Robin Philpot réagit à ma chronique sur son livre Derrière l’État Desmarais: Power. Je commente son message au fil du texte :
70 % de la presse écrite de langue française? D’où vient ce chiffre demande-t-on?
Le Québec compte dix quotidiens de langue française avec une salle de rédaction, dont sept appartiennent à la famille Desmarais, soit La Presse, Le Soleil, Le Droit, Le Quotidien de Chicoutimi, Le Nouvelliste de Trois-Rivières, La Voix de L’Est et La Tribune de Sherbrooke. (Les trois autres sont Le Devoir, Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec).
J’ajouterais Métro et 24 Heures, qui sont relativement nouveaux dans le paysage, mais néanmoins incontournables.
Sept sur dix = 70 %. Aussi simple que cela.
En 2000, d’ailleurs, lorsque la famille Desmarais a mis sa main sur Le Soleil, Le Droit et Le Quotidien, c’est ce chiffre que les porte-parole gouvernement du Québec, qui ne s’est pas opposé à la transaction, a utilisé pour décrire la situation. Et tous les médias du Québec ont repris ce chiffre sans le contester.
Ce ne sera pas la première fois que les porte-parole du gouvernement diront quelque chose qui sera repris intégralement dans les médias… même s’il s’agit d’un chiffre très discutable!
Ce chiffre est un ordre de grandeur et comporte par conséquence des lacunes. Par exemple, il banalise l’influence de La Presse sur l’ensemble des médias d’information en le mettant sur un pied d’égalité avec Le Droit ou Le Journal de Québec.
Or, on sait que grâce notamment à des ententes secrètes de collaboration entre l’empire Desmarais et Radio-Canada, La Presse a une influence beaucoup plus importante sur les nouvelles que d’autres quotidiens.
Il est vrai que certaines révélations sur cette entente plus ou moins révélée par Le Québécois ont de quoi inquiéter. Notamment un message anonyme reçu par Le Québécois. Je cite cette portion :
"Mais la conversation la plus intéressante que j’eus à ce sujet, ce fut avec un journaliste oeuvrant au cœur même de la bête gescaïenne. Celui-ci m’a appelé pour me féliciter d’avoir obtenu des premières preuves officielles par rapport à l’entente unissant La Presse et Radio-Canada. D’emblée, ce journaliste m’a raconté qu’à l’époque, les gens de Power Corporation avaient fait le tour des salles de presse des journaux appartenant à Gesca pour interdire aux journalistes qui couvraient Radio-Canada de continuer de le faire en adoptant des points de vue critiques. « Les gens de Power Corporation qui oeuvrent à Montréal sont des voyous, des gens brutaux. Ils ont accroché des journalistes par le collet et leur ont clairement dit, en utilisant un vocabulaire de voyous bien sûr, que c’était fini les critiques contre Radio-Canada » !"
C’est inquiétant. Malheureusement… Quiconque lit les chroniques Télévision dans La Presse sait que Radio-Canada passe dans le tordeur de temps en temps!
Tenez, Richard Therrien du Soleil (qui publie souvent dans La Presse) n’a pas hésité à écorcher la couverture de l’élection américaine radio-canadienne récemment (Radio-Canada diffusait La zone alors que Barack Obama prononçait son discours). À la dernière campagne électorale fédérale, Hugo Dumas de La Presse n’a pas non plus hésité à critiquer la soirée électorale de Bernard Derome. Richard Therrien en est venu aux mêmes conclusions.
À mon avis, il y a deux ou trois nuances à apporter à cette "entente secrète". La Première chaîne de Radio-Canada invite souvent des journalistes de La Presse, certes. Surtout à Christiane Charette (quand j'entends Marc-André Lussier et Marc Cassivi de La Presse être invités ensemble pour parler d'un film… je me dis: "Hey, la gang! Changez donc de talle un peu!).
