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La chronique facile!

Lors des nombreuses conférences que je prononce, que ce soit à Saint-Hyacinthe, Moscou ou Saint-Hyacinthe, on me pose souvent cette question : « Quel est le secret d’une bonne chronique? »

Je l’ignore. Mais chaque chroniqueur a sa recette. Voici la mienne.

1. Trouvez un sujet.
Il existe deux sortes de sujets. Les sujets d’intérêt public dont tout le monde a parlé, sauf vous. Et les sujets d’intérêt public dont personne n’a encore parlé, vous y compris. Idéalement, le deuxième type de sujet est à privilégier. Par contre, les contraintes de temps peuvent vous forcer à choisir un sujet dont tout le monde a déjà parlé.

2. Trouvez une scène d’ouverture et de fermeture.

Gay Talese, grand journaliste au New York Times au début des années 60 a déjà dit : « Je suis un reporter qui est constamment à la recherche d’une scène d’ouverture. Je ne commence jamais à écrire avant d’avoir trouvé cette scène. Dès lors, je deviens un homme à la recherche d’une scène de fermeture. » Le mieux est donc d’avoir en tête le début et la fin de sa chronique avant même de se mettre à écrire. La méthode simple pour trouver ses scènes d’ouverture et de fermeture est l’approche micro/macro. Partez d’un point de détail et élargissez le sujet jusqu’au portrait global.

3. Ouvrez un nouveau document dans Word.
CTRL-N ou CMD-N si vous utilisez un Mac.

4. Faites sortir le méchant.
D’un seul jet. Ne vous embêtez pas avec les vérifications de chiffres, l’exactitude des citations et les autres détails techniques. Allez-y comme ça vient.

5. Sauvegardez le document.
CTRL-S ou CMD-S si vous utilisez un Mac.

6. Prenez une pause.
Aérez-vous l’esprit. Regardez Virginie. Consultez le blogue de Patrick Lagacé. Allez faire du vélo avec pas de casque. N’importe quoi.

7. Réglez la plomberie.
Relisez votre chronique. Corrigez les fautes d’orthographes. Vérifiez les faits, les chiffres, les citations. Trouvez de beaux synonymes et utilisez votre Dictionnaire des cooccurrences (outil indispensable) afin de découvrir, par exemple, que le nom « conférence » se marie bien avec le verbe « prononcer ».

8. Sauvegardez le document.
CTRL-S ou CMD-S si vous utilisez un Mac.

9. Faites relire votre chronique à votre conjoint/e.
Si le/la conjoint/e commente les tournures de phrases et la ponctuation sans rien dire à propos des idées et des opinions émises dans le texte, c’est le signe que votre chronique a raté la cible. Elle ne stimule aucune réaction/réflexion/consternation/jubilation. Votre chronique ne provoque rien. Retournez à l’étape 2. Si vous êtes célibataire, trouvez-vous un partenaire au plus sacrant, ou alors faites une croix sur votre carrière de chroniqueur.

10. Laissez dormir votre chronique pendant 24h.
Pour que les idées aient le temps de bien macérer.

11. Relisez votre chronique une dernière fois.
Si, après 24h de macération, vos idées ont toujours bon goût, considérez votre chronique comme étant prête à servir. Sinon, retournez à l’étape 2.

12. Trouvez un titre.
Personnellement, je choisis souvent un titre qui annonce la scène de fermeture de ma chronique. C'est ce que j'ai fait ici, ici, ici, et ici.
Or, puisque je viens de réaliser que j’utilise cette technique ad nauseam, je vais probablement opter pour un nouveau genre de titre à l’avenir.

13. Livrez au rédacteur en chef.
Si possible, à l'heure de tombée pile afin que ledit rédac'chef n'ait pas le temps de vous harceler avec des corrections, des précisions et autres chiants remaniements.

 Voilà! C'est aussi simple que ça.