BloguesAngle mort

Lettre à Hugo Dumas

Samedi dernier, le chroniqueur de La Presse Hugo Dumas y allait d’un texte sur les journaux intitulé Le plus beau métier du monde.

C’était un peu, si on veut, un cri du cœur d’un journaliste du papier qui voit l’économie du papier s’effondrer, et qui en a contre les «gourous patentés du Web qui dansent déjà sur la tombe des quotidiens».

Or, dans son tissu de lieux communs, Hugo Dumas se moque par la bande d’une de mes récentes chroniques. Je le cite :

Quand je lis des titres ridicules comme: «Les journaux, kossa donne?» mon sang d'encre fait trois tours. Qu'est-ce que ça donne? À peu près tout ce que personne sur la blogosphère ne daigne faire: éplucher des demandes d'accès à l'information, entretenir des réseaux de contacts, couvrir des conseils municipaux, surveiller les dépenses des fonctionnaires, assister à des réunions de citoyens, questionner les élus sur leurs agissements, voulez-vous que je continue?

Comme il semble s’être arrêté au titre de la chronique, j’ai cru bon lui écrire un petit courriel. Le voici:

Salut Hugo,

Je ne t'en veux pas d'avoir traité le titre d'une de mes chroniques de "ridicule". C'est de bonne guerre. T'aime le journal, tu veux partager cet amour avec tes lecteurs. C'est correct.

Cela dit, dans ta chronique, tu fais un périlleux lien entre "journalisme de qualité" = "journaliste qui travaille dans un journal".

Tu as à moitié raison. En 2009, une grande proportion de la presse écrite de qualité est encore l'affaire des journaux, c'est vrai.

Mais, est-ce qu'on peut supposer que ce sera toujours le cas dans 5, 10, 15 ans?

Il faut que tu sois aveugle pour ne pas voir que l'industrie du journal qui tache n'est pas une industrie d'avenir. À moins de s'appeler "journal gratuit" et d'être rempli de dépêches d'agence.

Et il faut que tu sois naïf pour penser qu'une industrie qui n'a pas beaucoup d'avenir aura encore pour longtemps les moyens de payer des journalistes pour faire de l'information de qualité.

Si La Presse s'en sort mieux qu'ailleurs, en ce moment, c'est surtout à cause du fait français.

Or, il est là mon point : est-ce que le déclin des journaux annonce nécessairement la fin du journalisme de qualité? Ça, je n'y crois pas.

Actuellement, on cherche de nouveaux modèles d'affaires pour continuer à financer une activité journalistique de qualité. La pub sur le web? Oui, mais le marché n'est pas encore assez payant. Le micropaiement? Peut-être. Le journal "personnalisable"? L'info sur téléphone cellulaire? Le journal sans but lucratif?

On va passer par un milliard d'idées avant de trouver la (ou les) meilleures. La majorité de ces idées seront probablement des échecs.

Mais je demeure optimiste. Si je ne vois pas comment on pourra sauver les journaux payants (enfin, pas tous) je suis sûr que le journalisme de qualité continuera d'exister. Quitte à ne devenir qu'une activité absolument pas rentable et subventionnée, comme la danse contemporaine! Mais bon, ça m'étonnerait beaucoup qu'on en arrive là…

Tu peux bien te moquer de Twitter, des blogues, etc., mais t'es jeune, mon vieux…

Si tu restes journaliste encore longtemps, c'est ce que j'espère, tout ça et bien d'autres choses pas encore inventées feront partie de l'écosystème médiatique dans lequel tu évolueras.

Tu n’es pas obligé d'aimer, mais si j'étais toi, je laisserais de côté mes souvenirs romantiques du bon vieux journal à papa, et je commencerais à m'intéresser sérieusement au monde d'aujourd'hui…

Sans rancune!

*

Une blogueuse, Michelle Sullivan, n’a pas non plus tellement apprécié la chronique d’Hugo Dumas.

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Michelle Blanc copie la critique percutante de cet internaute. Ouch.

It’s a pity that none of the qualities of good
journalism that Dumas celebrates are evident in his article. No sources
for any assertion, no quotes from anyone, no obvious research done. If
he was a subject-matter expert in the field – blogs, social media,
comparative journalism – that might be excusable, but even in that
case, we readers should be informed of what degrees or published
research make him an expert.

I know (we all know) a dozen people in Montreal who ARE
subject-matter experts and have the experience and/or education to
prove it. That none of them were consulted for such an article is to me
the key reason why newspapers are in crisis – the web isn’t doing it to
them, they’re doing it to themselves.

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Là-dessus, j'aimerais souligner l'existence d'un petit guide pratique que je lis présentement et qui devrait se retrouver sur la table de chevet de tous les blogueurs et/ou citoyens et/ou journalistes qui cherchent à partager leurs avis sur la Toile ou sur des arbres morts: L'art de défendre ses opinions expliqué à tout le monde, de Louis Cornellier.

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Un billet fort bien documenté. Les nouvelles sont éternelles, de Martin Lessard. 

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Martin Petit s'invite dans le débat…