Or, on entend régulièrement Marco Fortier du Journal de Montréal à la Première Chaîne, ainsi que ma collègue Josée Legault et bien d'autres qui ne sont pas de La Presse.
Mais ce chiffre est plus juste que les chiffres établissant le lectorat que Steve Proulx choisit d’utiliser, qui, eux, servent surtout à ventre de la publicité, non pas à établir l’influence sur l’ensemble de l’information au Québec.
Je ne suis pas d'accord. Le lectorat est de loin la moins pire façon de mesurer l'influence d'un groupe médiatique. Pas mal plus pertinent que le nombre de titres que ce groupe possède. Or, s’il y en a qui sont intéressés à l’influence d’un quotidien, ce sont bien les publicitaires… qui ne sont certainement pas intéresssés à dépenser leurs précieux dollars dans un journal qui ne touche personne!
Les chiffres de Steve Proulx ont pour effet, entre autres, de banaliser le rôle de La Presse en mettant sur un pied d’égalité avec le journal gratuit 24 heures. Combien de fois a-t-on entendu Marc Laurendeau ou Paul Arcand dire à la radio : « Le 24 heures nous révèle en primeur ce matin… ». Jamais!
Combien de fois Marc Laurendeau dit-il : Le Journal de Montréal révèle que… Le Devoir révèle que…
Si l’on écoute attentivement les revues de presse, on sait très bien que Marc Laurendeau ou les autres font le tour des journaux chaque matin. Si trois chroniqueurs/éditorialistes de trois journaux différents s’expriment sur la même question politique ou commentent la même déclaration d’un chef de parti, celui qui fait la revue de presse comparera les différents points de vue. Je vous défie, M. Philpot, de mesurer sérieusement l’influence de La Presse en vous basant sur le nombre de fois que ce journal est cité par Marc Laurendeau à la Première chaîne!
Par ailleurs, pour contrer ce problème de concentration des médias, problème réel selon Steve Proulx, les meilleures recommandations viennent de la commission royale sur les quotidiens Kent (1981), dont l’approche s’apparente à celle du livre Derrière l’État Desmarais.
Robin Philpot
Montréal
Le 21 novembre 2008.
S’il faut se servir de la théorie du complot médiatico-économique pour expliquer la déroute des forces indépendantistes au Québec, c’est que la Cause est aussi morte que peut l’être John F. Kennedy ou Miss Monroe – personnalités publiques concentrant autour de leur oeuvre politique ou médiatique une belle aura de conspiration qui rassure ou fait paniquer les plus nostalgiques de cette « belle époque-là ».
Alors, on le sait. On a compris. Hier, c’était tellement mieux qu’aujourd’hui…
Elvis n’est pas mort. Elvis Gratton non plus. TQS s’assure d’ailleurs de nous le rappeler (à ma plus grande stupéfaction) toutes les semaines…
Et je ne parle même pas des conneries qui se disent, s’écrivent et se « documentarisent » sur les multiples complots entourant le World Trade Center, le Pentagone et tutti quanti dans le merveilleux monde des attentats de septembre 2001.
Mais je commence à en avoir mon voyage de ces toutes ces conneries documentaires du style « je sais pourquoi et comment lady Di est morte, je l’ai lu sur internet, vu au petit ou au grand écran, ou entendu à radio machin truc ».
La thèse de la balle magique crée par le réseau BBC, je m’en fous royalement !
Le reportage du 10e anniversaire de la mort de la princesse people qui a éclipsée l’oeuvre entière de Mère Thérésa simplement en crevant dans un accident d’automobile le même jour ; je trouve ça consternant.
Les dernières révélations de Julie Couillard dans le Lundi ou La Semaine ou le 7 Jours, je m’en balance pas à peu près !
Toutes ces « affaires-là », construites autour de « cold case » ou de « récits d’alcôve poltico-érotique », ce n’est rien d’autre que de belles grosses patentes pour enfirouwapé le sucker prêt à ACHETER tout ça avec le sourire du tarla tout heureux d’être fraîchement fourré par la dernière arnaque avariée.
