Je me rattrape dans mes lectures, si une telle chose se peut…
Sur MédiaMatinQuébec…
Le pas très humble Michel Dumais se demande si les employés en lock-out du Journal de Québec ne devraient pas songer à voler de leurs propres ailes.
Le 24 avril prochain, ce fera un an que les journalistes en lock-out du Journal de Québec publient gratuitement le MédiaMatinQuébec dans la Capitale nationale. Dites donc collègues, avec l'échec récent des négociations entre les lock-outés et Quebecor, il serait peut-être temps de penser à voler de vos propres ailes.
Selon l’édition d’avril 2007 du magazine Le Trente, un journaliste du Journal de Québec gagnait entre 40 174$ et 71 369$ par an. Dans les quotidiens québécois, seuls les journalistes du Journal de Montréal et de La Presse sont mieux rémunérés.
Ainsi, le jour où MédiaMatinQuébec générera suffisamment de revenus pour donner aux lock-outés des conditions de travail similaires à ce qu’ils avaient au Journal de Québec, ils songeront peut-être à voler de leurs propres ailes.
Ce jour est encore très, très loin…
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Médias et Démocratie : l’âge des ténèbres
En résumant ce qui s’est écrit sur le blogue lancé autour du récent colloque Médias et Démocratie, le journaliste Pascal Lapointe brosse un portrait sombre du paysage médiatique. Il faut dire que le thème de ce colloque avait déjà de quoi inquiéter : « Informer est-il toujours d’intérêt public? ». Poser la question, c’est déjà donner une partie de la réponse.
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Gil Courtemanche ne pleurera pas sur la tombe de TQS
Tous les journalistes ne sont pas complaisants. Dans Le Devoir, Gil Courtemanche règle le cas de TQS, «une sorte de TVA des pauvres d’esprit», selon lui. Extraits :
Si TQS ferme, de quelle créativité serons-nous privés? Nous serons privés du Loft et d'Elvis Gratton. C'est comme être privé du choléra et de la pollution.
Sur le fond, il faut bien reconnaître que TQS ne devrait jamais détenir un permis de télévision généraliste si on appliquait les critères du CRTC pour obtenir une telle permission d'exister. TQS ne fournit pas une information générale qui permet de mieux comprendre le Québec et le monde. TQS ne propose pas une télévision originale. TQS ne contribue en rien au développement de la culture québécoise, sinon en faisant des «plogues» pour les artistes populaires. Ce réseau n'a jamais investi dans la création dramatique de qualité, n'a jamais contribué à l'essor ou à la diffusion du cinéma québécois ou de la chanson québécoise. Autrement dit, ce réseau est totalement inutile dans le paysage audiovisuel québécois. Et que dire du fait que cette télévision n'a jamais cru que des élections québécoises ou canadiennes méritaient une soirée spéciale!
——————–Sur MédiaMatinQuébec…
Eh bien, Michel Dumais semble être une référence en matière de médias électroniques puisque ça fait trois fois que je suis tout à fait d’accord avec sa vision des choses sur une situation particulière.
Cette fois-ci, ce qui est clair, c’est que les employés syndiqués du Journal de Québec devrait changer de mentalité et se rendre compte qu’ils peuvent s’unir autrement que pour quêter de meilleures conditions de travail à un homme qui gère l’information comme il gère la section « culturelle » de son conglomérat médiatique : en essayant de faire des recoupages de dépenses qui finissent, dans la gestion de l’information, par appauvrir les sources d’informations – ce qui est dommageable lorsqu’on veut obtenir de l’information complète et exacte sur un sujet – ou carrément forcer des journalistes à faire du copinage ou franchir une zone d’indépendance essentielle au journaliste afin qu’il ne soit pas susceptible d’être accusé de conflit d’intérêt dans l’exécution de son travail – ce qui est dommageable pour la crédibilité de la profession.
————-Médias et Démocratie : l’âge des ténèbres
Parlant de l’âge des ténèbres des médias, il est clair que les « chiens de garde de la démocratie » sont étouffés par une logique marchande qui entre en conflit avec le mandat de la profession qu’ils cherchent à exercer en toute indépendance et en accord avec un code de déontologie essentiel.
Et, devinez quoi ?
Ce constat était déjà fait par Serge Alimi du Monde Diplomatique il y a de ça au moins 10 ans !
Alors, je suis bien heureux de VOIR que le Québec rattrape les penseurs français de l’univers médiatique de plus en plus obsédé par des impératifs de profits optimum au détriment d’une qualité d’information maximales.
——————– Gil Courtemanche ne pleurera pas sur la tombe de TQS
Ce commentaire de Courtemanche me fait rire. Il s’agit là d’un exemple typique de snobisme exerçant son mépris pour la populace en passant par un modèle de développement indéfendable pour passer son besoin critique de frapper sur une entreprise majoritairement consacré au divertissement populaire.
