Je n’avais pas regardé, hier, la première émission du député-animateur André Arthur à TQS. Parce que je m’en foutais, sincèrement. Si on en croit BBM, vous avez été nombreux à vous en foutre aussi. La première n'a attiré que 52 000 téléspectateurs. Je ne veux pas péter de la broue, mais mon émission à Télé-Québec tire plus. C'est tout dire.
Mais bon. Étant donné que je dois bien faire mon minimum syndical en tant que chroniqueur Médias, je me suis contraint de regarder son heure et demie de blabla aujourd’hui. Je n'en ferai pas une habitude.
Premier constat : l’émission est interminable.
André Arthur, c’est Virginie avec un nœud papillon.
Je m'explique: on peut le «fastforwarder» sans jamais perdre le fil. Même si on rate de longs bouts de son homélie, on ne perd rien. Le télévangéliste Arthur répète, radote. Il dit trois fois plutôt qu’une la même chose, dans des mots différents.
C’est en répétant, en frappant sur le même clou, d’ailleurs, qu’Arthur «fabrique» le consentement du public. C’est son petit truc depuis des décennies.
André Arthur, c’est une pub de Brault & Martineau qui nous répète jusqu’à ce qu’on le comprenne que «la qualité n’est pas un obstacle aux bas prix».
Bref. J’ai écouté les 15 premières minutes de son émission. Il n’a parlé que de lui, des critiques qu’il a reçues après son entrevue d’hier avec Maxime Bernier et de sa lutte contre les journalistes «péquistes, syndicalistes et anti-américains qui peuplent le monde des médias d’ici». Me, myself and I.
En deuxième partie, une longue, longue entrevue avec des éducatrices en milieu familial qui trouvent qu’elles sont trop contrôlées par l’État. Correct. C'est sa cause, le libéralisme économique. Il n'étonne personne ici.
Et à la fin, Arthur nous sort un type du nom de Claude Thibault qui est, dit-on, très drôle. J’imagine que les gens de Québec le connaisse. Moi, jamais entendu parler de ma vie. Toujours est-il que M. Thibault a passé un autre 10 minutes à envoyer des fleurs à Arthur, à parler de leur franche camaraderie, avant d’aborder l’épineux sujet des disques de Noël.
Je m’en confesse, c’est à ce moment que j’ai zappé.
L’émission d’André Arthur est exactement ce que Bazzo.tv était à ses débuts: une émission de radio à la télé.
Qui, mis à part des retraités en panne de loisirs, auront chaque jour une heure et demie à consacrer à mononcle Arthur et à son avis sur tout et n’importe quoi?
Je m'interroge…
On peux se poser la question, qui a part les retraité en mal de loisir écoutent TVA en direct? Ou, pour le plaisir a Radio-Canada?
Il est clair que l’émission d’André Arthur va être édulcoré. Il a été pris dans le festival des poursuites qui a assaillit la radio de Québec il y a 2 ans. Maintenant, les règles ont changé, et il faut vivre avec ça. Maintenant, il reste a voir si on va critiquer la forme, ou bien les propos tenus a cette émission. Car la forme, il faut le dire, va être en « nouveau TQS » bref une faible qualitée des décor, une équipe technique minimale. Bref, une forme coupure de budget.
Mais, va t-on attaquer arthur, car son émission est ennuyante, ou bien parce que les propos se tiennent « a droite » de l’échiquier politique québécois? Seul le temps nous le dira.
Pour ma part, je laisse à d’autres le soin de critiquer ses propos.
Par contre, je pense que la droite est fort mal servie par André Arthur.
On peut parler contre les syndicats ou contre la gauche, pas de problème. On peut critiquer les subventions en culture ou le discours des environnementalistes. Je suis pour la liberté d’expression.
Arthur, par contre, est un militant. Je lui reproche son absence de doute et sa suffisance. Il parle comme un curé, c’est un télévangéliste. Je ne vois pas de meilleure image.
Si on peut reprocher -comme on l’a fait- à des écolos d’être embrigadés dans une sorte de dogme vert, on peut dire exactement la même chose d’André Arthur. C’est l’Institut économique de Montréal avec une moustache et un noeud papillon. Il poursuit une mission: celle d’amener des points de vue qui, selon lui, ne sont pas couverts par « la propagande des grands médias ».
