Je n’ai rien contre Ken Follett.
Je n’ai pas eu l’occasion de lire ses briques, mais de toute façon, ce n'est pas de ça que je veux parler.
Non, je veux simplement relever une réalité: plus la personne est connue, moins elle a besoin d’être pertinente dans ses propos pour qu’on lui prête une oreille attentive.
Hier à Tout le monde en parle, Ken Follett a dit en gros que le fait qu’un Noir ait été élu Président des États-Unis représente un événement important.
Et Benoît Gagnon, juste à côté, de hocher la tête d’un air solennel comme s’il s’agissait là d’une déclaration d’une sagesse infinie.
Et l’assistance de l’écouter avec intensité, comme si l’homme venait de nous ouvrir les portes de la conscience, comme si son acuité à lire l’histoire récente de l’humanité était à se jeter par terre.
Come on, il a dit que c’était important qu’un Noir soit président des États-Unis!
N’importe quel quidam, dans n’importe quelle discussion autour de n’importe quelle machine à café arriverait au même constat.
Pour l’intérêt de cette émission, ne serait-il pas pertinent que de temps en temps l’animateur pose la question « Oui, mais encore? », lorsqu’un invité -aussi connu soit-il- se drape dans d’aussi grossiers lieux communs?
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Par ailleurs, j’ai trouvé Michelle Blanc excellente. Moins connue, et donc condamnée à la pertinence.
Je suis d’accord avec vous M. Proulx, et c’est une des raisons qui m’a fait décrocher de cette sacro-sainte émission – aussi parce que ma télé m’a lâché il y a un mois – mais j’ai toujours trouvé que le pape Lepage était toujours plus agressif dans ses questions envers les invités ‘moins pertinents’ , ou moins connus, que le contraire.
Peu importe la stature de l’invité, son importance fictive ou réelle, parfois les bonnes questions ne sont pas posées. Un show de divertissement, n’est pas un show d’information. Il y a des occasions qui se ratent.
La notoriété accorde évidemment certains avantages aux invités concernés, comparativement à ceux qui veulent se placer sous les projecteurs, avec peu de matière à livrer. On peut comprendre l’attitude différente de l’interlocuteur devant les m’as-tu-vu et ceux qui n’ont pas besoin de se faire voir.
Le contenu d’une entrevue demeure tout de même discutable, une fois terminée. On peut toujours croire faire mieux.
C’est peut-être un peu ce que Mario Dumont voulait exprimer la semaine dernière – le PM l’a eu facile, et le chef le moins populaire a dû défendre sa peau. Je ne veux vraiment pas défendre Mario, parce que j’aurais souhaité qu’il joue le jeu de la campagne et qu’il retourne sur le plateau lui aussi. Mais son refus vient visiblement d’une grande peur de passer au tordeur.
J’ai toujours pensé que, malgré certaines qualités, Tout le monde en parle est basé sur un gigantesque et irritant conformisme. Dans le cadre de cette émission il faut toujours penser de manière «correcte»: une petite dose de nationalisme, un «gauchisme» lénifiant, une valorisation inconditionnelle de l’humour et des humoristes, un petit côté plutôt «baveux» et un humanisme gnangnan et lénifiant. C’est ce côté humaniste cucul qui a prévalu lorsque Ken Follett a pontifié en répétant des propos éculés et usés. C’est le même côté humaniste benêt qui prévaut chaque fois que de braves invités, on ne peut plus gentils et plus humanistes, «hochent la tête d’un air solennel». En plus, dans cette glorieuse émission, il est de bon ton de mépriser ceux et celles qui, dans les médias, assument une fonction critique. Ce sont des non-artistes frustrés et ils sont jaloux des «vrais» artistes.
Cela étant dit, il arrive que certaines parties de cette émission soient intéressantes. Mais le tout est parfois gangrené par les correctitudes dont je viens de parler.
JSB
Pingback depuis Tout le monde en parle, mon vid??o sur Dailymotion • Michelle Blanc, M.Sc. commerce ??lectronique. Marketing Internet, consultante, conf??renci??re et auteure
Quelle douce condamnation vous me faites! J’espère que c’est une condamnation à perpétuité?
Ken Follett a publié son livre «Les piliers de la terre» en 1989, alors je suis surpris qu’un écrivain et journaliste, comme vous monsieur Proulx, ne l’ayez pas encore lu et apprécié à sa juste valeur. Dépêchez vous avant de vous retrouver dans la position d’être le dernier québécois à ne pas l’avoir lu. Pour ce qui est de «Tout le monde en parle» ce n’est qu’une émission, qualifiée de trash-tv, que j’ai regardé lors de la 1re émission, il y a de cela de nombreuses années, et que je n’ai plus jamais regardé par la suite l’a trouvant de trop mauvais goût. Ce que vous avez constaté ne me surprend pas car ils ne font que continuer dans la même lignée. Inutile de chercher de la profondeur dans un tel genre d’émission.
Vrai que les livres de Ken Follett sont bons, surtout les Piliers de la Terre. La « suite » parue récemment, se situe une coche en dessous, côté intrigue et qualité d’écriture. Reste que l’à-plat-ventrisme du baveux de RBO devant les invités « internationaux » de TLMEP est hilarante et ne fait que démontrer ce qu’avance M. Proulx. Pour l’intérêt de cette émission, quelque chose devrait être fait en effet. Quoi? Un peu de culot, d’intelligence et moins de « pluggage de show » et de questions en apparence baveuse, mais infiniment doucereuses en réalité.
TLMEP est un show de chaises qui a le seul mérite de ne PAS être une émission de radio transposée au petit écran.
Le problème, c’est que TLMEP est un magazine de variété qui paraît une fois tous les dimanches et qui essaient de rivaliser avec La Semaine, le Lundi ou Écho Vedettes en même temps !
Super enrichissant, en effet…
@ Boudrias
TLMEP est tout de même une émission de variétés « grand public » qui élève l’intelligence générale, sauf mon respect pour ledit « grand public ». Personellement, son arrivée sur les ondes d’une chaîne générale fut à mes yeux rafraîchissante…
Guy A. Lepage peut bien être « anti-intellectuel », son émission touche tout de même des sujets « intellectuels ». Ken Follett est tout de même un grand écrivain étranger, dont j’avais personnellement bien aimé le livre… Ce fut un bon coup de TLMEP de l’inviter quoi qu’on en dise.
Je ne connaissais pas Ken Follett. Et je n’ai pas eu aussi l’occasion de lire ses briques, et je n’ai pas l’intention de le faire non plus maintenant.
Je suis entièrement d’accord avec M. Proulx. Cependant, ce qui m’a abasourdi le plus ce n’est pas son commentaire à propos de l’importance qu’un Noir ait été élu Président des États-Unis, mais son propos au sujet des personnes qui aspirent à devenir écrivain(e)s. Il a dit en gros, que si une personne n’a pas beaucoup lu avant l’âge de 20 ans, elle ne pourrait « jamais » devenir écrivain(e), « jamais ». Bien qu’il soit, de toute évidence, un auteur à succès, il ne détient pas la vérité. Il va sans dire que je trouve cela déplorable que des gens peuvent prêter une oreille attentive à de tels auteurs et de voir ainsi leurs rêves s’éteindre!
Le possible prend du temps et l’impossible un peu plus! Enfin, rien n’est impossible, rien!
@ Suzanne Leblanc
Réjouissons-nous que le Ken Follett souligne l’importance de la lecture et de l’écriture non ?
Bien sûr, je suis d’accord avec vous, on peut devenir écrivain à 30 ans, 40 ans, 50 ans … commencer à lire sur le tard. Rien n’est impossible oui.