Ma blonde m'a donné Le Petit Infoman Illustré pour Noël. Un livre de toilettes qui répertorie des passages marquants de huit années d'Infoman. Mon émission favorite, vous l'ai-je déjà dit?
Bref, j'étais aux toilettes et je suis tombé sur ce passage à la page 12. Une entrevue de Jean-René Dufort réalisée en 2002 avec Pierre Foglia. Cet extrait m'a marqué:
Dufort à Foglia: J'aimerais ça raconter plein d'anecdotes, mais y m'arrive jamais rien.
Foglia à Dufort: C'est parce que tu travailles trop. Ça m'a tarabusté pendant des siècles dans mon métier. C'est le grand dilemme entre écrire et vivre. Si t'écris trop, tu vis plus, y t'arrive plus rien. Si je ne fais plus rien, il ne m'arrive plus rien. Mais rassure-toi, il ne m'arrive rien dans la vie. Un chat pogné la queue dans la glace, c'est-tu assez rien à ton goût? C'est un petit quelque chose. Mais c'est assez pour faire de quoi.
*
J'écris trop, je le sais. Foglia a raison.
Mais j'ai tout de même vécu un peu aujourd'hui. Je suis allé à la cabane à sucre Bouvrette à Saint-Jérôme. Un poil moins branchouille que la cabane à sucre de Martin Picard. M'en sacre.
Bref, du jambon, des oreilles de crisse, de la grosse omelette pesante, des bouts de saucisses Hygrade, des patates, des bines. Le tout copieusement recouvert de sirop d'érable.
J'ai vécu ça aujourd'hui.
Et c'est parce que j'ai vécu ça aujourd'hui que je suis allé aux toilettes plus souvent que d'ordinaire, et que j'ai pu lire la sagesse de Foglia.
Et j'ai eu le goût d'écrire là-dessus.
Générer quelques colombins de cabane à sucre tout en étant saisi par le dilemme de l'écriture, c'est un petit quelque chose. Mais c'est assez pour faire de quoi.
En voici une qui va te plaire. Ça vient du philosophe Jean-Paul Sartre qui se questionnait lui aussi sur le vivre et raconter (Foglia l’a lu aussi):
« Pour que l’événement le plus banal devienne une aventure, il faut et il suffit qu’on se mette à le raconter. »
En guise de réflexion, j’ajouterais à la volée: Les cons ont toujours quelque chose à raconter, on pense trop.
Dans l’écriture ce n’est pas seulement de raconter quelque chose qui importe, c’est de réussir à sortir les choses qui nous laissent sans voix…L’écriture est une pensée articulée, disjonctée, réelle ou ou irréelle, c’est tout sauf la parole!
Dans Obsédante Orchidée sur mon blogue, j’ai raconté l’histoire d’une jeune fille qui prenait une pause cigarette devant un sex-shop, et cette histoire m’a amené chez Adolf Hitler. Si je n’étais pas sorti ce midi-là pour m’acheter une « KitKat », j’aurais peut-être manqué d’inspiration. M’enfin!