Malheureusement, je ne sais pas de quels médias il parle. Parce que les voix de droite ou de gauche, il me semble, sont assez bien servies dans les médias québécois.
J’aimerais que M. Arthur nous présente des preuves que « tous les médias » sont obnubilés par la gauche.
Il nourrit simplement un préjugé largement répandu qui ne résiste tout simplement pas à l’épreuve des faits.
Nommez-moi un journaliste gaugauche, et je vous en sors un droidroite… bien plus influent!
Les idées véhiculées par André Arthur n’ont été représentées dans les médias que par l’Institut économique de Montréal et maintenant par l’Institut Fraser avec Nathalie Elgrably au journal de Montréal/Québec. Si tu étais exposé couramment aux discours libertariens et ce, en provenance de multiples médias, tu n’aurais pas ce réflexe d’associer Arthur à l’Institut économique.
Tous les journalistes de centre droit que tu pourrais éventuellement nous énumérer prônent tous l’interventionnisme à divers degrés, à l’image de tout les partis politique au Québec, de gauche comme de centre droit.
Et à titre d’exemple, des journalistes centre droit tels que André Pratte et Joseph Facal sont même allé jusqu’à proposer un régime de revenu minimum garanti à travers leur manifeste pour un Québec lucide, une aberration dans la bouche d’un André Arthur ou d’un Maxime Bernier.
Arthur ne doute pas quand il avance que le gouvernement est trop envahissant, comme Guy A Lepage, animateur à la SRC, n’a pas hésité à appuyé les grévistes de la SAQ à l’époque, comme André Robitaille, animateur à ARTV, n’a pas hésité à appuyer le mouvement des artistes contre Harper, comme Vincent Gratton, animateur à ARTV, n’a pas hésité non plus à prendre position contre Harper.
Ce qui déplaît à ses dénigreurs, c’est qu’il peut véhiculer des idées de droite sans contre parti, sans être interrompu. Au Québec, les idées de droites sont challengées, sont toujours remises en question, tandis que les idées de gauches passent comme si ça allait de soi. L’assurance d’Arthur te fait peur, parce que ça ne te laisse pas entrevoir la possibilité que tes idées finissent par passé par son émission. Tu vas te défendre de ne pas le juger à partir de ces idées, d’ailleurs tu l’as déjà fais… « je laisse à d’autres le soin de critiquer ses propos. « , c’est ta décision de te mentir à toi même.
Ton émission tire plus que celle d »Arthur ?
J’savais même pas que t’avais une émission à Télé-Québec.
Il est vrai que Nathalie Elgrably n’a qu’une petite tribune très confidentielle: une colonne dans le quotidien le plus lu au Québec!
Il est faux de dire que les idées de gauche passent toujours comme du beurre sur la poêle. Lisez-vous Richard Martineau, de temps en temps? Ou Patrick Lagacé quand il s’est exprimé sur les éoliennes ou du livre Noir Canada? Ou Claude Picher? Ou Alain Dubuc?
Me semble que ces gens-là critiquent assez souvent la gauche, et ne passent pas tellement inaperçus.
Bien sûr, à peu près tout le monde prône un certain interventionnisme de l’État. Vous avez raison. La vaste majorité de la population québécoise, aussi, est de cet avis.
Je serais curieux de connaître la véritable proportion de purs « libertariens » au sein de notre société. Est-ce parce qu’ils ont peu de voix qu’on ne les entend pas, ou parce qu’ils sont à peu près aussi nombreux que les purs communistes?
Il me semble que ce serait un bon sujet à approfondir.
Vous me citez André Robitaille, animateur à ARTV. Euh? Pardon? Guy A. Lepage, d’accord. Il a une certaine influence. Mais André Robitaille? Qui, vraiment, se soucie de ce qu’il pense? Je ne me souviens pas la dernière fois que j’ai cité André Robitaille dans un cocktail, désolé.
Mais vous avez raison: les gens dans les médias qui prennent ouvertement position en faveur de Harper sont rares. Quoique j’ai déjà lu des chroniques et des éditoriaux favorables à certaines décisions de ce gouvernement.