Courtemanche n’a RIEN à VOIR avec un homme qui ne fait pas dans la complaisance. Il fait partie d’une élite qui – tellement frustrée de ne pas convaincre la masse – se défoule en frappant indirectement dessus en méprisant ou raillant ce que celle-ci regarde en grand nombre.
Belle attitude…
Cela étant dit, ce qui me fait rire encore plus, c’est de VOIR ceux qui dansent sur le cadavre encore chaud – mais toujours vivant cliniquement parlant – de TQS alors qu’il ferait un peu moins les braves s’ils avaient pour mission de s’attaquer à TVA.
Et pourtant, TVA en présente de la télévision discutable et lamentable (selon mon point de vue). De plus, la bullshit audio-visuelle de Quebecor ne peut pas se vanter de laisser autant de place à des initiatives québécoises pour remplir sa grille horaire de divertissement.
Mais ce n’est pas tout, tous ces intellectuels de choc cherchant de l’info pure et dure, où sont-ils lorsqu’il s’agit de soutenir des initiatives notables et pertinentes de la part de Télé-Québec, une télé qui respecte quasiment à la lettre sa fameuse license du CRTC ?
Pour moi, ce discours méprisant et snobinard – provenant de la chaire d’un d’un autre prêtre sans soutane du petit Québec – me semble négligé un FAIT important :
TQS veut faire différent et innover en faisant dans le spectacle made in Quebec sans suivre à la lettre la recette de son vis à vis privé (TVA). Mais son seul crime, ce n’est pas d’opter pour l’info-spectacle – la SRC et TVA le font amplement à différents degrés d’intensité – non, le crime de TQS c’est de faire comme tout le monde en essayant de faire un produit qui réflète autre chose que la mentalité montréalaise ou importée d’ailleurs sans s’enrichir de manière indécente au passage.
Donc, ce qui fait chier le monde sur TQS, ce n’est pas le fait qu’elle fait dans le divertissement bas de gamme qui ressemble à une bonne partie de la population. Ce qui fait chier les bien pensants, ce n’est pas que le « mouton noir » n’arrive plus à offrir une option différente, créative et plus appropriée aux nouvelles technologies. Non, ce qui fait chier le monde sur TQS, c’est qu’elle est rendue trop faible pour se défendre et défaire les réputations de ceux qui l’offense publiquement en lui faisant un procès qui conviendrait tout autant à ses concurrents privés.
Bref, TQS n’est pas encore mort. Flash non plus et Loft Story itou. Et j’espère que la revitalisation possible de ce réseau fera taire ses détracteurs de la plus admirable des façons : en performant encore plus qu’avant dans un créneau déserté par ses concurrents. Et le créneau est large, il suffit d’avoir l’audace et la vision de le mettre en chantier !
Enfin, cracher sur TQS en ce moment, c’est comme cracher sur le mendiant parce que manger du BS n’est pas assez politiquement correct ou payant. On se fait les dents sur le mouton parce qu’on ne peut tout simplement pas s’attaquer aux plus grands.
Lorsque Courtemanche rappelera son mandat de télé publique à la SRC en risquant de faire suer ses amis y travaillant – je crierai au génie critique et à la non-complaisance. En attendant, c’est sa petite connerie d’intellectuel de salon qui me fait rire en essayant de faire entrer la télé dans un moule encyclopédiste universel célébrant la lutte de classes et les droits de la personne 24/7. Vraiment, Courtemanche devrait se contenter de faire avancer des idées au lieu de snober celles des autres.
Le divertissement, c’est le divertissement. L’information, c’est l’information. Et la télévision, ce n’est pas la presse écrite. C’est de la tautologie que d’ajouter ça… mais le monsieur est assez intelligent pour comprendre ce que ça veut dire.
Enfin, je l’espère… démocratiquement parlant, je veux dire.
p.s. : ça prend toute sorte de monde pour faire un monde, buddy ! 😉
Je me demande bien sur quelle planète vit Michel Dumais. Un journal, ce n’est pas seulement le produit fini en trois dimensions et sa salle de rédaction, c’est aussi – et surtout – toutes les entreprises qui achètent de la publicité dans ses pages.
Est-ce que M. Dumais pense que les hommes d’affaires supportant le JdeQ vont tout à coup se retourner et miser sur l’équipe de journalistes de MédiaMatin????????????? Des gens (les journalistes) somme tout sans capitaux sérieux à investir dans une aussi grosse aventure, mis à part leurs convictions et leur talent d’artisan de la nouvelle et de l’écriture.
Ce qui m’étonne dans le propos de M. Gil Courtemanche, ce n’est pas que je pense qu’il ait raison, c’est plutôt que ça prenne autant de temps pour qu’une personne réelle énonce des vérités fondamentales, accessibles et profondes sur l’insipidité de TQS et son éternel racolage auprès d’une clientèle complaisante.
