[PHOTO: S. Proulx] Rue Frontenac, des journalistes du Journal de Montréal déménagent leur local syndical dans un édifice voisin du siège du Journal de Montréal.
***
Je reviens tout juste. Une journée fertile en nouvelles fraîches.
Ce matin, j’étais au point de presse du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal (STIJM). Le président du syndicat, Raynald Leblanc, ainsi que la présidente de la Fédération nationale des communications (FNC-CSN) étaient là pour faire le point sur la situation.
Je lance en vrac ce qu’on a appris aujourd’hui.
- Le STIJM juge qu’un lock-out est imminent. On sera fixé le 2 janvier prochain.
- Le fond de grève du SITJM est le « meilleur moyen de pression que l’on possède », selon M. Leblanc. Advenant un lock-out, les journalistes du JdeM pourraient tenir 2 ans.
- Le STIJM a demandé ce matin au Ministère du Travail de nommer un conciliateur dans ce dossier. Il s’agira de Pierre-Marc Bédard. Il n’y a eu aucune rencontre de négociation entre la partie patronale et le syndicat depuis le 18 novembre.
- Il s’agirait du premier conflit syndical depuis la fondation du syndicat, en 1970.
- "En décrétant 12 lock-out en 13 ans contre ses employés depuis qu'il est à la tête de Quebecor, Pierre K. Péladeau s'impose comme un employeur qui innove pour détériorer les relations de travail et pour tenter de réduire la profession de journaliste à sa plus simple expression." (Source: Tract du STIJM).
- Selon toute vraisemblance, Corporation Sun Media (une compagnie de Quebecor Média) continuerait de publier le Journal de Montréal advenant un lock-out. Une reprise du conflit au Journal de Québec est à prévoir.
- Qui alimenterait le Journal de Montréal advenant un lock-out? Difficile à dire, surtout après le jugement rendu par la Commission des relations de travail au sujet du recours à de briseurs de grève lors du conflit au Journal de Québec. Par contre, quelques indices permettent de voir une stratégie s'articuler:
- Le nombre d’employés dans la salle de rédaction du quotidien gratuit 24 heures « a pratiquement doublé » au cours des derniers mois. Des scribes pour alimenter en contenu le Journal de Montréal en lock-out? On verra le 2 janvier.
- Récemment, l’hebdomadaire culturel ICI (propriété de Corporation Sun Media) a forcé ses pigistes à céder leurs droits sur leurs articles, sous peine de ne plus collaborer au journal. Cette cession permettrait à Sun Media d’utiliser les textes du ICI dans le Journal de Montréal ou dans 24 heures. De nouvelles sources de contenus pour un Journal de Montréal en lock-out? On verra vous-savez-quand.
- Selon Raynald Leblanc du STIJM, «il y a une barrière de 180 kilomètres autour de Montréal», c’est-à-dire qu’aucun article provenant d’un sous-traitant (lire, d’un journaliste non syndiqué) ne peut être publié dans le JdeM à moins qu’il ait été produit à plus de 180 kilomètres de Montréal. Hasard? Corporation Sun Media vient tout juste d’engager Marie-Joëlle Parent comme journaliste à New York. Elle était jusqu’à récemment journaliste au cahier Spectacles du JdeM. Elle ne fait maintenant plus partie du STIJM. C'est pour alimenter le JdeM à distance? On verra…
Ce qui se dessine, en tout cas, c'est une saga qui devrait faire couler beaucoup d'encre en 2009…
Lire aussi :
Conciliateur nommé au Journal de Montréal, LesAffaires.com, 16 décembre 2008.
La direction du Journal de Montréal est toujours ouverte à une véritable négociation, Communiqué de Quebecor Média, 16 décembre 2008.
Journal de Montréal: conflit imminent, Patrick Lagacé, 16 décembre 2008
Le syndicat CSN demande la conciliation pour tenter d'éviter un conflit – Lock-out appréhendé au Journal de Montréal, Newswire, 16 décembre 2008
Sun Media supprime 600 postes, Canoë, 16 décembre 2008
L'AJIQ dénonce le contrat abusif de l'hebdomadaire ICI, AJIQ, 9 décembre 2008
Bravo Steve! C’est ça la vraie job d’un bon journaliste! Les faits, rien que les faits et après le lecteur est capable de se faire une idée tout seul, avec toutes les sources disponibles!
Moi, ce qui m’intéresse, c’est de voir comment Martineau naviguera dans cette mer de merde appréhendée.
J’ai décroché de Martineau quand il est allé dire que le conflit au Journal de Québec, ça lui faisait pas un pli de plus sur le différentiel,parce que monsieur considère que Péladeau est son employé, ou quelque chose d’approchant. Et nous les lecteurs, ses laveurs de linge sale, sans doute?
Autre chose. La fameuse convergence dans les médias dénoncée par Philpot dans son essai sur l’empire Desmarais, qui rime avec complot pour lui, ça n’avait pas fait l’unanimité, ça paraissait tiré par les cheveux.
Pourtant, je n’ai rien lu dans les journaux de Péladeau sur cet essai. Corrige-moi si je me trompe,Steve. En tout cas, Martineau, à ma connaissance, n’en a pas parlé dans sa chronique, ni dans son blogue. Ni personne qui écrit pour Québécor. Se peut-il que la convergence chez ces chroniqueurs vedettes se manifeste dans un silence de plomb unanime face à quiconque les conteste? Une complicité silencieuse chez des types assez peu fréquentables en somme, qui se prennent pour les uniques détenteurs d’une liberté d’expression qu’ils nous lancent au visage avec la même certitude dévergondée que les flics quand ils dégainent leurs tasers?