Mais je ne connais pas un commentateur qui suivra la « ligne du parti » de Harper sans le moindre discernement. Ça, c’est le job d’un député conservateur.
C’est la raison pour laquelle je soutiens qu’on ne doit pas mettre André Arthur dans la même catégorie que Pratte ou n’importe quel autre chroniqueur. Arthur est un militant, un citoyen en lutte. Il est dans une classe à part, il poursuit une mission d’évangélisation et je m’interroge de l’intérêt de donner une telle tribune, sur des ondes publiques, à un pur militant.
Je m’interrogerais tout autant si, demain matin, Françoise David avait une émission quotidienne d’une heure et demie. Et pourtant, ce serait moins pire qu’Arthur: elle n’est même pas députée!
Qu’on donne une tribune publique, qu’on donne carte blanche à un militant en fonction, c’est la première fois qu’on voit ça à la télévision d’ici.
Plus largement, cela nous ramène à une époque où les « journalistes » étaient des politiciens qui se servaient de leurs journaux pour promouvoir leurs idées politiques sans filtre.
C’était il y a 200 ans.
Franchement Steve, si le fait d’être militant, d’être un citoyen en lutte doit priver les citoyens d’une tribune publique, alors enlevons la plume à bons nombres de nos chroniqueurs. Les Facal, Landry et Payette n’auraient pas lieu d’être comme les Steven Guilbeault et Julius Gray de ce monde. Vas lire les plus récentes chroniques de Gray, si ce n’est pas de l’évangélisation alors je m’appelle Maxime Bernier.
Tout le monde milite pour ses idées et si certains vont officialiser leur militantisme par une implication active en politique, ils ont la qualité de mettre carte sur table, de ne pas sévir sous un semblant d’objectivité.
Arthur a toujours fait dans l’opinion. Le critiquer en fonction du code de déontologie de la FPJQ relève de la mauvaise foi.
Il faut le dire très haut, André Arthur est un fasciste. En apprenant que les conservateurs ne lui opposeraient pas un adversaire, il s’est dit ravi puisqu’il pourrait mettre plus de temps pour battre la seule bloquiste à Québec. Cet homme n’accepte pas que d’autres pensent autrement, il veut les écraser.C’est un Le Pen moins intelligent. Que TQS engage et paie cette crapule m’enrage. De la radio-poubelle, nous passons à la télé-poubelle.
La différence entre les Lise Payette, Julius Grey et Steven Guilbeault de ce monde, c’est que ces gens ne sont pas élus, ils ne siègent pas à la Chambre des communes et ne votent pas des lois. André Arthur, oui.
Est-ce qu’on accepterait que Josée Verner anime une talk-show quotidien à Radio-Canada?
Tout le monde a droit à ses opinions, et si un média est près à payer pour entendre cesdites opinions, parfait.
Mais nous parlons ici d’un député indépendant, pas d’un simple donneur d’opinions. Son pouvoir politique est extrêmement restreint, j’en conviens. C’est le principe qui compte.
Il ne suffit pas de dire qu’un député ayant sa propre émission est inacceptable pour que cela le soit. Il peut voter des lois, c’est un fait mais certainement pas un argument.
« C’est le principe qui compte. » Quel principe? Et en vertu de quoi? Ça tient à ce que vous voulez bien que ce soit.
Il y a pourtant des balises déjà établies, protégées des jugements subjectifs comme le vôtre, qui sont définit dans un code. Je vous cite l’extrait du texte de l’un de vos pairs au Soleil…
« Selon une porte-parole du Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique, aucune règle du Code régissant les conflits d’intérêts des députés ne peut empêcher Arthur d’animer son émission à TQS. Ce commissariat a comme mandat «d’assister la Chambre des communes en vue de régir la conduite des députés».
«Le présent Code n’a pas pour effet d’empêcher les députés qui ne sont pas ministres ou secrétaires parlementaires, dès lors qu’ils s’y conforment, d’occuper un emploi ou d’exercer une profession (…)», peut-on lire à l’article sept de ce fameux Code. »
Alors, à moins que tu ne milites pour finalement réussir à faire changer ce code, André Arthur travaille bel et bien dans le respect du code d’éthique qui s’applique aux députés.