C’était mon éditorial du jour… 🙂
Moi aussi, M. Proulx, le commentaire de Michel Dumais m’a laissé sceptique. Ce dernier invoque l’exemple du Journal de Montréal, qui avait été lancé durant un arrêt de travail à La Presse. Soit, mais il faut savoir que le Journal de Montréal a été déficitaire durant sept longues années avant de dégager son premier bénéfice. Les quotidiens gratuits, bien qu’ils soient en pleine croissance, ne sont pas non plus faciles à rentabiliser. Il faut en règle générale trois ans d’exploitation à perte pour rentabiliser un quotidien Métro. Et ce n’est pas en payant grassement une salle de rédaction qu’ils réussissent cet exploit, mais en engagent souvent que des pupitreurs qui mettent en forme dépêches et communiqué ainsi que quelques pigistes. Lorsque le quotidien gratuit devient rentable, on se permet d’engager quelques rares journalistes, mais à un salaire qui n’a rien à voir avec ceux des journalistes du Journal de Québec….
@ Julien Brault
Merci pour la précision! Toujours selon Le Trente, le salaire d’un journaliste au Métro est de… 28 000$ à 36 000$ par an. Au 24h: 27 000$
@ Steve B.
On peut remonter cette critique sur la dérive commerciale des médias à bien plus loin que Le Monde Diplomatique, il y a près de 50 ans, en octobre 1958, le grand journaliste américain Edward Murrow prononçait un célèbre discours sur le même sujet… Toujours aussi d’actualité aujourd’hui!
http://www.turnoffyourtv.com/commentary/hiddenagenda/murrow.html
Je n’ai pas de références, mais j’entends parler de la dérive commerciale au Québec depuis que je suis journaliste. Seulement, la critique s’intensifie d’année en année…
Au risque de décevoir Steve Boudrias, je suis aussi très sceptique lorsque je relis le billet de Michel Dumais. Très, très, très. ;-)))
Cela dit Steve (Proulx), «le jour où MédiaMatinQuébec générera suffisamment de revenus pour donner aux lock-outés des conditions de travail similaires à ce qu’ils avaient au Journal de Québec» n’est pas prêt d’arriver. Et d’ailleurs, il est évident que si les journalistes du MMQ décident de voler de leurs propres ailes, il leur faudra dire adieu aux conditions de travail offertes par Québécor. De même, il leur faudra rouler avec un staff réduit. Mais il y a là une opportunité. Voilà tout.
Pour continuer cette réflexion, je suis en train de chercher et de lire les trop rares textes disponibles sur l’échec du journal Le Jour (http://en.wikipedia.org/wiki/Le_Jour) afin de comprendre les raisons de son échec (certains parlent de finances catastrophiques tandis que d’autres au contraire n’y voient que le geste des dirigeants d’un Parti Québécois, irrités de se voir critiqué par les journalistes du Jour… vieil air connu tiens.)
« Informer est-il toujours d’intérêt public ? »
Qu’est-ce que «l’intérêt public» ?
Spontanément, nous dirions probablement qu’il s’agit des intérêts du public; mais qui est ce public ? Quel est le nom de ce public; où habite-t-il; comment vit-il?
«L’intérêt public» pourrait-il être de même nature que ce qu’on nomme avec justesse, dans l’entreprise, «ressources humaines» ?
Moins l’ensemble des intérêts des citoyens; «l’intérêt public» serait plutôt l’idéal-type de ces intérêts. L’information n’étant plus alors la source d’une parole citoyenne, d’un lieu de la politique; l’information est plutot la source d’une communication experte, d’un non-lieu de l’efficacité politique. (La politique est tout sauf efficace. L’efficacité est rendu possible par la disparition de toute dissidence, de tout ralentissement.)
L’information et son «intérêt public» développe un «surmoi», un espèce de regard extérieur et supérieur que chacun intériorise comme il peut. Le regard personnelle et la parole singulière laissant tranquillement place à des comportements-réflexes. Dans ce développement des choses, c’est finalement l’information elle-même qui perd son objet : le lieu public.
@ Merci BEAUCOUP pour le lien vers monsieur Murrow, comme dirait Postigo à Télé-Québec, ça « manquait à ma culture » ! 🙂
Je vais coucher moins niaiseux à soir comme on dit…
p.s. : j’attends toujours avec impatience un éventuel billet sur le CRTC ou impliquant le CRTC !
TQS a probablement plus innové en un peu plus de 20 ans que durant toute l’histoire de son compétiteur TVA qui s’est toujours contenté de présenter du contenu confortable et prévisible,
Oui, ces innovations ont très souvent fait patate, mais juste pour la naissance de « Rock et belles oreilles », « 100 Limite », « La fin du monde est à 7 heures », « Flash », « Surprise sur prise », « Le petit journal », Dany Laferrière, Julie Snyder, Stephan Bureau, qui ont tous poursuivi leur carrière ailleurs, TQS a eu sa raison d’être.
Il est vrai que ça fait déjà plusieurs années que rien d’original ou d’intéressant n’est sorti du « Canal 35 », mais de dire comme Gil Courtemanche que ce réseau fut inutile me semble hautement exagéré.