Chaussuriser George W. Bush

Certains s’amuseront de cet incident, lors d’une conférence de presse en Irak, mais j’estime que ce journaliste irakien n’a pas fait son travail avec le sérieux que celui-ci exige. Il se retrouve maintenant en prison et il risque d’y passer un mauvais quart d’heure car ce n’est pas rare que des journalistes soient incarcérés, torturés ou disparaissent sans laisser de traces. Il parait que dans certains pays on le considère maintenant comme un héros alors que moi il ne m’a pas impressionné avec ce lancer de souliers en direction de George W Bush. Essayez de vous imaginer qu’un de vos compagnons de travail, qui ne vous aimerait pas, vous lancerait ses souliers en pleine figure alors que vous faites votre travail. Serait-il à vos yeux quelqu’un d’intelligent que vous auriez en haute estime? On s’amuse de la situation parce que le président américain est peu populaire mais, quand on y pense 2 fois, ce geste est stupide et n’est rien d’autre qu’une agression. Il a agit comme un « pas d’allure ».

Félix Leclerc chantait «moi, mes souliers ont beaucoup voyagés…» et c’est à ça que doit servir cette pièce de vêtement et non pas à être utilisé comme un projectile. Sans vouloir tomber dans l’anti-américanisme, il faut admettre que sous la gouverne de Saddam Hussein, le sang irakien a coulé à flots. Combien de morts irakiens durant cette guerre interminable contre l’Iran de l’ayatollah Komeiny ou cette invasion du Koweit ou encore cette lutte acharnée contre sa minorité kurde qu’il bombardait avec des gaz mortels? C’était des irakiens qui faisaient cela à d’autres irakiens et les États-Unis n’avaient rien à voir là-dedans. La 1re fois que j’ai constaté cet usage des semelles des souliers, sur des affiches de Saddam Hussein, c’était lorsque l’armée américaine a pénétrée dans Bagdad et qu’ils étaient considérés comme des libérateurs par une population locales excitée au maximum.

C’est à ce moment que la statue de S. Hussein s’est effondrée au sol mais ces gens étaient monsieur et madame-tout-le-monde, pas des journalistes au travail. Par la suite, lors d’une conférence de presse à Washington, le conférencier Donald Rumsfeld (?), alors qu’il annoncait la capture du tyran irakien a soudainement été interrompu par 2 ou 3 journalistes irakiens qui se sont mis à danser et à chanter au milieu de leurs confrères journalistes ébahis par ce cirque et devant un conférencier qui s’amusait ferme. Maintenant, c’est un journaliste qui lance ses souliers près la figure de George Bush. J’estime que la profession journalistique n’est pas très sérieuse en Irak et que l’éthique ne fait pas partie de leurs priorités lorsqu’ils font leur travail. J’ai été déçu d’observer sur mon téléviseur, des manifestants à Montréal devant l’ambassade américaine, qui lançaient leurs souliers sur une affiche de George Bush. Que des québécois en soient rendus-là m’étonne: heureusement que le ridicule ne tue pas!