BloguesAngle mort

Se plaindre le ventre plein

Je n'ai jamais officiellement pris position en faveur des syndiqués en lock-out du Journal de Québec.

Ce conflit est mené de façon cow-boy, Quebecor Media publie un journal de schnoutte à Québec depuis maintenant un an et c'est la population qui en pâtit.

C'est ce qui est triste dans cette histoire.

Or, les revendications des syndiqués ne m'ont jamais tiré une larme. Disons les choses crûment: les syndiqués du Journal de Québec sont les cols bleus de l'industrie médiatique.

Hier, le Journal de Québec a publié les conditions de travail des syndiqués avant le conflit:

Avant le présent conflit, le salaire régulier d'un chef de pupitre au Journal était de 90 000$ par année mais il recevait plus de 100 000$ par année incluant primes et heures supplémentaires alors que le journaliste atteignait 83 000 $.

Ces syndiqués avaient droit à six semaines de vacances par année, sans compter la multitude de congés avec solde auxquels ils avaient droit : dix congés fériés; trois congés mobiles; sept jours à l'occasion d'un mariage; sept jours à l'occasion d'un avortement; deux jours à l'occasion d'un divorce; un jour à l'occasion de leur anniversaire; etc.

De telle sorte qu'en moyenne, les employés du Journal de Québec travaillaient 40 semaines sur 52 à raison de 32 heures par semaine réparties sur quatre jours. Selon les statistiques du ministère québécois du Travail, 98,9 % des salariés couverts par une convention collective ne profitent pas de la semaine de 4 jours. Par ailleurs; 92,2 % des salariés ont moins de 6 semaines de vacances et 98 % n'ont pas droit à un congé à l'occasion de leur anniversaire.

À titre comparatif, un chef de pupitre au Toronto Sun, un quotidien payant de Sun Media, gagne 12 000 $ de moins par année qu'au Journal de Québec et travaille 35 heures par semaine réparties sur 5 jours. Un chef de pupitre au grand quotidien national The Globe and Mail, la référence canadienne dans le monde du journalisme écrit, gagne 8 000 $ de moins par année et travaille 35 heures par semaine réparties sur 5 jours. Or, selon Runzheimer International, une firme spécialisée dans la relocalisation de travailleurs, il en coûte de 20 à 25 % plus cher qu'à Québec pour vivre à Toronto.

Je veux bien être pro-syndical et défendre les belles valeurs ouvrières, mais vraiment… dans le cas du Journal de Québec, je pense que les syndiqués devront réaliser qu'ils se plaignent le ventre plein.

D'ici là, ils risquent seulement de continuer à prouver à leur employeur (qui fait de très bonnes affaires actuellement) qu'ils sont remplaçables.