Je suis un peu en retard, mais la suite sur l’affaire Sylvain Lafrance. Le 18 novembre dernier, Le Journal de Montréal révélait qu’en un an « le vice-président de la Société Radio-Canada (SRC), Sylvain Lafrance, a dépensé près de 80 000$ en billets de théâtre, en soupers-bénéfices à 1000$ le couvert et en voyages. »
Dans ma chronique intitulée La chasse est ouverte, parue en mai dernier, j’écrivais :
Parmi toutes les demandes [d’accès à l’information auprès de Radio-Canada] un nom revenait sans cesse: Sylvain Lafrance, le vice-président principal des services français de Radio-Canada.
10 % des 513 premières demandes le concernaient directement.
On voulait connaître son salaire, ses dépenses, ses avantages marginaux, son allocation pour ses habits et son auto, les points sur sa carte AirMiles, le coût de son membership à des clubs privés. On exigeait le prix d'un certain voyage à Majorque (Espagne) et, si possible, une preuve montrant que M. Lafrance a demandé la permission de voyager en première classe. On cherchait des pièces justificatives qui prouveraient que le v.-p. s'est fait rembourser par Radio-Canada des montants pour l'entretien ménager de sa résidence ou de son bateau.
Bref, on voulait savoir si le boss mène la grosse vie "sur le bras".
Une vraie chasse à l'homme.
J'ai d'excellentes raisons de croire – même si je n'ai pas de preuves – que cette chasse est menée par des journalistes.
[…]
Sylvain Lafrance sera-t-il le prochain patron d'une société d'État à faire scandale en vertu de la Loi sur l'accès à l'information? Aucune idée.
Mais la chasse est ouverte.
Je ne veux pas me lancer des fleurs, mais j’avais pas mal raison.
Le président du Conseil d’administration de Radio-Canada/CBC, Tim Casgrain, a dénoncé ce qu’il juge être une « attaque déformée » (distorded attacks) à propos de M. Lafrance, venant de la part d’un concurrent.
Rappelons que Quebecor et Pierre Karl Péladeau poursuivent Sylvain Lafrance pour avoir traité M. Péladeau de « voyou ».
Est-ce une fronde de Quebecor envers le patron de Radio-Canada? Sa tête était-elle mise à prix? Un contrat de salissage a-t-il été passé?
J’ajouterais que, selon l’enquête de Marc-François Bernier dont je parle cette semaine dans ma chronique, 66% des journalistes de Quebecor croient que l’intérêt économique du patron passe avant l’intérêt du public…
Lettre du pdg de Radio-Canada
En réponse à un article du Journal de Montreal
Mise à jour: 27/11/2008 04:00
Hubert T Lacroix, président-directeur général de la Société Radio-Canada. © Tom Hanson (PC)
Ayant lu l’article intitulé «80 000 $ en dépenses» paru dans le Journal de Montréal le 18 novembre dernier et le Toronto Sun de la même date, sous la plume de Peter Zimonjic, je réagis aux informations imprécises et hors contexte contenues dans cet article et vous demande la publication de la présente réponse dans toutes les versions du Journal de Montréal, des journaux Sun Media et de leurs propriétés reliées où cette information fut publiée.
::encart:: Cet article débute ainsi «L’un des hauts dirigeants de la radio et télévision publiques a dépensé près de 80 000 $ en un an en billets de théâtre, en soupers-bénéfices à 1000 $ le couvert et en voyages à Paris». Cette phrase insinue que l’ensemble de cette somme aurait été dépensée au seul bénéfice de Monsieur Sylvain Lafrance, vice-président principal de Radio-Canada. Voulant à tout prix peindre un portrait excessif, l’auteur s’est permis d’additionner et combiner des frais engagés à titre personnel et des dépenses associées aux activités qui sont sous l’autorité du vice-président.
À titre d’exemple, la contribution au financement de l’Orchestre symphonique de Montréal ou à d’autres événements-bénéfices du milieu artistique et culturel. Le titre de l’article et le texte laissent entendre que ces dépenses sont celles de M. Lafrance puisqu’on les regroupe dans le même montant de 80 000 $. Ces dépenses non encourues par Sylvain Lafrance personnellement sont autorisées par lui par souci d’une gestion responsable des fonds publics. En effet, en centralisant l’autorisation au bureau du vice-président, il est possible d’assurer que Radio-Canada participe aux occasions où notre présence est non seulement fondamentale mais fait partie de notre mandat de diffuseur public. L’autre objectif poursuivi en centralisant l’approbation de ces dépenses est de s’assurer de limiter le nombre de sorties à celles qui sont vraiment nécessaires. Le lecteur aurait dû être informé que les frais de représentation de M. Lafrance pour l’année 2006 se sont plutôt élevés à 3 433 $, ce qui, somme toute, apparaît plus que raisonnable compte tenu des fonctions qu’il occupe.
L’article laisse également à entendre que le bien-fondé des dépenses attribuées à Sylvain Lafrance serait douteux. Radio-Canada est la plus vaste organisation de contenu d’information, de culture et de divertissement au pays et emploie 4 000 artisans qui donnent le meilleur d’eux-mêmes jour après jour. Le vice-président est le gestionnaire le mieux placé pour apprécier l’opportunité de dépenses occasionnelles pour des dîners de travail ou de modestes réceptions de reconnaissance à la fin de projets majeurs comme la couverture des Olympiques. Ces dépenses constituent de bons investissements dans les relations avec le personnel, sur un budget de près de 500 000 000 $, il est étonnant que l’article ne soulève pas le fait que le vice-président principal n’a dépensé que 7 661 $ en frais de réception pour les employés.
En tant que membre du conseil d’administration de TV5Monde et des Radios francophones publiques, M. Lafrance est appelé à voyager au moins 5 fois par an à l’étranger. Il faut savoir que c’est à la demande et à titre de représentant du gouvernement canadien qu’il participe aux réunions de TV5Monde. À tous égards, sa participation à ces divers conseils d’administration est porteuse pour la diffusion publique canadienne. Sylvain Lafrance administre un budget de près d’un demi-milliard de dollars par année, ses dépenses d’affaires sont publiées sur notre site internet, elles font l’objet de contrôles financiers comme celles de tous les gestionnaires et je tire une grande fierté de la gestion rigoureuse des ressources dont nous disposons. C’est pourquoi il est si vexant de lire un article sensationnaliste et plein de sous-entendus, Nous espèrons que la publication de cette réponse permettra au lecteur d’y voir plus clair et de replacer l’article dans son contexte.
Hubert T Lacroix
Président Directeur-Général
Société Radio-Canada