Bon, j'avais prévu écrire une belle chronique sur la mort de Tout sur moi… Mais Radio-Canada vient d'annoncer qu'une troisième saison sera produite. Rappelons que la Société d'État avait tiré la plogue la semaine dernière. Un groupe Facebook pour sauver Tout sur moi avait attiré plus de 3400 sympathisants.
Communiqué de Radio-Canada:
BONNE NOUVELLE POUR
TOUT SUR MOI
Lundi 10 mars 2008 – Après examen des montants dévolus dans le cadre du Fonds canadien de la télévision, dont Radio-Canada n’a eu la confirmation que vendredi dernier, la direction générale de la Télévision française annonce qu’il sera possible de produire une troisième saison de TOUT SUR MOI sans compromettre l’équilibre budgétaire de sa programmation dramatique ou de sa grille horaire 2009-2010.Radio-Canada a avisé aujourd’hui même la maison de production Cirrus Communications de cette bonne nouvelle, rappelant que la décision de mettre un terme à la série était exclusivement liée à des contraintes financières et ne constituait surtout pas un jugement négatif sur la qualité indéniable d’écriture, de réalisation ou de jeu des comédiens qui caractérise cette production.
Bon. Ben content pour l'équipe. Mais là, il est 18h20. Ma chronique de jeudi est livrable dans à peu près douze heures et je viens de travailler une journée complète sur une histoire qui n'existe plus. Si vous avez des idées…
Peut-être déjà vérifier de quelle nature ont été ces chiffres délivrés vendredi dernier seulement… Est-ce que la version de Radio-Canada est crédible?
Faudrait encore réussir à parler à quelqu’un de Radio-Canada! Disons que la télé publique rappelle pas mal plus vite quand il s’agit de ploguer quelque chose que pour répondre à des questions difficiles.
D’où j’imagine, une partie de la raison pour laquelle Radio-Canada est actuellement enseveli de demandes d’accès à l’information depuis que la SRC est soumise à la Loi sur l’accès l’information… C’est qu’il y a pour plus de 50 ans de questions mal répondues !!
ouin, autant dire mission impossible…
Je me poserais la question suivante:
«Pourquoi n’a-t-on pas parlé de la dernière recherche de la Chaire d’études socio-économique de l’Uqam, présentée la semaine dernière?»
Il y a eu une conférence de Presse dont aucun grand média n’a parlé à ce que je sache. Pourtant, il s’agit d’une document d’une grande importance http://www.cese.uqam.ca/pdf/rec_08_impots_payes.pdf
Je ne sais pas ce qu’il y a eu comme nouvelles cette journée-là, mais je ne crois pas que ça puisse justifier le silence.
@ Éric Millette
En fait, il en a été question dans Le Devoir, Le Soleil, Métro, dans La Presse, sur Canoë à Radio-Canada…
On en a peut-être pas parlé suffisamment, en effet, mais on en a parlé.
Surtout que dans l’actualité, Léo-Paul Lauzon peste contre les paradis fiscaux depuis des lustres. Ce n’est pas une raison pour ne pas en parler, j’en conviens, mais dans l’esprit d’un patron de média, il faut une poignée plus « sexy » qu’une simple étude -une autre- du prof Lauzon.
Un exemple de poignée sexy pour parler des paradis fiscaux: la découverte hier par Jean-Hughes Roy de Radio-Canada, que le nouveau patron de TQS, Lucien Rémillard, serait propriétaire d’une banque aux Barbades… reconnu comme étant un célèbre paradis fiscal.