On s’aperçoit qu’il y a suffisament de monde pour acheter une sempiternelle version de l’homme qui dirige tout en secret au Québec (au Canada et, pourquoi pas, dans le monde entier et dans l’uinivers au complet, un coup parti !) et on fait un livre avec.
Un livre… ou un collage d’information qui rassure le public convaincu d’être manipulé par les réseaux d’informations à la journée longue. Philpot ou le scrapbooking du partisan… qui veut manger de la marde pour dîner ?
On nous cache quelque chose, tsé.
« La vérité est ailleurs », comme on dit chez les amateurs de paranormal qui se méfie du FBI sans se méfier de la « gratuité » de la télé…
Tabouret, prenez un break ! Give us a chance, please !
On sort un livre au titre racoleur, qui cherche à faire croire que son auteur est l’équivalent journalistique du duo de journalistes qui a mis au jour « Deepthroat » et fait trembler sur ses bases l’administration de « tricky Dick », alors qu’il s’agit en fait d’un autre stunt médiatique basé sur des apparences de conflits d’intérêts qui ne sont, au fond, que des « faits » montés en épingle afin qu’on croient qu’une mauvaise habitude de copinage médiatique (qui ne laisse VOIR qu’un paresse de la part de certains recherchistes) est la pointe de l’iceberg machiavélique sur lequel le grand navire Québécois vient s’échouer, à chaque fois que l’idée d’indépendance remonte à la surface des eaux troubles de notre psychose continuelle permanente.
Un peu comme si on entrentenait la légende du monstre du Lac Meech avec tant de talent et d’adresse qu’on s’en sert encore aujourd’hui pour vendre des t-shirt, des CD et des livres… ou gagner des élections par défaut.
My gosh, quand est-ce que tout ça va s’arrêter ?!
Est-ce qu’on se rend compte à quel point les médias de masse, les politiciens et tous les autres opportunistes de service se servent de la querelle ou de l’embourbement de la dérive fédéraliste pour faire de l’argent ou se bâtir une carrière politique au détriment des intérêts supérieurs de l’ENSEMBLE de la population du Québec ?
Le pire, dans tout ça, c’est que Philpot, Falardeau et cie, ne se rendent même pas compte qu’on manipule leurs idéaux passéistes afin de faire du profit avec leur « révolution ratée » d’intellectuels manqués qui se cherchent un bouc émissaire démoniaque afin de justifier le déclin de leur option politique au yeux du public.
Pendant que les dinosaures font dans le commerce de la panique et de la paranoïa BCBG ou de boyscouts politiques, le monde continue de tourner carré en piétinant le même monde – qui ne peuvent se payer le luxe d’avoir autant d’attention médiatique.
Sans espoir de changement, sans possibilité de réformes effectives, la grande majorité des Québécois regardent ce feu d’artifices rhétoriques cheap et misérabiliste en se demandant quand on passera à autre chose.
Tout ça parce qu’on est trop con pour sortir des ornières dans lesquelles tous ces gens-là traînent leur misère en tournant en rond comme des caves en voulant, au passage, nous entraîner dans le ravin de leur pensée mise en abïme.
Mais on ne peut pas dire d’un homme qui veut la libération de son pays imaginaire et le bonheur fleurdelysé de son frère immigrant qu’il est un gros mononcle fatiguant tout aussi chiant que le beau frère qui vient de s’acheter un hummer à crédit.
Non, non.
Parce que cet homme vit pauvrement, en incompris, en ressassant toujours les mêmes idées gauchistes ayant toujours cet arrière-goût méprisant et cette agréable odeur de goulag bien senti ; on ne peut pas souligner le fait qu’un homme qui tourne en rond, même s’il tourne constamment à gauche dans sa tête, ne vaut pas mieux que tous ces conservateurs qui tournent à droite à chaque fois qu’une crise économique se présente.
