«Bookazine»
J’écrivais il y a quelques mois sur la «magazination» des journaux (ou comment les quotidiens se prennent de plus en plus pour des magazines).
Je prédisais que les magazines, copiés par les journaux, devraient s’adapter… En s’inspirant des livres. Et voilà que le magazine Canadian Living lance un «bookazine» (livrazine?).
Labelled a “bookazine,” the Eat Right guide “is a hybrid between a magazine and a book and has a significantly longer shelf life than the average magazine.”
«Commentocracy»
Un article du site The Politico qui explique comment les commentaires de tout un chacun (la commentocratie?) sur les blogues et les sites Internet 2.0 transforment le journalisme.
Car désormais, le succès et la pertinence d’un article sont calculés en fonction du nombre de commentaires récoltés…
«Refrigerator Journalism»
Expression inventée par le professeur de journalisme Don Ranly. Le «journalisme de réfrigérateur», c’est tout simplement du journalisme «hyperlocal». Et ce serait une façon pour les journaux locaux de rester branchés sur leur communauté.
Selon une définition trouvée ici, ce genre de journalisme «réfère aux choses que les parents découpent et affichent sur le frigo. Intensément personnel. Hypermicrolocal. Tellement local qu’il pourrait bien n’intéresser qu’une seule famille.»
Par exemple, en publiant deux pleines pages de photos de jeunes qui jouent au soccer dans la paroisse, un journal s’assure que les parents, grands-parents et parrains de tous ces jeunes s’organiseront pour obtenir une copie du journal, découper la photo et la coller bien en évidence sur le frigo!
C’est le «journalisme de réfrigérateur».
Ce qu’il y a de changé dans les «Livrazine», c’est que c’est un semblant de livre (avec faible recherche de contenu), des images à volonté et, surtout, des pages payantes appelées «publicité». Axe de rentablité justifiant l’usage de millions de feuilles de papier. Personnellement, je préfère payer pour un vrai livre de recettes, exempt de publicité de Kraft qui tente de me faire croire qu’on peut faire de bons petits plat à base de son fromage velveeta et de sa vinaigrette italienne.
Je suis d’accord avec la commentocracy. Et dans ce contexte, le journalisme doit servir à stimuler les opinions, sans tenter de dicter quoi penser. Ouvrir la porte au débat. On s’entend que ce n’est que sur Internet que ceci peut se faire.
Quant aux journaux de réfrigérateur, admettez que l’habitude est en chute maintenant que les frigo sont en INOX (non magnétique). Que les gens créent leur place publique dans leur cuisine c’est pas grave. Il revient aux journaux locaux par contre de leur servir un peu de contenu autour des promotions d’optométristes et de garagistes du coin. Mais qui a le temps de penser dites moi dans ces usines à imprimer des profits pour Québécor ? Quand on manque de temps, on agrandit la photo du petit sportif du coin, on corrige une faute ou deux et…. Go pour l’impression. Au moins la pub, elle, elle est bien placé. Le commanditaire sera content. Et s’il se taille une place sur le frigo lui aussi, il le sera encore plus !
Pour ce qui est du Livrazine dont il est question dans ce billet, il faut lui donner une chose: il ne compte que 2 publicités. Mais je suis d’accord, les livres de recettes commandités… Bof.
Personnellement, les livres de recettes, je les trouve dans les ventes de garage. J’en ai plusieurs et jamais je ne paie plus de 5$ pour un livre de recettes!
Un commentaire sur la « commentocratie ».
J’espère qu’il n’y a pas que le nombre de « réactions » a un article qui fait « évoluer » le journalisme ou lui donne une certaine « valeur » de nos jours…
Car il me semble que :
1) le commentaire est davantage qu’une simple réaction épidermique typographiée plus ou moins rapidement ;
2) la démocratie ne se résume pas bêtement à la « dictature de la masse » soumise à une influence plus ou moins directe du Marché.
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D’ailleurs, votre précédent article sur l’état de santé de la démocratie, agrémenter de « seulement » 15 commentaires, démontre bien que l’interraction sur un blogue entre un journaliste et ses lecteurs peut donner lieu à une évolution intéressante de la pensée. Je dirais même plus : celle-ci vient donner une certaine « valeur ajoutée » au texte originalement proposé.
Car au fond, au-delà des chiffres et de l’opinion comptabilisée, ce qui fait vraiment évoluer le journalisme, le journalisTe et les lecteurs ; n’est-ce pas l’humilité, le respect et la curiosité envers la complexité du monde ?
Enfin, ce sont ces « buzzwords » qui me viennent à l’esprit lorsque vient le temps de juger la pertinence ou le succès d’un blogue en particulier. Et celui-ci est aussi bien fréquenté qu’il est alimenté. 🙂
Tiens, tiens! Cela faisait longtemps qu’on ne vous avait pas lu M. Boudrias!
Je pense que l’on peut davantage parler de la « commentocratie » lorsque le nombre de commentaires rendent la lecture de ceux-ci contre-productive. Au-delà de 25 commentaires pour un billet, qui les lis vraiment?
Je regarde mon collègue Patrick Lagacé à La Presse, dont les commentaires sur les billets dépassent souvent les 125 commentaires. Et d’autres ailleurs, aux États-Unis où l’on voit régulièrement des 500, 600 commentaires pour un seul billet. Passer au travers prendrait une, deux voire trois heures. Serait-on mieux informé à la fin?
Par contre, le nombre de commentaire est un indicateur que le sujet du billet suscite de l’intérêt. Le lecteur jette un oeil au billet qui a suscité autant de réactions, le blogueur (sans s’en rendre compte souvent) traitera de sujets dans l’espoir de susciter autant de réactions et voilà comment fonctionne la « commentocratie ».
Par exemple, je sais par expérience que lorsque je parle de nationalisme, je suscite des commentaires. Si je parle des blogues aussi, si je critique les blogues, je vais susciter des commentaires…
Mais bon, ce n’est pas un « buzzword » qui englobe tout, quand même.
Comment savoir que vous êtes affectés par la commentocratie?
Quand la majorité des commentaires sont plus longs que le billet original.