Une observation intéressante de Bernard Motulsky dans Infopresse, qui résume fort bien la relation d'amour-haine que le public entretient envers les médias d'informations, et qui répond un peu à Steve Boudrias, qui commente ce billet, sur l'utilité (bien que relative) du journaliste dans une démocratie.
"Nous entretenons tous avec les médias un rapport paradoxal: nous les
jugeons très sévèrement, les accusons d'être incomplets et inexacts,
quand ce n'est pas superficiels ou sensationnalistes. En même temps,
nous les utilisons abondamment dans notre vie à la fois personnelle et
professionnelle. Ce que nous connaissons du vaste monde qui nous
entoure provient d'abord des médias. […]Pire, pratiquement toutes nos opinions politiques sont construites à
partir de ce que les médias rapportent des actions et des discours des
politiciens. Les cas d'expérience réelle sont rares, et nous sommes peu
nombreux à assister aux assemblées politiques, encore moins à avoir
accès au Conseil des ministres.
J’avoue que pour se faire une OPINION, les médias sont très importants.
Mais pour se faire un portrait plus solide et plus approfondi, un bon vieux livre peut être une bonne solution afin de se forger des PRINCIPES et des PERSPECTIVES à long terme.
Et ce, que ce soit en politique, en économie ou dans d’autres domaines culturels.
Monsieur Motulsky a un intéressant point de vue, surtout lorsqu’il dit que « la visibilité porte en elle le même paradoxe: plus mon message atteindra de monde, moins je contrôlerai la façon dont il sera interprété. »
Toutefois, monsieur cherche à résoudre le problème qui consiste à savoir « Comment parler aux médias. » Car qui sait comment contrôler le message perçu par les médias contrôle par le fait même le message perçu par le public par la suite. Mais encore là, il n’y a pas de garantie.
Mais si la vraie question revenait plutôt à demander à nouveau : « Comment s’adresser à la population » et que la réponse complète ne se limiterait pas « aux médias » en général ou aux « médias traditionnels » nécessairement ?
Autrement dit, est-ce que la révolution web est en train de dépersonnaliser la gestion de l’information qu’on pourrait imaginer que la machine pourrait rouler d’elle-même sans faire appel à une intervention humaine tout en conservant l’illusion d’un dialogue entre la population et les autorités qui la gère ?
Bref, puisqu’il faut bien respecter la maxime mentionnée dans ce texte («Sois bref ou tais-toi.»), internet change beaucoup notre rapport au monde et à la politique en ce moment.
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Par exemple, un parti politique au pouvoir (les Conservateurs, par exemple) peuvent bien utiliser de plus en plus de messages brefs (des publicités – gouvernementales ou non) agrémentés de références à des sites web (gouvernementaux ou non) beaucoup plus exhaustifs et remplis d’informations officielles contrôlées entièrement pas les gestionnaires du site indiqué. Ce qui nous donne un bel exemple de « bypass » du relai médiatique ou un bel échappatoire au « miroir médiatique » tant redouté puisqu’il façonne la sacro-sainte « opinion publique », cette créature qui fait et défait les parlements démocratiques.
Ainsi, n’est-ce pas une belle forme de communication plus directe avec la population qui a l’air de préconiser la transparence tout en évitant la critique – le fameux regard du communicateur dans le miroir du public ?
VOIR cet exemple tiré du blogue de Chantal Hébert pour illustrer mon exemple :
L’album photo de Stephen Harper
http://blogues.lactualite.com/hebert/?p=333
et les pubs du gouvernement concernant les déclarations d’impôts qui font en même temps la promotion « subliminale » du « plan d’action économique » des Conservateurs au pouvoir avec toute la force du web (qui projette comme jamais auparavant la documentation gouvernementale dans le public comme il n’était pas possible de le faire avant sur papier).
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Bon, eh bien, je vais continuer à me poser des questions et apprendre sur l’utilité finale ou réelle des médias… Merci pour le complément d’infos, monsieur Proulx !
C’est justement parce que les médias sont notre principale source d’information qu’il faut insister sur leur objectivité. Le temps accordé à chaque politicien et l’angle sous lequel on en parle modifie la perception des téléspectateurs, qui sont aussi les électeurs. C’est aussi pour cela que la convergence peut être une menace à la démocratie; voulons-nous des informations pour nous créer notre propre opinion ou bien une l’opinion du propriétaire influent déguisée en informations ?
Une attitude de modestie -vs- une d’évangélisation par nos médias aiderait beaucoup. L’expression « clergé des médias » décrit bien ma perception des médias institutionnels entk avec bien sûr de belles exceptions que j’aime bien appuyer. Excellent billet et collaboration des deux Steve!