Vous voulez parler de l’État du Québec ? Alors écrivez un récit ubuesque qui commence par « Cette histoire commence au Québec, c’est-à-drire nulle part. » et vous poursuivez en faisant un hommage à Alfred Jarry en soulignant les beautés cachées de la Pologne. Succès garanti sur les planches de n’importe quelle pièce de théâtre de quatre sous.
En fait, l’État d’apathie et d’écoeurement du Québec qui « résiste » tout seul, sans l’aide des « méchants médias fédéralistes », c’est celle qui crève de faim ou qui a soif de justice devant vos simagrés d’avant-garde dépassée par les progrès trop récents (pour être évidents ?) du Québec.
Mais c’est toujours plus facile de se fermer les yeux sur le changement, en prétendant en être l’incarnation pure et dure, que d’admettre qu’on contribue ACTIVEMENT à ridiculiser un mouvement qui a grand besoin de se VOIR repris en main autrement, par une nouvelle génération de souverainistes : ceux qui créeront les ponts entre les générations, les cultures et les différents mode de vie afin de revitaliser le meilleur aspect du nationalisme – en conformité avec la première défénition qu’en donne le dictionnaire Robert.
La démocratie, ça ne s’apprend pas dans les livres, ni à la télé, ni à la radio, ni écrasé dans un sofa ou au fond d’une taverne !
C’est d’ailleurs Gérald Godin qui NOUS donnait cet avertissement salutaire : ne devenez pas des « révolutavernes » ou des « molsonutionnaires ».
Pour l’instant, les adeptes de la rancoeur patriotique et de la Grande Noirceur fédéraliste ne font que marcher dans le sens contraire du progrès… en prenant bien soin de ne jamais nous laisser le temps d’entrevoir ce que pourrait être CONCRÈTEMENT l’avenir dans leur « Québec souverain »…
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Voilà, c’est pas compliqué écrire des lignes en croyant faire avancer des idées en ligne OU en librairie… c’est autre chose que de vraiment appuyer un parti politique (officiel et suscpetible de prendre le pouvoir au détriment d’un gouvernement incompétent) au lieu de s’exciter le poil des jambes en jouant les curés de la go-gauche déphasée (toujours très fière d’embrigader des jeunes incapables de penser par eux-mêmes hors des écoles, des cégeps ou des universités).
D’ailleurs, le taux de décrochage effarant des jeunes étudiants est beaucoup plus préoccupant que l’État Desmarais ! Car avant même qu’ils puissent atteindre le secondaire IV (niveau au cours duquel on juge approprié de leur apprendre enfin l’histoire de leur « pays »), pratiquement le tiers des jeunes disparaissent de la carte électorale ou géographique de leur pays.
Mais qui écrira le livre sur ce sujet délicat ? Qui expliquera à quel point la religion d’hier a été remplacé par un prêchi-prêcha revanchard dans certains milieux défavorisés francophones ? Qui démontrera à quel point il est facile d’entretenir des clichés guerriers auprès de pauvres illetrés fonctionnels afin qu’ils aillent se révolter sur la place publique parce qu’ils sont une génération facile à brainwashée ? Qui osera donner les noms de tous ces profs ou de ces politiciens irresponsables et débiles qui continuent à présenter le communisme comme une vision de l’avenir encore pertinente ?
Un moment donné, le judéo-chistianisme désacralisé, il faudrait bien que nos petits curés de paroisses politiques l’abandonnent.
Un révolutionnnaire de plus de quarante ans, je suis désolé, ce n’est pas un homme qui « résiste », c’est un entêté qui est incapable de décrocher de son soft fanatisme parce qu’il n’est même pas assez lucide pour se rendre compte que sa passion pour « la Cause » empêche les plus jeunes de bouffer autre chose que la merde qu’on lui a fait manger dans le passé…
À bon entendeur, salut !
