J’ai accordé une entrevue cet après-midi à la Première chaîne de Radio-Canada. C’était au sujet du documentaire « Derrière la Toile » de Florian Sauvageau et Jacques Godbout.
Je l’ai visionné hier, à l’UQÀM, dans une salle clairsemée. Et dire que j’étais arrivé un peu en avance, car j’avais peur qu’il manque de places. J’ai sous-estimé surestimé l’intérêt du public pour l’avenir de l’information!
Bref, le journaliste m’a un peu pris par surprise avec ses questions. « Qu’est-ce qu’un jeune journaliste comme vous avez pensé du film? » J’ai bredouillé une demi-opinion en quinze minutes et, en fin de compte, il n’a gardé que deux phrases dans son topo. Bonne idée.
Le film précédent du duo Godbout/Sauvageau, Derrière l’image, tourné en 1978, qui portait sur la transformation de l’information par la télévision, semble avoir bouleversé bien des gens à l’époque. M’étonnerait que Derrière la toile fasse pareil.
Le film est correct. Mais pas révolutionnaire. Peut-être ai-je le nez trop collé sur le sujet, mais il me semble que cela fait un petit bout tout de même qu’on jase des transformations qu’Internet impose à l’information.
Tenez, voilà deux ans, le thème du congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec était « le Far Web »… Cette contrée sauvage que nous allons devoir dompter, avec ses blogues, ses journalistes-citoyens, le multitâche et son milliard et demi de périls et opportunités.
C’est cet état des lieux que brosse sobrement le film de Florian Sauvageau et Jacques Godbout : les médias traditionnels sont en déclin, Internet change tout… Qu’adviendra-t-il du journalisme?
Les auteurs du film n’apporte aucune réponse à cette question.
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Cet après-midi, le journaliste de Radio-Canada m’a demandé quel genre de documentaire un trentenaire comme moi aurait fait sur le même sujet?
Bon. D’abord j’aurais mis de la meilleure musique. Ensuite, j’aurais probablement été plus loin dans l’exploration des nouvelles idées qui émergent en ce moment sur Internet, et qui tentent de redéfinir la façon dont l’information sera produite et « consommée ».
J’aurais fait un film sur les modèles d’affaires qu’on invente pour assurer la migration heureuse de l’information de qualité sur Internet.
Ce qui semble se dessiner, c’est que contrairement à l’ère des médias traditionnels (où tous les grands médias suivent à peu près le même modèle économique basé sur des revenus publicitaires ou des revenus d’abonnements) dans le futur l’information sera produite à l’intérieur d’une multitude de modèles d’affaires différents.
Tenez, en voilà un intéressant : Spot.us. Le concept: des journalistes indépendants soumettent des idées de reportages, les internautes-citoyens peuvent faire un don s’ils souhaitent que le reportage se réalise. Si les dons sont suffisants, le journaliste se met au travail! C’est fou comme modèle. En ce moment, Spot.us se concentre sur la région de San Francisco. Imaginez si l’idée se répand?
Des idées neuves du genre, il en existe des dizaines. Certainement assez, en tout cas, pour en faire un film…
En tant que « consommateur » ou en tant que junkie de l’information, la venue d’internet comme joueur majeur dans le domaine journalistique a vraiment changé ma vision des médias en général et le souci d’objectivité liée au métier de journaliste
Jamais ma méfiance envers la justesse ou la pertinence de l’information n’a été aussi exacerbée chez moi.
Bien entendu, le es médias de masse ont toujours inspirés de la méfiance aux gens mais l’internet force tout le monde a douter de qui est soumis a l’opinion publique.
D’après moi, c’est peut-être le plus brillant résultat entraîné par la venue d’internet comme source majeure d’information.
La télévision n’a-t-elle pas perdu son monopole sur la liste des manières les plus populaires de s’informer sur le monde ?
Mais, surtout, ce qui est extra avec le web, c’est qu’il permet une autre approche de l’information actuelle puisqu’il devient de plus en plus simple de multiplier les sources d’info sur le même sujet ou le même événement.
Il est même possible d’échapper au contrôle et au rythme imposés par les marchands de nouvelles locaux. Ce qui aide parfois pour constater a quel point la multiciplicite des points de vue et des perspectives nationales ou régionales différentes d’un sujet chaud peut être extrêmement instructif.
Enfin, l’essentiel demeure : la manière de gérer l’information change et l’embarras du choix peut devenir un avantage pour le spectateur ou le lecteur de nouvelles puisqu’il n’est pas enfermé dans une logique de média unidirectionnel et imposant leur propre rythme ou agenda économique au public.
Mais l’information de très haute qualité deviendra une denrée de luxe d’ici peu.
pour enchaîner sur le billet de Steve Proulx : http://www.voir.ca/blogs/steve_proulx/archive/2009/03
Je trouve l’idée de faire un don pour qu’un journaliste écrive un article assez originale. J’ai toujours pensé que les « freelance » faisaient de meilleurs papiers.
Dans l’information, il y a deux choses qui me dérangent énormément; la première c’est que les journalistes ne peuvent pas être objectifs à 100% et la deuxième c’est que la direction des journaux orientent le contenu, soit de façon politique, soit par allégeance politique.
Tout ça se fait dans une condescendance journalistique, où les éditorialistes et les chroniqueurs, écrivent ce que le peuple veut bien lire et entendre, afin de favoriser l’abonnement qui pait le salaire. Et nous avons là le « besoin » de livrer une information à tout prix, ou le 31e reportage sur la soirée d’Halloween et ses conseils de sécurité…
Bonjour les souvenirs ! J’ai vu Derrière l’image au cegep. Et Sauvageau-Godbout refont le coup avec Derrière la toile, avec un public clairsemé dans la salle.
Pas surpris, mais toi tu l’es. En fait, tu dis que tu avais sous-estimé le public… Ce serait pas plutôt sur-estimé que tu voulais dire ?