De deux choses l’une. Ou bien Martineau sort dehors avec les grévistes comme René Lévesque en 1958 et se nomme, ou bien alors qu’il se dépêche d’aller écrire des éditorials dans « La Presse » avec les autres demeurés.
Tout le reste c’est de la grosse fucking boulechite!!
Pour ce qui est de Martineau, il ne faudrait pas tout résumer à lui. C’est un pigiste, pas un syndiqué, et écrire des chroniques est sa principale job.
Ceux qui pourraient cesser de signer leurs chroniques advenant un lock-out (ils vont certainement se faire poser la question), ce sont plutôt ceux qui ont de « vraies » jobs en dehors de leur colonne dans le Journal. Eux devront prendre position, plus que Martineau. En particulier ceux qui sont plus de la gauche social-démocrate: Marie-France Bazzo, Julius Grey, Dan Bigras, Daniel Green, Bernard Landry, Hubert Reeves, Raymond Gravel… J’ai hâte de voir si ces gens continueront d’écrire dans un journal en lock-out.
Bernard Landry, en particulier, qui a signé le préface du livre: Journalistes au pays de la convergence, de Marc-François Bernier.
*
Pour ce qui est de l’essai de Philpot, Martin Bisaillon du Journal de Montréal en a parlé.
http://argent.canoe.com/lca/infos/quebec/archives/2008/10/20081020-141328.html
Pingback depuis Fagstein » Journal de Montr??al lockout “imminent”, union says
Merci pour la liste des journalistes sois-disant de gauche, Steve. Moi aussi j’ai hâte de voir qui dira oui et qui dira non.Un nom dans ta liste me ferait beaucoup de peine si on continuait de le voir apparaître dans ce journal en lock out. Peut-être est-ce le même auquel on pense un peu nous tous aussi…On verra.
Quand même, au sujet de Martineau, son rôle de pigiste n’en fait pas pour autant un extra-terrestre dans le métier! S’il prenait le parti des lock-outés, cela pourrait avoir un effet d’entrainement important sur les autres et peut-être accélérer un règlement plus rapide du conflit.
Je suis de ceux qui pensent qu’il faut être sévère à l’endroit de Martineau qui vole plutôt bas depuis qu’il s’est embarqué dans le train de Québécor.
Ce n’est plus le même journaliste que j’aimais tant dans VOIR. Dommage.
Monsieur Bourbonnais,
ce que je vais faire m’étonne un peu mais la logique m’y oblige un peu : je vais défendre l’intégrité de Richard Martineau en public.
Comment ?
En rerpenant ce qu’on lui reproche pour démontrer que cela lui rend honneur.
1) on lui « reproche » d’être membre en règle de la FPJQ et de ne jamais se présenter (ou presque) aux réunions de la clique des professionnels toujours soucieux de faire des voeux pieux pendant que les autres « vrais » journalistes travaillent ;
2) pourquoi Richard Martineau irait dans une réunion de journalistes professionnels alors qu’il n’a JAMAIS prétendu faire du journalisme d’enquête mais jouer le rôle d’avocat du diable dans ces pages ;
3) pourquoi un columnist bien payé par Quebecor irait se révolter contre le patron qui est assez généreusement con pour le laisser écrire à un endroit jadis occupé par Bourgault et Jean V. Dufresne ou René Lévesque ?
4) pourquoi Martineau, qui s’amuse à LCN et Télé-Québec s’amuserait à protéger l’emploi des autres journalistes qui vont se faire lock-outés par son boSS alors que lui-même scabe la job de trois journalistes meilleurs que lui qui aurait autre chose à dire que des conneries en ondes et par écrit ou sur un blogue (qu’il ne prend même plus la peine de lire lui-même tout en méprisant les gens qui y participent en ne pensant pas comme lui ?
Bref, pourquoi demander à Martineau de faire autre chose que ce qu’il a fait toute sa vie : provoquer les gauchistes afin de rentrer dans les bonnes grâces de l’homme au pouvoir assez fou pour lui donner une tribune écrite pour s’exprimer tout croche (logiquement) en français potable ?
Martineau? Être sévère oui, bien sûr mais sans le diaboliser, il y a tout de même une limite! Anyway on verra, on spécule ici, le conflit n’est pas encore commencé! J’ai quelqu’espoir en ce qui concerne Martineau, si le lock-out éclate.
Je serais bien plus peiné si un autre nom présent sur la liste de Steve Proulx, que je ne nommerai pas, continuait de trôner dans les pages « scabées » d’un journal en grève. On verra là aussi, mais mes craintes sont plus vives en ce qui concerne cette personne…
Tout cela est assez pénible au fond, et pendant les fêtes j’ai bien l’intention d’aborder des sujets plus réjouissants.
Donc en ce qui me concerne, plus de bitchage contre les journalistes qui exercent un métier éreintant, et plus de politique non plus dans blog. J’ai besoin de mes souliers pour aller marcher convenablement dans les rues mal déglacées, mal foutues de ma ville administrée par une bande de crétins finis.
Je vous aime passionnément, toute la gagne, et attachez bien vos bottines. Dieu sait quel vent mauvais pourrait les faire partrir en l’air à tort et à travers…
Dernier développement dans les négos en vue du renouvellement de la convention collective des journalistes
DERNIÈRE HEURE: Il circulait aujourd'hui des rumeurs voulant que Quebecor avait déjà déclenché un