Et vive le Québec libre… comme dans : libéré de l’illusion d’être encore un concierge dans son « propre » pays.
nota bene : La première des prisons des gens convaincus d’avoir un jour raison de la raison de tout le monde, ces gens-là ont dans leur tête la plus abjecte des prisons. Pas étonnant qu’un être humain qui se respecte n’a pas l’intention d’aller s’y trouver… même pour y protéger un frère, je n’accepterai jamais de bâtir une prison pour qu’on puisse avoir enfin le privilège de crier : mon pays est le plus grand des pénitenciers à ciel ouvert !
M. Boudrias : » S’il faut se servir de la théorie du complot médiatico-économique pour expliquer la déroute des forces indépendantistes au Québec, c’est que la Cause est aussi morte que peut l’être John F. Kennedy ou Miss Monroe – personnalités publiques concentrant autour de leur oeuvre politique ou médiatique une belle aura de conspiration qui rassure ou fait paniquer les plus nostalgiques de cette « belle époque-là ». »
Effectivement, les forces indépendantistes au Québec ne peuvent être en déroute … car si elles l’étaient, il n’y aurait pas eu infiltration d’INDÉPENDANTISTES NOTOIRES dans plusieurs journaux et quotidiens montréalais et québécois au cours des dernières années … Legault, Parenteau, Rebello au quotidien VOIR; Falardeau au quotidien ICI; Legault au journal THE GAZETTE …
» L’art de la guerre est la duperie. » – disait un Sun Tzu
Faire semblant … faire semblant que les forces indépendantistes sont en déroute, voilà le truc …
Paix à tous et chacun.
M. Boudrias : » Le pire, dans tout ça, c’est que Philpot, Falardeau et cie, ne se rendent même pas compte qu’on manipule leurs idéaux passéistes afin de faire du profit avec leur « révolution ratée » d’intellectuels manqués qui se cherchent un bouc émissaire démoniaque afin de justifier le déclin de leur option politique au yeux du public. »
Que les gentils fédéralistes plus ou moins avoués continuent de croire que l’Indépendance du Québec ne viendra pas (si elle n’est pas déjà acquise) … si cela peut leur éviter quelque insomnie. On ne s’empêchera pas de construire encore et toujours notre pays. Gare à eux cependant s’ils provincialisent de quelque manière que ce soit ce pays, nous répondrons comme vous le faites bien M. Boudrias.
@ S. Boudrias : «Pour l’instant, les adeptes de la rancoeur patriotique et de la Grande Noirceur fédéraliste ne font que marcher dans le sens contraire du progrès… en prenant bien soin de ne jamais nous laisser le temps d’entrevoir ce que pourrait être CONCRÈTEMENT l’avenir dans leur « Québec souverain »…»
Monsieur Boudrias, qu’est-ce qui vous permet de juger sans plus de nuances ceux qui ont cru, et qui croit toujours, que le Québec possède les attributs d’un pays. Au nom de quelles certitudes vous octroyez-vous la liberté de d’affubler 30 à 40% des Québécois d’épithètes hystériques ? D’extrapoler le goulag en méprisant un Québec qui n’existe même pas encore. CONCRÈTEMENT, monsieur Boudrias, qu’est-ce que le gouvernement fédéral a tant à offrir au Québec à part des coupures budgétaires, des coupures de programmes, des lois répressives, et des politiques de plus en plus calquées sur celles des États-Unis ? Tant qu’à faire, pourquoi ne pas demander notre annexion !
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S. Boudrias : «Car avant même qu’ils puissent atteindre le secondaire IV (niveau au cours duquel on juge approprié de leur apprendre enfin l’histoire de leur « pays »), pratiquement le tiers des jeunes disparaissent de la carte électorale ou géographique de leur pays.»
Et si l’histoire du «pays», c’était aussi celle que vous voudriez taire. Les versions de l’Histoire dans toute civilisation diffèrent, selon que l’on soit du côté des vaincus ou des vainqueurs. Vous vous croyez du bon bord. Et ça, vous n’arriverez pas à le prouver, même en multipliant les invectives. Même en attribuant à ceux qui ne pensent pas comme vous un statut de débile mental, d’arriéré ou de criminel. De les rendre responsables de tous les maux qui affligent la société actuelle.
