Mon billet à propos de l’odeur de grève au Journal de Montréal a fait réagir…
Quelques journalistes oeuvrant au quotidien de la rue Frontenac m'ont fourni des impressions de l’intérieur. C’est plutôt unanime : l’air est nauséabond entre les murs du « plus grand quotidien montréalais »
En vrac :
1. Malaise et détresse
Dans une enquête du professeur Marc-François Bernier publiée en janvier dernier, on révélait et documentait « un important malaise professionnel chez les journalistes de Quebecor (Journal de Montréal), voire une détresse. »
Cette réalité est confirmée.
En revanche, pour « améliorer l’ambiance », les patrons du Journal ont récemment décidé d’offrir une bouteille de vin à chaque journaliste qui fait la une avec son article.
Pour les plus vieux de la maison, c’est du jamais vu.
« Évidemment, on est contents. L'ambiance est meilleure, dit un journaliste. Évidemment aussi que tous ces changements sont sûrement pensés en fonction de l'approche des votes d'Assemblée générale… »
2. Atmosphère « empoisonnée »
Un journaliste à l’emploi du quotidien depuis plus de 10 ans indique que l’ambiance s’est détériorée dramatiquement après le décès du père Péladeau. « Quand le vieux est mort et quand [Dany] Doucet est passé rédacteur en chef. L’atmosphère s’est empoisonnée », dit-il.
Par ailleurs, Julien Brault, auteur d’une biographie de Pierre Péladeau, raconte sur son blogue une anecdote qui résume l'approche du nouveau grand patron Pierre-Karl Péladeau :
Au début des années 1990, Pierre-Karl Péladeau avait préparé le terrain pour faire imprimer le Journal de Montréal en Ontario s'il le fallait et se montrait beaucoup, beaucoup plus dur en négociations que son père avait pu l'être avec ces derniers. Finalement, après beaucoup de casse de la part des employés du Journal de Montréal (qui ne sont pas des anges) et aucun résultat, Pierre Péladeau retira le dossier des mains de son fils, puis lui conseilla d'aller en Europe, où il travailla à développer le pendant européen de l'entreprise pratiquement en faillite qui s'appelle aujourd'hui Quebecor Word.
Aujourd’hui, certains travailleurs ne sont pas très optimistes quant à leur avenir. « J’ai plein de collègues qui ne se sont pas achetés d’autos cette année, dit un journaliste du quotidien. Ils ont peur pour leurs jobs. »
3. On prépare le terrain
Sur la création de postes de cadres, tous les travailleurs du JdeM interrogés croient qu’il s’agit d’un « préparatif » à une grève ou un lock-out.
Un rappel: selon le Code du Travail, «seuls les cadres peuvent remplir les fonctions de salariés en grève, à la condition supplémentaire qu’ils aient été embauchés avant la date qui marque le début des négociations».
C’est en décembre prochain que la convention collective des journalistes du JdeM vient à échéance.
4. Un faible pour les jeunes
Une autre critique revient souvent : la direction du JdeM aime mieux les jeunes serviables que les vieux grincheux. Un journaliste dit: « Dernièrement, [les patrons du Journal] ont embauché plein de jeunots fraîchement sortis de l'université. Le genre d'employés qui a plus de chance d'être loyal dans un an au moment de renégocier la convention. Des jeunes que le Journal aura toujours bien traités et qui n'en auront pas bavé pour faire leurs classes avant d'avoir une permanence. Cela dit, ça n'enlève rien au talent de ces jeunes, bien sûr. Et ça ne veut peut-être rien dire du tout…"
Enfin, c'est à suivre…