Hier dans La Presse, le président de la FPJQ hésitait aussi à condamner André Arthur, mais avec un bémol:
« Par ailleurs, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), François Bourque, refuse de condamner André Arthur. «Légalement, il a le droit de faire ça, explique-t-il. Mais est-ce que ça soulève un enjeu éthique? Je pense que oui.» »
http://www.cyberpresse.ca/arts/television/200810/17/01-30177-tqs-tient-a-andre-arthur.php
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C’est exactement ça. Quel enjeu éthique soulève cette curieuse situation? C’est ce qui m’intéresse, pas vraiment ce qu’André Arthur dit, que ses propos soient libertariens ou ce que vous voulez, c’est la porte que ça ouvre…
Remarquez, hormis ce débat « éthique », l’ère des donneurs d’opinions a mangé une mornifle hier: la tournée des régions du Conseil de presse, dont les résultats ont été dévoilés hier, nous apprend que les citoyens trouvent que l’opinion prend trop de place dans les médias: « On ne veut plus se faire dire quoi penser, on veut des avoir les moyens de se forger sa propre pensée… »
Et il me semble que des ondes publiques, c’est à cet objectif qu’elles devraient servir. Non?
Histoire de poursuivre cette discussion intéressante à propos d'André Arthur lancée dans ce billet
Si nous sommes pour taxer André Arthur de conflit d’interret, alors il faudrais vraiment s’interroger sur le fait que des journalistes ont été manger au Robin des Bois, sur le bras de Gilles Duceppe a la fin de la campagne. Si ça ne soulève pas de question sur la neutralitée journalistique, alors André Arthur, qui n’est pas un journaliste n’a pas a avoir aucune accusation sur ce point.
Ce n’est pas comme si Arthur se posait comme quelqu’un de neutre et se pronant sans idées préconçues. Ses positions sont bien connues. On sait quel parti il appuie le plus, bref nous avons l’information peser ses propos.
Une diversitée d’opinion dans le monde médiatique, une diversitée de courant politique chez les commentateurs, c’est l’idéal pour une saine démocratie. C’est au citoyen de faire son idée.
M. Pigeon. C’est en effet très moyen pour un journaliste politique de se laisser inviter à souper par un politicien.
Mais bon, je ne connais pas les circonstances de cet événement particulier. Si vous en savez plus, faites-nous en part.
Pour ma part, j’ai visionné quelques vidéos de l’émission sur le site de TQS, et mon premier réflexe fut Radio-Cabane-à-sucre ou la vieille version de ma grand-mère de Télé-7 Sherbrooke durant les années 70. Le contenant est cheap, avec un écran virtuel informatique (tourné dans un studio avec fond d’écran bleu ou vert). Très statique, et pas d’actualité pour un cent. Comme Maire, certains diront que je suis mal foutu pour émettre un commentaire. J’ai tout de même occupé la Mairie à temps plein tout en me gardant une place dans les médias. TQS m’avait d’ailleurs approché pour une participation à une émission « de grandes gueules » le midi en provenance de Québec. Quand j’ai su que c’était Arthur, j’ai évidemment refusé. Tellement cliché et peu de profondeur. Le dossier des éducatrices en milieu familial est un autre exemple pathétique du manque de connaissance du dossier de la part de Arthur. Et imaginez que le co-animateur pressenti était Pascal Beausoleil ! Dieu nous en garde…
Un commentaire du maire de Huntingdon Stéphane Gendron laissé sur ce blogue , à propos de la nouvelle
@Sébastien Lavoie, qui dit qu’au Québec, les idées de droites sont challengées, sont toujours remises en question, tandis que les idées de gauches passent comme si ça allait de soi.
Il y en a réalité quantité d’idées de droite qui n’ont jamais été remises en question… jusqu’à la crise financière des dernières semaines. En particulier le dogme individualiste, le modèle américain du « salf-made-man », est dominant dans les pages économiques des journaux comme La Presse, et assure le succès des magazines comme Les Affaires. Sans remises en question.
Il n’y a aucun équivalent à gauche, d’idées qui auraient eu la même ampleur.
Steve donne quelques mois au show de se roder et après tu pourra en faire une critique objectif. faire un review ainsi à la première ne fait que démontrer votre non professionnalisme!