Votre plume est hantée de fantômes qui n’existent que dans votre imagination. J’éprouve un peu de frayeur à vous lire.
@ Andrée Proulx
Vous savez, madame, j’ai aussi fait peur, dans une autre vie, lorsque je faisais des sondages – au sein d’un groupe de gens provenant de tous les coins de la planète (et maîtrisant parfois mieux le français que moi-même et bien d’autres francophones de souche) et – si jamais ça peut rassurer les 30 à 40 % de Québécois qui se foutent royalement de ce que mon imagination fertile peut bien écrire sur un site qui n’a de valeur que par les blogeurs officiles qu’on y trouve – j’ai aussi fait grand peur à une femme qui se disait être la filleul de feu Pierre Elliot Trudeau.
Voyez-vous, madame, elle tenait de son parrain autant que moi je tient du mien – cultivateur du Bas du Fleuve, à l’endroit même ou le chemin qui marche donne une autre dimension au Québec : celle d’une ouverture maritime grandiose et frappante qui a chaviré bien des navigateurs français jadis.
Elle aussi me disait « dangeureux » parce qu’elle voyait bien que les discours que je tenais dans la cuisine ou nous étions tous en train de relaxer avant d’achaler le monde au téléphone pour achaler le monde pour gagner « honorablement » notre vie en labourant la mer (autrement dit en collectant inlassablement de vulgaires opinions sur des produits et services de consommation ainsi que les fameuses cotes d’écoute de la radio et de la télévision), elle voyait bien, dis-je, cette jeune femme qui étudiait parmi les « faux surpris de McGill » que je parlais et « charmais » une population que même Bernard Landry se disait incapable de voter autrement que pour les fédéralistes rouges et blanc des deux partis libéraux.
Toutefois, étudiant en droit constitutionnel, une fois seuls sur la terrasse de ce beau 11e étage, lorsque l’obscurité venait descendre doucement sur le centre-vide de Montréal, elle m’a pourtant avoué ne pas partager mon point de vue MAIS respecter ma démarche d’intellectuel de choc en guenilles.
Car, madame Proulx, je vais voter pour le PQ pour la première fois de ma vie (je suis un ancien adéquiste de la première heure) et si j’ai jadis reçu un compliment dans ma vie politique (car j’en fais depuis que j’ai dit NON aux accords ridicules de Charlottetown), c’est ce type de respect tout à fait flegmatique et joyeusement brittanique qui me réchauffe encore le coeur.
C’est tout.
Si jamais le PQ – comme je le crois – voit Pauline Marois devenir chef de l’État québécois, ce ne sera pas grâce à moi ou même à vous, ce sera grâce à tous ces Québécois qui se rappellent encore qu’il faut être présent aux rendez-vous que l’on sait être historique.
Nous avons enfin la chance de transformer les libéraux du West Island qu’ils peuvent encore perdre deux élections de suite… allons-nous cracher sur cette occasion parce que les chicanes de famille minent encore le mouvement souverainiste ?
Je viens de la famille élargie souverainiste, madame Proulx, et – croyez-moi, certains jours, lorsque je parle à des francophones de souche, je me sens étranger dans mon « propre » pays… imaginaire SELON VOUS.
Pensez bien à ceci… Réfléchissez-y… et vous verrez que, au fond, j’ai peut-être un peu raison de m’inquiétez de la faible profondeur des racines culturelles de la génération qui montent dans la vie à coups de textos illisibles (et très loin d’être gratuits).
Quand c’est rendu qu’on vous charge un certain prix pour écrire à une cinquaine de vos amis, madame, ne croyez pas que c’est de ça dont je parle lorsque je parle de « progrès indéniable ».
