli clown et sa ribambelle d’orphelin dont la Fondation Ronald McDonald s’occupe à temps plein parce que l’État américain se retire de plus en plus de l’Éducation publique) ! »
Une fois qu’on a compris le principe de base, on comprend également comment fonctionne le placement-média, la commandite, le renforcement positif, le matraquage pluri-médiatique, le détournement de sens, les sophismes marchands et toute la bastringue qui fait que OUI, la publicité a une ÉNORME importance et une EXTRAORDINAIRE force dans nos vies.
Sinon, on ne serait pas en train de subir toute une série d’associations d’images et d’idées chaque fois qu’il nous faut élaborer un raisonnement qui se tient debout par lui-même ! Merde, on est tellement innondé de messages publicitaires que même certains articles de journaux, certains clips politiques ressemblent comme deux gouttes d’eau à des communiqué de presse ou des slogans de machine à laver, bout de cierge !
Bref, tout ça pour dire que, selon moi, tant que le pouvoir de mobilisation citoyen restera en marge des leviers traditionnels du pouvoir parlementaire, on va toujours se retrouver le bec à l’eau et les culottes à terre lorsque viendra le temps de défendre nos principes.
Que ces valeurs principales soient la souveraineté, l’environnement, la Santé ou la survivance des pandas en Chine ou des ours polaires au Nord du pays, il faudra bien un jour se rendre compte que le pouvoir de régulation capable de mettre un frein à l’appétit vorace de cette industrie du profit, c’est la politique, mes amis…
Like it or not.
If you do not take good care of politics. Politics is gonna take good care of you. Mais ce you n’est pas un NOUS ésotérique. C’est une cible économique. Et si vous voulez vous défendre, mes chers amis, il vous faut un bouclier théorique politique. Comme dans le bon vieux temps…
J’espère que votre commentaire va se rendre jusqu’à Jean Charest…
N’ayez crainte, monsieur Gauthier, si je me fies à Infoman, il est du genre à accepter les bonnes suggestions… quand il s’agit de se moquer de l’ADQ. lol
Je viens de m’apercevoir qu’on a pas seulement vendu Ciné-Cadeau dernièrement.
On a aussi vendu le cinéma des fêtes ou du nouvel an chez TiVyA. Ce qui donne le cinéma gracieusement offert par Wall-Mart…
Ce qui est un bon choix de commanditaire, si on y pense bien.
On coupe les prix chez Wall-Mart pendant qu’on coupe dans la production locale chez TVA en matière de production télévisuelle.
Attends une seconde ! Ça marche pas ma comparaison douteuse… même Wall-Mart a une politique d’achat au Québec qui fonctionne mieux que Quebecor Media – qui n’est toujours pas foutu d’offrir aux résidents de Québec un quotidien local qui ne soit pas que la pâle copie du Journal de Montréal…
Deux liens qui pourraient t’intéresser :
1) http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp?id=113294&newsletter=ok&cat=article_entreprise
2) http://www.ecopublicite.com/
Il s’agit d’un article et d’un site portant sur le regard écologique que l’on peut porter sur la publicité en mouvement. Ça vient d’Europe, mais c’est pertinent quand même, d’après moi.