Il y a des lucides et des solidaires partout. À propos de TQS, Paul Cauchon, du Devoir, est… lucide.
À en croire la levée générale de boucliers autour de TQS la semaine
dernière, TQS était la chaîne la plus appréciée des Québécois, et ses
bulletins de nouvelles attiraient des millions de téléspectateurs.Ce n'est pas exactement le cas. Je ne veux pas être rabat-joie,
mais si la chaîne avait été si appréciée, s'il y avait eu plus de
téléspectateurs, et donc plus de revenus, on n'en serait pas là.
Enfin, sa chronique de cette semaine vaut la peine d'être lue jusqu'au bout. On finit par comprendre, tranquillement, comment l'obsession du CRTC d'ouvrir des chaînes spécialisées afin d'offrir toujours plus de diversité est en train de miner une autre forme de diversité.
En télévision, l'amateur de séries documentaires américaines doublées par Guy Nadon a beaucoup de choix. En information locale, par contre, la diversité commence à faire pic pic.
Oui, comme le dit le collègue Cauchon (et comme je l'écrivais moi-même ici), le CRTC a commis un beau gâchis.
Pourrait-on aussi dire que les gens ne veulent pas voir leurs « nouvelles » locales ?
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De toute façon, il est aussi plaisant de regarder les nouvelles locales que de visiter son dentiste. Les politiciens locaux sont toujours moins crédibles, moins charmants que les politiciens d’à-coté. La dépression et autres « mauvaises » nouvelles nous passent en travers de la gorge. Même les jovialistes et autres « bonnes » nouvelles déclanchent notre réflexe cynique.
À propos de la dernière étude de M. Lauzon, vous me répondiez il y a quelque semaines que cette « nouvelle » n’était pas suffisament sexy pour qu’on s’y attarde. Vous disiez, entre autre, que Léo-Paul répète toujours la même chose et qu’on s’en lasse. Les nouvelles locales connaissent le même destin.
Les nouvelles d’ailleurs, justement parce qu’elles sont de loin géographiquement, n’ont pas la même réalité. Nous sommes attendrit, même séduit par le discours touchant du politicien d’à-coté. Nous rions à gorge déployée suite aux gaffes monstrueuses du président d’une république. Nous nous mettons dans une colère « blanche » (blanche parce que non-agressive, non-violente, sans conséquence) envers les politiques chinoises…
Bref, les « nouvelles » locales sont moins « sexy », pour employer votre métaphore. Elles n’ont pas la qualité d’être facilement oubliées ou remplacées. Leurs proximitées géographiques nous engagent politiquement ; nous remuent dans notre confortable routine ; nous dérangent dans notre quête de plaisir. Tandis que les nouvelles venant de loin nous divertissent tout en nous offrant une double illusion : celle d’être de bons citoyens du monde et celle, plus fondamentale, de la possibilité d’unifier politiquement ce monde.