Voilà un prétexte pour parler des paradis fiscaux beaucoup plus intéressant qu’une autre étude universitaire…
Je ne vois pas en quoi c’est plus intéressant. Cela tient de l’anecdote. L’étude de M. Lauzon est chiffrée, documentée à même les états financiers des entreprises. Contrairement à ces «oui-dire» vite oublié, l’étude est, dans les faits, irréfutable. Le seul terrain sur lequel on peut combattre cette étude, c’est celui de l’idéologie. À savoir que les riches ont bien le droit de s’enrichir davantage. Surtout qu’il faut se rapeller que c’est ces même riches qui nous disent (combien de fois par semaine?) que nous sommes pauvres collectivement et qu’ils faudraient encore leur faire plus de cadeaux fiscaux si l’on veut se sortir de notre pauvreté.
L’anecdote de M. Remillard est intéressante, mais elle ne fera rien d’autre que miner la crédibilité de cet homme; elle ne vient en rien contester l’existence même des paradis fiscaux et toutes les politiques gouvernementales qui facilitent l’évasion fiscale.
D’ailleurs, j’ai fait une recherche sur google : [« Lucien Rémillard » paradis fiscal]. J’ai eu 2 retours qui ne parlent aucunement de l’affaire et sur le site de radio-canada, impossible de le trouver.
@ Éric Millette.
Je ne porte aucun jugement sur l’importance du sujet. Comme ce sont les médias et la façon dont les médias raconte voient notre monde qui intéresse le journaliste que je suis, j’ai simplement voulu me mettre dans les pieds d’un patron de médias qui doit faire le tri dans l’actualité du jour et choisir les nouvelles qu’il diffusera, et quelle importance il accordera à l’un ou à l’autre.
Pour faire son choix, il se base sur toutes sortes de critères qui vont de l’intérêt public à l’attrait du public pour la nouvelle… Il doit choisir les nouvelles importantes, mais aussi les nouvelles que la population voudra lire…
Et là-dessus, il apparaît qu’une histoire humaine, incarnée par un personnage bien réel, avec un intrigue et tout sera toujours un nouvelle plus séduisante -pour le lecteur- qu’un autre rapport du prof Lauzon.
C’est la même chose avec le logement social, par exemple.
L’histoire d’une petite famille qui se retrouve sur le trottoir faute de trouver un logement abordable fera beaucoup plus avancer la cause du logement social qu’une statistique ou une cut de François Saillant du Frapru, qui répète la même cassette depuis 30 ans.
Bref, je ne parle pas ici de l’importance ou pas du sujet, je tente seulement d’expliquer la raison pour laquelle on n’en a pas parlé davantage dans les médias…
Finalement, ce que je devrais comprendre de tout cela, c’est que la politique est disparue…
Disparue la place publique où l’on venait débattre sur le sens de la société, de la vie collective. Maintenant, on s’amuse avec le potinage de faits divers ; tous retournés vers notre petite vie insignifiante sur tous ces sites de réseautages.
Disparu le citoyen qui avait des droits et des devoirs et qui faisait l’Histoire à grand coup de colère. Maintenant, on a que des désirs et des instincts ; ne reste plus que nos vulgaires et insignifiantes frustrations qu’on garde garde pour soi comme des séraphins.
Et on voudrait nous faire croire que tout ça, c’est de la démocratisation ; que tout ce non-sens produit une démocratie plus directe, plus rapide ; tout le monde à l’unisson.
Disons que le simple citoyen a tout de même énormément de moyens de se faire entendre aujourd’hui.
La majorité silencieuse n’a jamais été aussi bruyante.
Le problème, c’est qu’elle n’est que ça… un bruit.
Et elle ne sera jamais qu’un bruit!!!
Jamais nous pourrons faire parler individuellement des millions de personnes et attendre qu’elles s’entendent toutes. Ils nous faudraient tous, chacun vivre simultanément la vie de tous. Internet et ces réseaux n’y changeront absoluement rien car là-dessus, il n’est pas question d’idée mais de sensation ; dès qu’on ne sent plus bien ce qu’on lit, on quitte à l’aide d’un clique. Là-dessus, personne n’est contraint de rester quelque part à cause de sa position géographique, sa condition de vie ou sa situation.
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