Au plaisir, madame, vous m’avez fait sourire en ce samedi nuageux…
votre dévoué serviteur de l’Ouest de l’Ile, très à l’Ouest devrais-je dire … lol
@ S. Boudras «c’est ce type de respect tout à fait flegmatique et joyeusement brittanique qui me réchauffe encore le coeur».
Côtoyer plusieurs cultures, à la croisée de racines britanniques, américaines et francophones est un privilège que je considère inestimable. Qu’il s’y mêle des apports plus récents issus de l’immigration est non moins favorable à la diversité culturelle. Ce flegme britannique qui vous réchauffe le coeur a aussi été à l’origine de quelques atrocités coloniales.
Ce qui pose problème ce n’est pas la fréquentation de communautés d’appartenance culturelle non francophone ni l’apprentissage d’autres langues. Non, ce qui me dérange c’est le manque de discernement d’une partie importante de la population, la classe dite moyenne, ou ce qu’il en reste, de confondre ses intérêts avec ceux d’une oligarchie déguisée en sauveur. Sauveur d’une catastrophe qu’ils ont eux-mêmes causée par l’adoption de politiques néo-libérales qui ont déréglémenté tout le secteur de la libre entreprise. Même si la mondialisation et la marchandisation de toute la sphère publique des biens et services nous passe dessus comme un bulldozer, certains s’obstinent toujours à prendre à parti ceux qui tentent de leur ouvrir les yeux.
Ces politiques néo-libérales appuyées par certains partis de droite comme l’ADQ et véhiculées par La Presse promettent ce qu’elles ne peuvent livrer : le progrès. Alors que c’est ce progrès ou cette croissance qui a commencé à nous étouffer. Plus de 200 commentaires économiquement orientés, déguisés en «libres opinions» provenant des membres de l’Institut économique de Montréal, un organisme à but non lucratif, enregistré comme organisme de charité, donc soumis à la règle de neutralité mais à qui La Presse ouvre ses pages de façon déguisée. Quant au JdM, la chronique de Nathalie Elgraby est au moins clairment identifiée.
Ce n’est pas tant l’idéologie de droite ou de gauche qui risque d’affaiblir les francophones du Québec. C’est ce détail de l’histoire que l’on oublie trop souvent : on est entouré de 300 millions d’anglophones. Un rapport de force et de pouvoir impossible à équilibrer sans leviers puissants que le Québec se donnerait. Sans un pays qui se donne les moyens d’agir sur sa culture, il y a peu de chances que le gouvernement fédéral pose des gestes autres que symboliques. Jean Charest échoue lamentablement dans les transferts aux provinces. Son cheval de bataille de la dernière campagne électorale. Aucune province ne porte attention à son combat.
C’est ce dilemne qu’on aurait dû régler lorsque le momentum portait le projet d’indépendance du Québec vers la victoire et que piétine le libéralisme sauvage et l’entêtement d’un Canada indifférent. C’est ce dilement qui m’obligera à voter Québec Solidaire.
@ Andrée Proulx
en tant qu’ancien militant adéquiste, je savoure l’ironie : je prends la peine de passer au Parti Québécois afin d’améliorer notre rapport de force par rapport à Ottawa et vous, vous allez voter pour Québec Solidaire (de 5 % de l’électorat) afin de répondre à des obligations morales.
Entre mon calcul stratégique dans l’intérêt du plus grand nombre d’électeurs du Québec et votre désir de changement irréaliste qui vous pousse dans les bras d’une femme qui va (probablement) empêché l’élection de la première femme premier ministre du Québec… je trouve ça typiquement… Québécois.
Pour ne pas dire « triste »… Et comme si ce n’était pas assez, c’est l’ancienne président de la FFQ (fédération des femmes du Québec) qui va bloquer la voie à la souveraineté féminine du PQ cette année !
Tout ça parce qu’on veut un projet de société AVANT d’avoir une société libre.
In-co-hé-rent totalement.
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